18/09/2018
Livre
Il vient de m’arriver un joli petit livre (11 x 15), à la couverture grise et bleue comme la carte postale qu’elle représente : enfants sages vêtus de blouses trop longues sur une plage de galets où les pêcheurs ont laissé leurs paniers et leurs barques.
Temps révolus, nostalgie et poésie.
Yoland Simon y évoque sa Normandie et son enfance en une cinquantaine de textes courts, cinq à six lignes, qui commencent tous par les mots : « Il suffisait à l’enfant » et qui se regroupent par thème : « La maison, la mer, les jours, les travaux, le pays ».
Et quand parle l’auteur, s’éveillent en nous les mêmes souvenirs : le car qui nous conduit chez la grand-mère, les jardins, les sentiers, les buissons, les ruisseaux et la mer. Renaissent alors, où que nous les ayons vécus, les images du passé, les gestes tendres et muets, les connivences et les inquiétudes, la joie parfois, la mélancolie souvent. Tout un monde intime enseveli dans nos têtes et que jamais aucun portable ne pourra ressusciter.
Lisez, il faut lire pour ne pas oublier...
Il suffisait à l’enfant de Yoland Simon, éditions de l’Aiguille, 10 €
16:54 Écrit par Dadumas dans Blog, culture, Littérature, Livre, Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, livre, yoland simon | Facebook | | Imprimer
09/06/2018
Théâtre à lire… et à jouer
Ce n’est pas la première fois que Jean-Paul Alègre, fait vibrer sa corde écologique. Déjà il y a quelques années, Blaye avait résonné de sa parole poétique, mais aussi prophétique :
« Moi, l’eau de la Gironde, je suis la belle de l’Estuaire. Lourde, lente et vive, ronde. Puissamment, je glisse vers la mer. »
« Moi l’eau de la Centrale, je suis la gardienne de l’atome. Silencieuse, transparente, secrète. Sans vagues, sans rides, je veille sur le sort des hommes... »
Aujourd’hui, avec Le Tourbillon de la Grande Soif, il crie son désespoir de constater que l’espèce humaine court à sa perte.
« Celle qui veille » a d’abord été « Celle qui pêche », elle est devenue la femme « qui sait » avant de terminer « Celle qui passe ». Poignant personnage, magnifique, idéale et vaincue. Elle seule, moderne Cassandre, aurait pu sauver les humains de la folie destructrice qui les conduit à « la catastrophe ». Mais la guerre eut lieu et Troie fut détruite. Écoute-t-on la voix de la raison quand les chefs ne pensent qu’au profit ? Face à elle et contre elle se dresse un personnage cynique et énigmatique dont le nom est un palindrome. Autour d'elles, des faibles, des cupides ou des ignorants. L'humanité est en danger. Peut-on encore la sauver ?
Mais je vous laisse découvrir la pièce, et la monter peut-être. Seize personnages, mais on peut la jouer à quatre. Jean-Paul Alègre, fidèle à ses « distributions évolutives » tient compte de votre budget. Et, fidèle à l’idée qu’il se fait du théâtre, il en fait une tribune.
Le Tourbillon de la Grande Soif de Jean-Paul Alègre
L’Avant-Scène Théâtre, collection des Quatre-Vents, 10 €
19:17 Écrit par Dadumas dans Blog, culture, éducation, Littérature, Livre, Poésie, Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : théâtre, livre, culture, éducation écologie | Facebook | | Imprimer
04/01/2017
Livre et théâtre
On peut dire de Yoland Simon qu’il possède plusieurs cordes à son arc. Cet auteur contemporain, à la voix singulière, a écrit des essais, des poèmes, des nouvelles, des romans, mais c’est surtout au théâtre que ses cordes vibrent plus intensément. Et, dans son dernier recueil Du théâtre et des souvenirs, les trois récits, qu’il intitule « nouvelles », participent des aventures théâtrales que nous avons connues.
Le Bonheur à Honfleur raconte sous le masque d’une narratrice, dont le « je » rend la chose plus sensible, un de ces stages d’art dramatique, où des passionnés de théâtre, tous amateurs, cédant à la curiosité et à la tentation, se retrouvent pour apprendre les techniques de base de l’art qui les anime. Yoland Simon croque avec minutie une galerie de portraits des différents stagiaires, tous adultes, engagés dans des voies très différentes. Ils vont se jauger, s’apprécier, se heurter, s’engager, donner le meilleur d’eux-mêmes, après des hésitations, des rancoeurs, de vagues querelles vites apaisées, et des enthousiasmes. Car Yoland Simon sait observer, et juger mais toujours avec indulgence. Sa plume est précise, minutieuse, mais toujours délicate et tendre avec ses frères (et sœurs) humains et, comme Patrick, le maître de stage, il sait mettre « un peu d’eau dans son vinaigre. » On y retrouve les tics, les travers et les plaisirs de la méthode dite de Stanislavski, le bonheur de jouer Tchékhov, et de construire une utopie en sachant lucidement qu’elle le restera. Sa phrase est musicale, le rythme s’alanguit parfois, puis se reprend, s’affole, vous enveloppe.
Par une belle soirée d’été dans le marais Vernier raconte aussi l’expérience d’un stage. Elle est plus distanciée. Mais on retrouve la lente progression des rapports humains, « la fausse camaraderie » qui lie « dans une artificielle complicité une bande de comparses jouant aux acteurs ». Alors, arrivent les dérapages, puis viennent les conciliations et enfin la satisfaction de jouer Mademoiselle Julie de Strindberg.
Une passion singulière nous plonge dans l’atmosphère d’Avignon où tous ces amateurs auraient pu se retrouver dans un de ces lieux improbables et inconfortables où ils se jettent. On y croise des mordus, des blasés, des héroïques. Vous les reconnaissez, même si vous n’êtes jamais allés au Festival. Et ces deux amies, Léonie et Gabrielle, je suis sûre que vous les avez déjà rencontrées.
Du théâtre et des souvenirs de Yoland Simon
L’Harmattan
15, 50 €
17:32 Écrit par Dadumas dans Blog, culture, éducation, humour, Littérature, Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : livre, théâtre, yoland simon | Facebook | | Imprimer