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04/03/2007

Questions de plateau



Il existe, en décentralisation, des lieux qui soutiennent la jeune création contemporaine. Pierre Soler, directeur de la Maline avait modulé sa salle de façon à ce que les spectateurs se trouvent autour d’un « atelier de mécanique ».

Qu’y a-t-il de commun entre la mécanique et le théâtre ? Rien, diront les intellectuels, beaucoup de choses diront les artisans qui fabriquent des pièces et du théâtre. Tout, affirme Jean-Philippe Ibos, auteur et metteur en scène, dont le père était mécanicien.

Père et fils, voilà un beau sujet dramatique, dit le fils, depuis Œdipe et les anciens jusqu’à Beckett, et Chéreau ! Sans oublier Molière, dit le père qui se souvient de Géronte, dans Les Fourberies de Scapin que la maîtresse d’école faisait apprendre par cœur. Étonnement du fils. Fierté du père. Mais « ça l’intrigue », le père, ce théâtre contemporain où il n’y a plus, ni scènes, ni personnages, ni début, ni fin, autres que ce qui est délimité par « lumière » et « noir ». Son fils écrirait donc des « fragments », des « tranches » comme du cake, des « pièces détachées », comme en atelier. Et il y aurait des spectateurs. Étonnement du père, fierté du fils.

L’Atelier de Mécanique générale contemporaine, sous la direction de Jean-Philippe Ibos joue là un théâtre qui s’inspire des rapports du père et du fils, du vocabulaire identique, des gestes répétitifs, de l’espace de travail. Ne parle-t-on pas du "plateau d’embrayage", du "plateau de frein", de pédalier, et du "plateau scénique" ? De "monter une pièce" et de monter (et démonter) les pièces d’un moteur, d’une auto, d’une « mobylette » ? Et la mobylette n’est-elle pas le premier engin offert à l’adolescent pour lui apprendre la vie sociale et l’indépendance ?

Hubert Chaperon et Marc Depond forment la chaîne de transmission, accompagné par l’auteur et une mécanicienne (Irène Dafonte Riveiro en alternance avec Edith Gambier) qui forment un chœur et un coryphée. Le père sifflote la chanson de Chérubin, le fils et ses choristes psalmodient les numéros des pièces et des outils nécessaires pour réparer la mobylette en panne.

Il est si difficile de se parler sans se juger, de s’expliquer sans blesser, de se dire sa piété sans s’attendrir. Ironie et tendresse nourrissent les dialogues. Savoirs manuels et acquis intellectuels s’entrecroisent et s’enrichissent. De ces échanges naît une vraie comédie avec des interprètes aussi aguerris aux changements de tons que le groupe Tg Stan dans ses plus audacieuses représentations.

De la belle ouvrage !

Mobylette de Jean-Philippe Ibos

le 2 mars à La Maline (La Couarde-sur-Mer)

- le 21 avril à Cénac (33)
- le 5 mai à Morsang sur Orge (91)
- le 24 mai à Ifs (14)
- le 25 mai à La Hague (50)
- le 29 mai à Fleurance (32)
 Et à Avignon Présence Pasteur à 18 h 15 pendant le festival d’Avignon

18:40 Écrit par Dadumas dans Théâtre | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Théâtre |  Facebook | |  Imprimer

28/02/2007

Au nom de la République

 

Le théâtre était à  l’honneur aujourd’hui rue de Valois. Ou plutôt, les hommes de théâtre auxquels M. Renaud Donnedieu de Vabres, ministre de la Culture, remettait l’ordre des Arts et Lettres : Bernard Sobel, promu commandeur,  Jean-Paul Alègre nommé chevalier.

Bernard Sobel, fondateur du Théâtre de Gennevilliers a été pendant plus de quarante ans l’âme de cette banlieue populaire où il créa des spectacles exemplaires.

Il ne s’agissait pas selon lui de donner du sens à la vie, mais de montrer que même si la vie n’a pas de sens, le théâtre lui donne de la valeur.

