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27/01/2007

Il s'appelle Ruy Blas

C’est un drame romantique, la mort vient au dénouement arracher le héros à sa solitude dans une société injuste qui le rejette.

Mais William Mesguich qui met en scène et joue aussi Salluste ne fait pas mourir physiquement Ruy Blas. Il le fait « mourir à son personnage », redevenir comédien, et partir par l’entrée des artistes quand la Reine reste solitaire, dans sa belle robe blanche, incomprise pour toujours dans un monde sans amour. C’est habile, mais ce n’est guère émouvant et ce théâtre-là demande du pathos. Après l'aveu terrible : "Je m'appelle Ruy Blas et je suis un laquais", après le pardon refusé, il ne reste plus que le suicide. La mort seule emporte le secret.

« Il faut jouer avec le cœur » disait Jean Vilar qui reprochait à Philipe « d’étouffer » les effets voulus par Hugo, cette fameuse alliance du grotesque et du sublime. Or, avec William Mesguich, si Don César, le laquais, la duègne, Don Guritan sont bien truculents et comiques, si Salluste est bien méchant, âpre et cynique, les amants restent froids, le héros impassible, comme si le metteur en scène avait craint le « sublime ».

William Mesguich le reconnaît, modestement…

Faute avouée devant être pardonnée et comme les rôles sont bien distribués et le ressort comique extraordinairement inventif, ce Ruy Blas devrait passionner les spectateurs.

Théâtre Mouffetard

01 43 31 11 99

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25/01/2007

Sur la route du succès

 

On ne vient pas pour l’histoire, le film de Clint Eastwood, Sur la route de Madison  l’a rendue célèbre. On vient pour ce qui se passe, non pas entre les protagonistes, Francesca et Robert, mais au-delà du théâtre, entre ces deux-là : Mireille Darc et Alain Delon qui formèrent un couple célèbre et qui se retrouvent ensemble, sur une scène, après des amours, des ruptures, des deuils et des rires .

Ils nous ont donné rendez-vous, et nous examinons leurs silhouettes et leurs visages, comme s’ils nous tendaient un miroir pour y regarder nos rides. Ils sont beaux, ils sont attendrissants, ils affichent des sentiments qui n’ont plus cours : l’amour par delà le bien et le mal, le respect de l’autre, l’honneur du devoir à accomplir, et l’émotion gagne. Pourquoi la refuser ? C’est romanesque, oui, et après ? Il faut bien rêver un peu dans ce monde tissé de haines mesquines.

Anne Bourgeois dirige les stars avec simplicité et les fait bouger doucement dans un décor lumineux comme le désir. Nicolas Sire et Laurent Castaingt en ont réglé les éléments scéniques. Benoist Brione assume le rôle du faire-valoir avec bienveillance.

La route de Madison, avec ses ponts couverts, ouvre la route d’un succès.

 

 

 

Sur la route de Madison

d'après le roman de Robert James Waller

adaptation de Didier Caron et Dominique Deschamps 

Théâtre Marigny

 01 53 96 70 00

00:20 Écrit par Dadumas dans Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : théâtre |  Facebook | |  Imprimer

22/01/2007

La classe ouvrière en enfer

  Qui est cet Hagström venu restructurer l’usine sidérurgique et qui fut victime d’un tel accident que chacun semble en porter encore la culpabilité ?  Le vieil Einar (Michel Baudinat), comme les plus jeunes, Douglas (Thomas Rathier), John (Pierre Hiessler), Lena (Grétel Delattre), Sirpa (Sonia Floire), Gisela (Christine Brücher), comme les nouveaux, Rolf (Vincent Berger) ou Sara (Alice Le Strat) ne peuvent s’empêcher de ressasser, de s’accuser, de se battre. La fable de Magnus Dahlström, mise en scène par Jacques Osinski, peint la cruauté du monde du travail, et celle de la société humaine. Les acteurs eux-mêmes par instants, semblent étonnés de tant d’agressivité. 

Que les travailleurs et les travailleuses haïssent le chef, Sven (Éric Petitjean) ce contremaître autoritaire, on admet, mais qu’ils deviennent bourreaux du plus faible d’entre eux plutôt que d’être solidaires devant l’ennemi, le capitaliste, voilà de quoi ébranler les convictions des militants syndiqués ! Ça ne va pas plaire du tout à Arlette !

Les scènes se déroulent entre des murs bétonnés, roussis par l’oxyde de fer, percés de meurtrières horizontales vitrées, d’où on peut épier les ouvriers : la scénographie de Lionel Acat souligne la déshumanisation du système. Aucun confort, deux bancs et quatre tabourets, pas question de s’attarder à la pause, chacun doit reprendre le boulot vite fait après avoir avalé son café ! Pas le temps non plus de quitter son bleu de travail ! Juste celui de s’étriper verbalement avant de se suicider, d’assommer l’autre à coups de tube métallique ou de lyncher le bouc émissaire.

Brutale, violente, injuste, sexiste, la classe ouvrière ne va pas au paradis, même en Suède. Quant à l’enfer, elle y est déjà !

 

 

 

L’Usine de Magnus Dahlström

Théâtre du Rond-Point

16 janvier-25 février

01 44 95 98 21

18:55 Écrit par Dadumas dans Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : théâtre |  Facebook | |  Imprimer