25/01/2013
Angèle, Barbara et Jacqueline et nous...
Angèle (Florence Giorgetti), Barbara (Judith Magre) et Jacqueline (Édith Scob) sont de retour. Elles ont déposé leurs objets fétiches au Théâtre de Poche-Montparnasse et elles vous en livrent l’inventaire tous les soirs.
Vous connaissez certainement Inventaires de Philippe Minyana. Et le jeu cruel auquel un animateur (Robert Cantarella qui est aussi le metteur en scène) se livre avec elles, en leur demandant de présenter les objets qui ont fait leur vie. Muets témoins des maladies, des disputes, des amours, la cuvette de Jacqueline, le lampadaire de Barbara, la robe d’Angèle ne vous racontent rien, à vous.
Mais Jacqueline y tient à la cuvette dans laquelle elle a craché ses poumons de prolétaire mal logée. Barbara s’accroche à son lampadaire dont la lumière rose n’a pas éclairé longtemps son couple mal assorti. Et Angèle est fière de montrer la robe, qu’elle avait cousue de ses mains pour ses rendez-vous clandestins avec Marcel.
Elles ne sont plus les jeunes filles naïves dont les hommes ont profité. Et elles se sont tues si longtemps ces femmes du peuple dont l’histoire n’intéressait personne ! Mais quand le « reality show », les porte dans la lumière, l’intime se fracture, la parole contrainte éclate et les mots se bousculent, elles deviennent intarissables.
Angèle est tendre, Barbara brutale, Jacqueline aimable. Leur grammaire est chaotique, car elles nous racontent des vies décousues, des existences malmenées avec une vitalité combative, un humour contagieux. Elles ont reçu des coups, elles ont des cicatrices mais elles sont restées debout. Toujours. Et nous oserions nous plaindre des nos vies ?
Nous* qui avions accompagné la création en 1987, nous avons retrouvé Florence, Judith et Édith avec un bonheur sans mélange. Elles n’ont pas changé, À croire que le texte de Philippe Minyana distille un élixir de jouvence.
L’auteur a ajouté des couplets ironiques et affectueux pour une chanson finale, et Robert Cantarella peut s’incliner devant ses trois comédiennes devenues des monstres sacrés.
Photos : © Brigitte Enguerand
· L’Avant-Scène Théâtre, N°809, du 1er mai 1987, réédité chez Théâtrales.
Inventaires de Philippe Minyana
Théâtre du Poche-Montparnasse
Du mardi au samedi à 19 h
Dimanche à 17 h 30
12:52 Écrit par Dadumas dans humour, Littérature, Livre, Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : théâtre de poche-montparnasse, minyana, cantarella, judith magre, florence giorgetti, édith scob | Facebook | | Imprimer
07/03/2011
Petites épopées
L’univers de Philippe Minyana ne plaît pas à tout le monde. Ses personnages traînent une vie ordinaire dans un quotidien médiocre. Ils ne sont pas de ceux qui portent des montres superfétatoires. Quand ils ont réussi à avoir un toit sur leur tête, et un ragoût dans leur assiette, ils s’estiment presque satisfaits de leur existence. Depuis 1979, Théâtre Ouvert accompagne Philippe Minyana. Aujourd’hui, après un détour par la Comédie-Française, il est aussi à l’affiche du Théâtre de la Ville, dans les murs du Théâtre des Abbesses, pour une série de cinq pièces inédites regroupées sous le titre Épopées de l’intime et qui cristallisent « ses souvenirs, ses désirs, ses rêves, ses expériences ». Dans Les Rêves de Margaret (jusqu’au 12 mars) nous retrouvons la fidèle Florence Giorgetti. Elle se met en scène avec Hélène Foubert, François Gauthier-Lafaye, Nicolas Maury, Emilien Tessier, Penda Traoré. Florence est « Margaret Muller, matelassière à Malakoff ». Si elle ne peut prêter les matelas qu'on lui confie, Margaret donne des draps à plus démunis qu'elle. Les pauvres, ça partage. Elle chante ses émotions, recueille des enfants abusés, mais se laisse piéger par son vieux père. Elizabeth Mazev, est l’auteur dans Tu devrais venir plus souvent (déjà terminé, hélas !) qui revient au pays natal pour « voir la parentèle », et parce qu’il « est des heures où il faut se réconcilier ». Ce voyage dans le temps retrouvé note les odeurs et les voix, et apaise les griefs familiaux. La comédienne, mise en scène par Monique Espina fait tant vibrer les souvenirs, que les objets lui répondent. Ces formes courtes, baptisées « solos », ne sont pas à l’affiche très longtemps. Il faut donc vous précipiter au Théâtre des Abbesses. Demain, commence J’ai remonté la rue et l’ai croisé des fantômes avec Laurent Chapelier, jusqu’au 12 mars, puis du 16 au 19 mars, deux autres « petites formes », De l’amour avec Laurent Chapelier encore, accompagné de Marion Lécrivain, Océane Mazas, Gaëtan Vourc’h, puis Sous les arbres avec Frédéric Maragnani. Quels que soient les sujets, Philippe Minyana parle de nous, de notre quotidien, de nos peurs et de nos doutes. Et ses "petites épopées" sont celles que vivent les petites gens qu’on désignait naguère par cette belle périphrase : « le sel de la terre ».
Épopées de l’intime, cinq pièces inédites de Philippe Minyana
5 pièces inédites
Théâtre des Abbesses à 18 h 30 et 20 h 30
01 42 74 22 77
Jusqu’au 19 mars
puis jusqu'au 2 avril, à Théâtre Ouvert pour De l'amour et Sous les arbres.
14:07 Écrit par Dadumas dans culture, Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : minyana, théâtre des abbesses | Facebook | | Imprimer