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06/04/2014

Être ou ne pas être black

 

  

 Théâtre, manufacture des Abbesses, Thomas Le Douarec, Caroline DevismesCaroline Devismes est blonde, elle a les yeux bleus et se prétend afro-américaine, et vous savez quoi ? On la croit. Parce qu’elle en a la voix. Parce que le casque de sa chevelure bouclée, rappelle celui de son idole, Diana Ross.

Alors, même si elle est née au Portel, pour son partenaire producteur, Stevie Soul (Lauri Lupi) qui se prétend black et aveugle, elle sera Diana Voice.théâtre,manufacture des abbesses,thomas le douarec,caroline devismes

Elle chante les gospels, et ses graves vous donnent des frissons. Et quand son partenaire prétendra être Indien, elle atteindra les aigus d’Yma Sumac.

théâtre,manufacture des abbesses,thomas le douarec,caroline devismesUne merveille, cette Caroline Devismes, et quelle délicate comédie musicale brodée de fil noir a-t-elle cousue avec Thomas Le Douarec, qui met aussi en scène !

Lauri Lupi a du métier et incarne parfaitement le pianiste chanteur, danseur et menteur, amoureux de son étoile.

Au thème des secrets de famille, se mêlent la nostalgie des grands jazzys américains, l’absurdité des destins contrariés par « manque de peau » comme disait Nougaro, et l'humour universel.

Et quels talents ! Et pour nous, spectateurs, que d’émotions !

 

 

photos © LOT 

 

Le jour où je suis devenue chanteuse black de Caroline Devismes et Thomas Le Douarec

 

Manufacture des Abbesses

À 19 h du mercredi au samedi

Jusqu’au 3 mai

01 42 33 42 03

 

 

 

24/09/2009

Tuer le père

 

De nombreux films (et téléfilms) montrent les enfants anéantis par le chagrin lorsque leur père meurt. Dans Thérapie anti-douleur de Laura Forti, aucun des enfants ne semble affligé. Ni Giulia (Anne Coutureau), spécialiste du roman feuilleton télévisuel, ni Lele (Gil Bourasseau), le frère trop « enveloppé », ni la maigre Gina (Gaël Rebel) ne paraissent bien attristés par le cancer de leur géniteur. Embarrassés, ça, oui ! De passer des heures à l’hôpital, et de devoir affronter les soucis de cette obligation. Tuer le père n'est ni facile, ni rapide.

Évidemment, leur père n’a pas été un bon père (Pierre Deny), il les a souvent humiliés : « des bons souvenirs, zéro », dit Lele. Ce n’était pas un bon mari non plus. Juste un homme qui en a vu de dures et qui en a gardé certaines habitudes : « Il est en train de mourir, et il pense à économiser ! »  Entre colères, rancoeurs et désespoir, ils s’affrontent, s’ouvrent, se déchirent. Se découvrent aussi, à travers leurs attitudes, et grâce à deux personnages qui forment contrepoint de la situation : Madame Nigeria (Manga Ndjomo) dont le fils vient d’être amputé et à qui l’infirmière chef refuse l’accès à la salle, et Dragana (Isabelle Montoya), la jeune maîtresse de leur père, qui tient sur lui des propos contraires aux leurs.

La mise en scène d’Yvan Garouel partage le plateau en deux zones. La chambre où gît le patient à cour, la salle d’attente à jardin. C’est sobre et convaincant. La froideur du décor dit le manque d’amour, l’absence de compassion des protagonistes, comme de l’administration inhospitalière.

« Sans pitié, la mort est insupportable », dit le père. La vie aussi, cher Monsieur.

Mais au Théâtre, quand c’est bien joué, on supporte tout.

 

 

Thérapie anti-douleur de Laura Forti

Texte français de Carlotta Clerici

Manufacture des Abbesses

Jusqu’au 11 novembre

Les dimanches, lundis, mardis, mercredis à 21 h