27/02/2013
Quand les lendemains ne chantent plus
Ils se sont rencontrés à la fin des années 50, et ne se sont plus quittés. Aujourd’hui, c’est la vie qui les quitte, par instants, par miettes. Quand les lendemains ne chantent plus, ils s’aiment encore, et se caressent et pensent à leur jeunesse. Lui (Christian Bouillette), revoit par bribes son passé, et ses souvenirs s’affolent comme les spectres pâles autour de lui. Trois jeunes circassiens (Julie Pilod, Matthieu Gary, Vasil Tasevski), s'agitent près du vieil homme un peu hagard, qui suit d’un regard halluciné les prouesses de leurs jeunes corps, fermes et souples.
Julie Berès, dans son spectacle, cite Les Fraises sauvages de Bergman, et son septuagénaire rappelle le professeur Brod, sa nostalgie du passé heureux, son amertume devant la fuite du temps et la décrépitude inéluctable. On pense aussi à cette mise en scène de Faust par Antoine Vitez où le vieux Faust, vêtu de lin blanc, tournait, comme envoûté, autour du jeune Faust séduisant Marguerite.
Les très belles lumières de Daniel Lévy, voilent pudiquement, d’une obscure clarté, le vieillissement des corps. L’atmosphère est étrange et tendre. Le Chœur de la Ville accompagne, par ses chants, le déroulement des tableaux, sur une création sonore de David Segalen. La chorégraphie de Stéphanie Chêne, la scénographie de Mathias Baudry construisent un spectacle d’une beauté poignante, d’une rigueur fantastique et d’une émotion contenue.
Et cette création originale va tourner : ne la manquez pas !
Lendemains de fête de Julie Berès
Jusqu’au 5 mars
Théâtre des Abbesses
01 42 74 22 77
du 25 février au 5 mars 2013
La Rose des Vents – Scène nationale à Villeneuve d’Ascq
du 12 au 15 mars 2013
Centre culturel Théo Argence – Saint Priest
le 20 mars 2013
L’Agora – Évry
le 26 mars 2013
Le Grand R – Scène nationale de La Roche-sur-Yon
le 4 avril 2013
Théâtre de Bourg-en-Bresse
les 10 et 11 avril 2013
Espaces Pluriels – Pau
le 25 avril 2013
Théâtre de Grasse
les 3 et 4 mai 2013
Théâtre de Champigny
le 17 mai 2013
Espace des Arts – Scène nationale de Chalon sur Saône
les 29 et 30 mai 2013
22:08 Écrit par Dadumas dans danse, Musique, Poésie, Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : théâtre des abbesses, julie berès | Facebook | | Imprimer
11/11/2012
Quand la musique s’en mêle
On ne louera jamais assez la diversité des programmes du Théâtre de la Ville et la ténacité de son directeur, Emmanuel Demarcy-Mota, à soutenir les jeunes talents, les œuvres scéniques qui mêlent la danse et la musique aux formes dramatiques.
David Lescot a déjà eu cinq spectacles présentés au Théâtre des Abbesses, et dans cette relation de fidélité, l’auteur, cette année, comme artiste associé, en donne deux autres, très différents : Les Jeunes et Quarante-cinq tours.
Dans Les Jeunes, David Lescot montre deux groupes de rock, tous les deux constitués de pré-adolescents, les Schwartz, sont des garçons, qui, comme dans Peines d’amour perdues, rejettent « les femelles », et jurent de ne pas céder à « la tentation des donzelles » dans leur vie, ni à celle de la « pédale à effets » dans leur musique. L’autre groupe rassemble trois filles, les Pinkettes. Voix fragiles, corps hybrides, les deux groupes sont interprétés par les mêmes comédiennes, (Alexandra Castellon, Bagheera Poulin, Marion Verstraeten) avec des costumes de Marianne Delayre, transformables à vue, en dix secondes. Trois musiciens les accompagnent : Flavien Gaudon, Philippe Thibaut et… David Lescot. Il sait tout faire ce gaillard-là ! Catherine Matisse,joue la mère dépassée, étonnée, inquiète.