Quant à Jean-Paul Alègre, il osa le paradoxe de juger le théâtre « inutile et indispensable ».

C’est pour ces raisons, que je blogue, voyez-vous.

Et que je félicite ceux qui viennent d'être ainsi distingués par la République.

15:50 Écrit par Dadumas dans Théâtre | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Théâtre |  Facebook | |  Imprimer

22/02/2007

Les Brigands sont de retour

 

Ces brigands-là, on les adore, ils vous mettent la joie au cœur et aux lèvres, et une représentation de leur compagnie vous laisse heureux au présent et confiants dans l’avenir. On les avait découverts avec Docteur Ox, suivis avec Ta bouche et Toi c’est moi. Cette année ils ont choisi un opéra bouffe de Jacques Offenbach dont le titre rejoint l’intitulé de leur troupe : Les Brigands.

L’œuvre est écrite pour plus de trente interprètes, ils ne sont que quinze, qui dialoguent avec une quinzaine de musiciens, Thibault Perrine a donc élagué pour adapter, et le résultat donne ainsi plus de force à cette satire qui date de 1869 et se lit comme la joyeuse parodie d’un empire chahuté par des scandales financiers.

Le livret de Meilhac et Halévy tricote une intrigue amoureuse à gros points, se souvenant de Corneille : « Jeune présomptueux ! », « As-tu du cœur ? », et de L’Ecclésiaste : « S’il est un temps pour la parole, il en est un pour la prudence ». La fille du brigand Falsacappa est amoureuse d’un jeune paysan qui s’enrôle dans la bande de son père. Mais « le sentier de la vertu » emprunte quelquefois des détours inattendus, et elle sauve un jeune aristocrate qui se révèle être le prince de Mantoue, lequel doit épouser la princesse de Grenade afin de régler les dettes de son royaume : trois millions, que Falsacappa espère bien encaisser pour son compte puisque « Il faut voler selon la position qu’on occupe ». Travestissements des bandits, corruption des puissants, inconstance des amoureux, et morgue des Espagnols, les ingrédients étaient déjà dans La Périchole, et la recette est toujours goûteuse.

La musique assaisonne les mets d’une sapidité piquante. Benjamin Lévy, Prix de la révélation musicale 2005, conduit l’orchestre avec une allégresse qu’il communique à tous. Loïc Boissier et Stéphane Vallé mettent gaillardement en scène, dans une scénographie à transformations signée Florence Évrard. Élisabeth de Sauverzac a habillé de costumes disparates non seulement les bandits mais également les musiciens. Quant aux nobles espagnols, tout droit sortis d’un tableau de Vélasquez revu par le Gérard Oury de La Folie des grandeurs, le noir brodé d’argent leur sied à merveille. Tous sont gentiment extravagants.

Et les voix peuvent vocaliser, les chœurs tonitruer ou chanter en sourdine, piano,  pianissimo, le public est conquis. Comment résister aux voix charmeuses d’Emmanuelle Goizé en Chérubin séducteur ? À celles de Marie-Bénédicte Souquet, Charlotte Plasse, Camille Slosse, Ainhoa Zuazua Rubira, Jeanne-Marie Lévy, toutes enchanteresses ? Jean-Philippe Catusse, Gilles Favreau, Ronan Nédélec barytonnent chaudement, Mathieu Cabanès, Christophe Crapez, David Ghilardi, Olivier Hernandez, sont des ténors troublants, et Christophe Grapperon, Matthieu Heim, Jacques Gomez sont des basses qui font palpiter les sens.

Ces Brigands sont de bonne compagnie, et leur succès, ils ne l’ont pas volé !

Les Brigands de Jacques Offenbach Athénée

jusqu’au 4 mars 01 53 05 19 19

et en tournée en France (Lannion, Chelles, Narbonne, Marseille, Arras, Beauvais, Niort, Nîmes, Saint-Louis) et en Suisse

20:40 Écrit par Dadumas dans Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Théâtre |  Facebook | |  Imprimer