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21/01/2007

Un drôle de gâteau

  Le cocon familial manque singulièrement de douceur ces temps-ci. Les parents ne jouent plus les rôles de bons apôtres protecteurs. Et les enfants les accusent, même  s’ils ne les jugent pas.

 

Quand Stéphanie (Anne Loiret) et Caroline (Lysiane Meis) se retrouvent pour fêter l’anniversaire de Paul (Jacques Lemarchand), leur père, il s’en dévoile de belles ! Stéphanie, placide, révèle à sa cadette bouleversée, l’existence d’une liaison dans le passé de leur père et d’un amant dans celui de leur défunte mère. Le gâteau « chocolat-piment » aura du mal à passer ! Édouard Laug a créé un décor aux murs de brique blanchie, aux meubles bleu pâle, aux huis rouge vif, et les lumières de Philippe Quillet rythment les heures qui passent. Tout est apparemment harmonieux et équilibré. La mise en scène de José Paul et Agnès Boury respecte ces apparences. Carole, un peu immature rengaine sa déception et ses griefs pour exposer des blessures jusqu’alors secrètes. Son égoïste de mari, Franck (Éric Savin) a décidé de profiter d’une promotion dans sa carrière pour la quitter. Stéphanie est calme, lucide, réaliste, Anne Loiret compose le portrait d’une célibataire tranquille et compréhensive. Elle a la suavité du chocolat. Face à elle Lysiane Meis, piquante comme un piment, joue fort naturellement l’épouse délaissée, angoissée, perfectionniste en laquelle bien des jeunes femmes se reconnaîtront. Elle emploie un discours stéréotypé qui cache sa faiblesse. Elle déploie une alacrité artificielle qui masque mal son désarroi. Le mari est grossier, le père est ironique. Sur cette opposition les querelles naissent, les égratignures saignent, la comédie trotte, sans déchirement, sans violence.

Quand, au matin, chacune laisse le père à sa solitude, l’inconnue, Élise (jouée par l’auteur elle-même, Christine Reverho ) peut entrer, laissant le dénouement ouvert sur des points de suspension. Les spectateurs trouveront dans ce sucré-pimenté de quoi satisfaire leurs goûts.                                                                                                                                                         

 

Chocolat Piment de Christine Reverho

Théâtre la Bruyère

01 48 74 76 99

23:11 Écrit par Dadumas dans Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : théâtre |  Facebook | |  Imprimer

19/01/2007

Ruy Blas et le Bouffon

Les contemporains de Hugo rechignaient à admettre le mélange du grotesque et du sublime. Et on a, le plus souvent des Ruy Blas lugubres que le rire de Don César ne parvient pas à dérider.

Il semble qu'aujourd'hui William Mesguich, qui met en scène le Ruy Blas qui se joue au Théâtre Mouffetard, ait privilégié le côté grotesque. Il réussit parfaitement à rendre l'ignoble dans son interprétation de Don Salluste, et Matthieu Cruciani est un Ruy Blas émouvant, comme Marie Mengès qui déploie tout son charme et sa sensibilité. Mais  son Don César est un rien trop bouffon, presque un turlupin, sa duègne un peu trop bossue, et sa scène finale absconse.

Allez voir  la pièce, et rendez-vous dimanche 21 janvier au Café de la Contrescarpe à 18 h 30  pour en discuter avec la troupe et les hugoliens. Nous en reparlerons.

 

Théâtre Mouffetard

01 43 31 11 99

14:10 Écrit par Dadumas dans Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : théâtre |  Facebook | |  Imprimer

18/01/2007

Intervention désarmée

  Ils sont ouvriers en chambre. Elle, Marcinelle (Marie Dupleix) travaille la dentelle aux fuseaux, lui, Edmond (Denis Morin) peint des éventails. Petits métiers, petites gens, petite misère et grande passion. Dans la mansarde on se nourrit de pan sec et de baisers. D’espoir aussi car lui, tient un langage révolutionnaire. Il lit, il revendique. Elle l’admire. Ils souffrent ensemble. Leur petite fille est morte, à deux ans, car le médecin est venu trop tard. Aujourd’hui ils se querellent, il est jaloux, elle le surveille. Elle part livrer son ouvrage à pied par le boulevard car elle n’a pas d’équipage comme la belle Eurydice (Anne Barthel) qui gagne 50 000 F dans un beuglant à chanter et danser le folklore de sa province. Le baron de Gerpivrac (Didier Moine) ne lui refuse rien, à elle… Eurydice, qui vient chercher le châle qu’elle a donné à réparer,  entre dans la soupente et avec elle, toutes les tentations. Elle est aguicheuse, elle aurait bien « un caprice de grenier ». Edmond est ouvrier, mais n’en est pas moins homme, donc faible. Le baron parle bien, mais Marcinelle est honnête. Ce ne sera pas La Double Inconstance, mais il s’en est fallu de peu que l’un succombe et que l’autre ne se venge. On frôle la rupture. Les tourtereaux en sont déjà au partage des (non) biens quand surgit la robe blanche brodée de la petite morte. Un ange qu’il faudrait déchirer pour la partager comme dans un jugement de Salomon ou quelque cercle de craie parisien…

 

Les objets gardent-ils, mieux que les hommes, le souvenir des êtres disparus ? L’âme de l’enfant intervient-elle ? En tout cas, elle les désarme. Marcinelle pardonne à Edmond. La comédie finit dans une étreinte que la lumière cerne étroitement. La sobriété de la mise en scène de Didier Moine permet à toute l’ironie d’Hugo d’éclater. Le texte rebondit allègrement de traits critiques sur la condition féminine, la prostitution déguisée sous les oripeaux de la chanteuse, la futilité des gens aisés, en particulier ce baron que Mme Verdurin aurait certainement invité dans son salon, et qui connaît tout de la mode, des chevaux et des cours de la Bourse, mais ne veut pas donner aux pauvres, parce que « ça porte malheur au jeu ». Didier Moine charge un peu la caricature de ce snobinard coureur de jupons, mais c’est pour mieux en souligner les défauts qu’Hugo dénonce. Il lui sera vite pardonné car les trois autres protagonistes jouent parfaitement le passage du rire à la colère et des larmes à la joie. Cette Intervention est une jolie réussite, ne manquez pas la prochaine représentation !

 

 

:

L'Intervention à Créteil, le 27 janvier,

au Centre socioculturel Madeleine Rebérioux,

à 20h45, 27 avenue François Mitterrand.

Dans le cadre du festival « Hugo et égaux »

http://www.festival.hugo-egaux@laposte.net

14:50 Écrit par Dadumas dans Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : théâtre |  Facebook | |  Imprimer