Le succès est fulgurant, inexplicable, et éphémère. Dans un monde qui veut rester jeune, les adultes s’habillent et se comportent comme des ados, et les plus malins exploitent ces jeunes. Mais dès que les voix muent, l’adulation se tourne vers d’autres objets. Le miroir aux alouettes est brisé.
D’une tout autre facture est Quarante-cinq tours. « Quinze pièces de trois minutes, comme quinze morceaux sur un disque vinyle ». David Lescot auteur et musicien dialogue avec DelaVallet Bidiefono, danseur et chorégraphe de Brazzaville. « Volonté de combattre, occasion et obligation de se connaître » dit l’antienne répétée par Lescot. Et sur ce thème, des situations convergent. La danse des mots s’accorde à celle des corps. Et quand on rend « souplesse, vigueur et relâchement » au corps, la pensée peut s'élancer et s’épanouir.
C’est ce qu’il faut pour rester « à l’écoute du monde ».
Les Jeunes et Quarante-cinq tours de et avec David Lescot
Théâtre des Abbesses
Jusqu’au 24 novembre
01 42 74 22 77
www.theatredelaville-paris.com
17:09 Écrit par Dadumas dans danse, humour, Musique, Théâtre | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : théâtre, musique, danse, rock, david lescot, théâtre des abbesses | Facebook | | Imprimer
07/03/2011
Petites épopées
L’univers de Philippe Minyana ne plaît pas à tout le monde. Ses personnages traînent une vie ordinaire dans un quotidien médiocre. Ils ne sont pas de ceux qui portent des montres superfétatoires. Quand ils ont réussi à avoir un toit sur leur tête, et un ragoût dans leur assiette, ils s’estiment presque satisfaits de leur existence. Depuis 1979, Théâtre Ouvert accompagne Philippe Minyana. Aujourd’hui, après un détour par la Comédie-Française, il est aussi à l’affiche du Théâtre de la Ville, dans les murs du Théâtre des Abbesses, pour une série de cinq pièces inédites regroupées sous le titre Épopées de l’intime et qui cristallisent « ses souvenirs, ses désirs, ses rêves, ses expériences ». Dans Les Rêves de Margaret (jusqu’au 12 mars) nous retrouvons la fidèle Florence Giorgetti. Elle se met en scène avec Hélène Foubert, François Gauthier-Lafaye, Nicolas Maury, Emilien Tessier, Penda Traoré. Florence est « Margaret Muller, matelassière à Malakoff ». Si elle ne peut prêter les matelas qu'on lui confie, Margaret donne des draps à plus démunis qu'elle. Les pauvres, ça partage. Elle chante ses émotions, recueille des enfants abusés, mais se laisse piéger par son vieux père. Elizabeth Mazev, est l’auteur dans Tu devrais venir plus souvent (déjà terminé, hélas !) qui revient au pays natal pour « voir la parentèle », et parce qu’il « est des heures où il faut se réconcilier ». Ce voyage dans le temps retrouvé note les odeurs et les voix, et apaise les griefs familiaux. La comédienne, mise en scène par Monique Espina fait tant vibrer les souvenirs, que les objets lui répondent. Ces formes courtes, baptisées « solos », ne sont pas à l’affiche très longtemps. Il faut donc vous précipiter au Théâtre des Abbesses. Demain, commence J’ai remonté la rue et l’ai croisé des fantômes avec Laurent Chapelier, jusqu’au 12 mars, puis du 16 au 19 mars, deux autres « petites formes », De l’amour avec Laurent Chapelier encore, accompagné de Marion Lécrivain, Océane Mazas, Gaëtan Vourc’h, puis Sous les arbres avec Frédéric Maragnani. Quels que soient les sujets, Philippe Minyana parle de nous, de notre quotidien, de nos peurs et de nos doutes. Et ses "petites épopées" sont celles que vivent les petites gens qu’on désignait naguère par cette belle périphrase : « le sel de la terre ».
Épopées de l’intime, cinq pièces inédites de Philippe Minyana
5 pièces inédites
Théâtre des Abbesses à 18 h 30 et 20 h 30
01 42 74 22 77
Jusqu’au 19 mars
puis jusqu'au 2 avril, à Théâtre Ouvert pour De l'amour et Sous les arbres.
14:07 Écrit par Dadumas dans culture, Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : minyana, théâtre des abbesses | Facebook | | Imprimer