Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

16/01/2007

Hugo et égaux

Le premier festival Hugo est ouvert. On y a associé Proust, vous le saviez déjà (note du 15 novembre 2006).

Ce soir, Rigoletto, à l'opéra de Massy, demain L'Intervention, un petit bijou du "théâtre en liberté", donné dans une jolie salle du XIIIe arrondissement, le Pavilon des ateliers, un lieu qui vaut le détour.

Et à partir de jeudi, Ruy Blas au Théâtre Mouffetard.

Les journaux n'en ont pas parlé ? Aucun des intervenants ne se présentant aux élections, et le programme ne suscitant pas des émeutes en banlieue, "Hugo et égaux" n'y a pas trouvé place.

Raison de plus pour continuer ce blog...

 

 

 http://www.victorhugo.asso.fr

festival.hugo-egaux@la poste.net

14:45 Écrit par Dadumas dans Théâtre | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : théâtre, opéra, films, expo |  Facebook | |  Imprimer

12/01/2007

Judith ou la force fragile

 

On connaît le personnage biblique de Judith, la jeune veuve juive qui pour épargner à ses compatriotes le massacre d’une bataille inégale, s’offrit au général assyrien qu’elle décapita après une nuit d’amour. Judith inspira beaucoup les peintres, et un peu les poètes.

Jean-Paul Wenzel a mis en scène celle d’Howard Baker : Judith et le corps séparé. Holopherne (Mohamed Rouabhi) est ici un « homme hanté par la mort », et Judith (Lou Wenzel », est accompagnée d’une matrone ambiguë (Camille Grandville), mi-entremetteuse, mi-commissaire politique. C’est elle qui offre Judith au conquérant, c’est elle encore qui la rappelle à son devoir, surveille l’exécution, opère la mutilation et emballe la tête trophée. Elle ordonne et admoneste, jusqu’au retournement final, où le meurtre expiatoire accompli, Judith devient, comme les sauveurs patentés, ingouvernables. On pense à l’Horace de Corneille, et on comprend que « faisant triompher Israël, elle se l’est asservi ». Camille Grandville interprète ce personnage puissant avec un art grandiose.

Barker, comme le Shakespeare de Titus Andronicus, n’hésite ni devant le sexe, ni devant le sang. Il n’écrit pas pour les âmes pures, il écrit pour les humains ordinaires, prêts à tout pour sauver leur peau. Judith n’est ni une Médée, ni une Jeanne d’Arc. Elle n’a que la force fragile de celles qui, mues par la peur, poussées par l’instinct de vie, deviennent capables du pire. Lou Wenzel tremble et se raidit, elle n’a pas encore la sensualité mortifère de la mante religieuse, mais elle en impose dans la méchanceté finale. Elle est une Judith qui dérange, une héroïne inquiétante. Mohamed Rouabhi joue en héros mélancolique et convainc de son désespoir.

Jean-Paul Wenzel a choisi judicieusement la salle dite du planétarium pour monter ce spectacle. Le plafond a la forme de dôme voulu. On ne s’étonnera donc pas de se trouver sous les étoiles, près de la tente assyrienne ouverte (décor de Jean Haas), que les lumières de  Pascal Sautelet découpent latéralement. Témoins du crime, les spectateurs entendent les sons de Philippe Tivillier qui évoquent l’armée qui dort, puis qui s’éveille non loin de là, et ils tremblent que les deux femmes ne soient capturées. Puissante évocation qui suscite les craintes, et peut-être aussi la  pitié qui, pour Howard Barker, mène à l'amour.

 

 

 

 

 

Judith ou Le Corps séparé d’Howard Baker

Nanterre-Amandiers

Jusqu’au 11  février

 

01 46 14 70 00  

 

08:20 Écrit par Dadumas dans Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Théâtre |  Facebook | |  Imprimer

11/01/2007

Une veuve joyeuse

 

Après Les Géants de la montagne, magnifique mystère nocturne où s’agitent les fantômes et les mythes, une jolie pièce solaire solidement ancrée dans la réalité populaire, La Veuve rusée de Goldoni vous séduira.

La belle Rosaura (Stéphanie Mathieu) n’est pas triste d’avoir perdu son vieux mari, le frère de Pantalon. Après quelques mois de grand deuil bienséant, comme c’est la période du Carnaval, la voilà qui court les bals en robe de soie violette et or (costumes Zig et Zag). Elle a déjà quatre prétendants : un Comte italien très jaloux (Bernard Waintrop qui joue aussi Pantalon), un lord anglais très généreux mais très froid, Milord Runebif, (Vincent Viotti), un chevalier français, Le Blau, beau parleur et maniéré (Bernard Fructus qui joue aussi Birif, le domestique du lord), un hidalgo espagnol Don Alvaro pétri de ses préjugés d’aristocrate (Pierre Bénézit qui joue aussi le Docteur, père de Rosaura et de Léonora). Rosaura, aimée de quatre nationalités différentes : déjà sous le masque, le visage de l’Europe perçait sous Goldoni !

Pour jeter son crêpe de veuve par-dessus les canaux de Venise, Rosaura s’appuie sur une servante délurée, d’origine française, Marionette (Anna Cosmao) et, comme elle est bonne fille, sert de chaperon à sa petite sœur Léonora (Axelle Girard) afin de lui éviter d’épouser un vieillard. Pour parfaire l’intrigue, il faut un Arlequin famélique Stefano Amori (qui joue aussi Foletto, le valet du Comte), qui échange les lettres parce qu’il ne sait pas lire et sert deux maîtres à la fois.

Vous avez retrouvé le maître Goldoni ? Sur scène aussi nous le retrouvons dans la mise en scène de Vincent Viotti. Il a installé ses tréteaux sur la scène du Théâtre 13, qui n’a jamais vu un décor aussi imposant (signé Erwan Tur). Léger pourtant, tout en praticables, passerelles et rideaux pour permettre aux protagonistes de parcourir les ruelles de Venise et de se retrouver chez Rosaura, sur l’espace central. C’est très habile et les sept comédiens changent d’habits et de masques (dus à Janine Kortz-Waintrop) pour tenir tous les rôles et jouer les sérénades, car ils chantent et jouent aussi d’un instrument !

C’est osons-le, parfait ! Enfin, presque parfait, puisque seule l’est la déité suprême… En ce cas, nous donnerions cet emploi à l’adorable Stéphanie Mathieu qui se joue des quatre hommes avec audace et sensibilité. Maîtresse de maison, maîtresse des cœurs et d’une élégance enjouée, elle impose une présence radieuse et magnifie la pièce.

La Veuve rusée de Goldoni,

Théâtre 13

Jusqu’au 17 février

01 45 88 62 22

13:30 Écrit par Dadumas dans Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Théâtre |  Facebook | |  Imprimer