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23/02/2008

Souvenirs d’Hollywood

     Nous sommes à Los Angeles dans les années 60 quand Marilyn (Antonia Malinova) rencontre Simone Signoret (Nolwenn Korbell). Le centre du plateau est bleu comme une piscine et les robes collent au corps de Marilyn (scénographie et costumes de Christophe Ouvrard).

    Marilyn tourne Le Milliardaire avec Montand. Simone reçoit un Oscar pour Les Chemins de haute ville ((Room a the top, en ce temps-là on traduisait les titres). Marilyn s'accuse d'être une mauvaise actrice, elle craint de "ne pas être à la hauteur". Simone lui enseigne la discipline. Elles sont amies, confidentes. Mais Marilyn est la sensualité même, la chair est faible et Montand lira ce livre-là.

    Une femme vieillie (Anita Plessner) se souvient et raconte. C’est Simone bien des années plus tard, avec ses souvenirs d’Holywood.

    Guy-Pierre Couleau, le metteur  en scène décale et double l'espace et le temps. Ses interprètes tournent autour du podium céruléen, y montent pour prendre un verre (ou une bouteille) sur la table basse placée au milieu.  Elles évoluent entre passé et présent, centre et pourtour, y trouvent les micros pour chanter, et les fauteuils de tournage pour s’asseoir.

  Anita Plessner raconte la liaison, sa douleur, les angoisses de Marilyn, la trahison. À cette évocation, les deux jeunes femmes revivent ces instants, se parlent et chantent dans de fabuleux duos. Leurs échanges sont très réussis. La personnalité de Nolwenn Korbell transcende le rôle, Antonia Malinova rappelle Marilyn avec sa beauté pulpeuse et sa voix envoûtante. Elles sont magnifiques.

    Il est plus difficile de croire qu’Anita Plessner est Simone à l’âge de La Veuve Couderc ou du Chat. Le personnage demande plus de profondeur, plus de gouaille. Simone Signoret n’était pas cette femme effacée et mélancolique. Il faudrait que la comédienne acquière plus d’autorité, que sa voix plus ferme se teinte de rogomme et d’ironie. Les prochaines représentations lui donneront certainement plus d’audace.

  Marilyn en chantée de Sue Glover

Texte français de Guy-Pierre Couleau

Compagnie des Lumières et des Ombres

à Antony (Firmin-Gémier)

Prochaines représentations à La Canopée de Ruffec (16), le 2 mars

Et à partir du 29 février à Angoulême

19:00 Écrit par Dadumas dans Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Théâtre, chanson |  Facebook | |  Imprimer

22/02/2008

Voltaire toujours…

     Le genre noble au Théâtre, c’est la tragédie. C’est sérieux, souvent grave et parfois ennuyeux, mais les élites pensantes penseraient déroger si on les voyait sourire. Tandis que le vulgaire, lui, ne va au théâtre que pour rire. D’où ce malentendu qui fit de Voltaire un auteur de tragédies publiquement encensé, tandis qu’en société, pour jouer avec ses amis, il écrivait des comédies de salon. Pas titrées, non signées, égarées, mal classées, elles restent méconnues.

     Nous sommes reconnaissants envers le festival « Hugo et égaux » d’en avoir ressuscité une, Les Originaux, sous la direction pétillante de Didier Moine qui a engagé un groupe d’étudiants de Paris III dans l’aventure. Et c’est un joli feu d’artifice.

     Sur une trame farcesque, Voltaire se paye un joli défilé de têtes de bourgeois et de noblaillons décadents : noblesse de robe et chevaliers de province avec leurs manies et leurs préjugés. L’intrigue va bon train. « Un astronome de père et une bonne femme de mère qui s’exerce à la médecine » veulent marier leur fille Fanchon à un Monsieur du Cap Vert qu’ils n’ont jamais vu. Or la belle est amoureuse d’un « chevalier du hasard » et bien décidée à refuser un parti qui est plus vieux qu’elle. On égratigne avec humour les uns, on s’amuse des autres. Les jeunes gens, comédiens amateurs s’en donnent à cœur joie et le metteur en scène les conduit à bon port. Et les Voltairiens s’en réjouissent. Les autres aussi d’ailleurs, tant il est vital de rire, et si possible, intelligemment. Voltaire ? Toujours d’actualité finalement…

     Il ne vous reste que deux séances pour profiter de ce Voltaire inconnu et vous divertir de ce jeu de massacre innocent. Ne les manquez pas !

Université Sorbonne Nouvelle

Centre Censier, Amphithéâtre Max-Pol Fouchet

Les vendredi 22 et 29 février à 18h 30

Hugo et égaux

21/02/2008

Des lendemains qui grincent

     Sont-ils morts ? Sont-ils vivants ? Sont-ils encore des humains, ces êtres réfugiés dans le grand cloaque souterrain entre Beyrouth et Chypre ? Des mutants plutôt, mi chair pourrie, mi-végétal. L’herbe pousse dans les orbites de l’un (Roger Assaf), des plantes ont pris racine dans les oreilles de l’autre (Bechara Arallah) et un bouquet de verdure obstrue la bouche de la femme monstrueusement enceinte (Bernadette Houdeib). Dans un pénombre bleutée, assis sur des tas d’immondices, coincés entre des déjections, ils sont exclus du monde d’en-haut, mais protégé, des rafales de mitrailles, des explosions de bombes qui, là-haut, rythment le quotidiens des derniers vivants. Et déboule alors un zombie, presque intact dans sa chair (Swassa Bou Khaled), mais le cerveau un peu fêlé. Elle voit, elle entend, elle parle, même si ce qu’elle dit semble monstrueux. Ni « il », ni « elle », mais « moustique » raisonneur, née dans une éprouvette, elle a été jetée à la poubelle pour défaut de fabrication.futée comme un elfe, elle les sort de leur torpeur.

   d3cdbf4298695911714e8297dababb39.jpg  Nous sommes en 2100 et Beyrouth subit toujours la guerre. Et, puisque des guerres présentes, et de ses démolitions, Beyrouth a utilisé les gravats pour gagner 1 km2 sur la mer, pourquoi ne pas imaginer que dans cent ans, les réfugiés atteignent à pied l’île de Chypre ?

     Dans cette fable futuriste de Issam Bou Khaled, le fantastique s’appuie sur un décor réaliste (scénographie de Hussein Baydoun, costumes et accessoires de Sawsan Bou Khaled qui signe aussi la version française du texte). Le grand magma de l’égout est solidifié mais élastique comme une vraie boue, les arceaux qui supportent le faîte se déglinguent sous les coups. Les comédiens roulent sur ce sol plastique, oscillants sous les secousses. Ils donnent une vérité inquiétante à leurs personnages grotesques et pathétiques, ballottés par des événements qui les ont exclus de la vie.

     La progression dramatique se fait par associations d’images fortes, autour de l’idée de survie. Le désespoir ruisselle dans leurs propos. Les lendemains grincent sans fin. On ne peut s’empêcher de penser à l’univers de Beckett. Il n’y a aucun enfant dans le ventre de la femme : « Tissus nécrosés, « viscères pourries, le décès remonte à cent cinquante ans ». Cet univers-là est terrifiant. Et si proche.336b7aaafa81ee439370c61684b43c5c.jpg

     Même si le lutin leur redonne l’envie de quitter leur ergastule pour aller vers la lumière, vers le chaud, le propre, le vivant, le trajet sera difficile, peut-être impossible. Essayons quand même, dit l’auteur. La folie rôde, et si nous l’acceptons, nous en serons un jour, tous victimes.

Archipel de Issam Bou Khaled

photos : Eric Legrand

Le Tarmac de La Villette

www.letarmac.fr

01 40 03 93 95

12:05 Écrit par Dadumas dans Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Théâtre, francophonie, danse |  Facebook | |  Imprimer