24/09/2009
Tuer le père
De nombreux films (et téléfilms) montrent les enfants anéantis par le chagrin lorsque leur père meurt. Dans Thérapie anti-douleur de Laura Forti, aucun des enfants ne semble affligé. Ni Giulia (Anne Coutureau), spécialiste du roman feuilleton télévisuel, ni Lele (Gil Bourasseau), le frère trop « enveloppé », ni la maigre Gina (Gaël Rebel) ne paraissent bien attristés par le cancer de leur géniteur. Embarrassés, ça, oui ! De passer des heures à l’hôpital, et de devoir affronter les soucis de cette obligation. Tuer le père n'est ni facile, ni rapide.
Évidemment, leur père n’a pas été un bon père (Pierre Deny), il les a souvent humiliés : « des bons souvenirs, zéro », dit Lele. Ce n’était pas un bon mari non plus. Juste un homme qui en a vu de dures et qui en a gardé certaines habitudes : « Il est en train de mourir, et il pense à économiser ! » Entre colères, rancoeurs et désespoir, ils s’affrontent, s’ouvrent, se déchirent. Se découvrent aussi, à travers leurs attitudes, et grâce à deux personnages qui forment contrepoint de la situation : Madame Nigeria (Manga Ndjomo) dont le fils vient d’être amputé et à qui l’infirmière chef refuse l’accès à la salle, et Dragana (Isabelle Montoya), la jeune maîtresse de leur père, qui tient sur lui des propos contraires aux leurs.
La mise en scène d’Yvan Garouel partage le plateau en deux zones. La chambre où gît le patient à cour, la salle d’attente à jardin. C’est sobre et convaincant. La froideur du décor dit le manque d’amour, l’absence de compassion des protagonistes, comme de l’administration inhospitalière.
« Sans pitié, la mort est insupportable », dit le père. La vie aussi, cher Monsieur.
Mais au Théâtre, quand c’est bien joué, on supporte tout.
Thérapie anti-douleur de Laura Forti
Texte français de Carlotta Clerici
Manufacture des Abbesses
Jusqu’au 11 novembre
Les dimanches, lundis, mardis, mercredis à 21 h
13:50 Écrit par Dadumas dans Théâtre | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : théâtre, manufacture des abbesses | Facebook | | Imprimer
16/09/2009
Une identité sacrifiée
Le sort des clandestins inspire décidément les auteurs cette rentrée.
Après L’Écrivain public, voici Contrôle d’identité, une pièce d’Alexandra Badea qui retrace le trajet d’un jeune apatride. « Sans papiers », « sans pays », son identité sacrifiée, il n’a plus rien, ni origine, ni présent, ni futur.
Alexandra Badea est roumaine, elle écrit en français. D’illustres aînés l’ont précédée dans ce choix ; Cioran, Istrati, et Ionesco. Pour elle « écrire en français c’est écrire tout simplement, car je n’arrive pas à le faire dans ma langue maternelle » dit-elle.
Avec Contrôle d’identité dont elle assure aussi la mise en scène, l’errance désespérée est figurée par quatre comédiens énergiques. Les deux hommes Corentin Koskas, Razvan Oprea, vêtus de manière identique : pantalon noir, sweat gris à capuche, et les deux femmes : Madalina Constantin et Carine Piazzi, pantalon et veste noirs, dansent un étrange ballet autour et dans une cage dont les barreaux sont constitués de tubes lumineux (scénographie de l’auteur, chorégraphie de Serge Aimé Coulibaly).
Les projections video de Emilie Aussel, les lumières de Philippe Amblard éclairent le parcours des demandeurs d’asile qui, subissent des contrôles, des interrogatoires, des emprisonnement avec leur cortège de violences, et qui, de refus en brimades, de reconductions en retours, finissent par se donner la mort.
La dénonciation, ainsi jouée, édulcore la réalité. La blessure devient plus abstraite. Mais l’essentiel est montré qui porte la colère et la pitié, au moment où les frontières se ferment.
« Je ne sais plus si la France reste une terre d’asile, mais elle reste une terre d’exil. » dit l’auteur.
Espérons qu’elle ne devienne pas une terre interdite.
photo Eric Legrand
Contrôle d’identité d’Alexandra Badea
du 15 AU 26 septembre 2009
01 40 03 93 95
www.letarmac.fr
18:01 Écrit par Dadumas dans Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : théâtre, francophonie, tarmac de la villette | Facebook | | Imprimer
15/09/2009
reprise
Nous vous avions vanté le charme de La Jeune Fille à son miroir d’Alan Rossett ( voir notre note de mai dernier). La pièce est reprise les vendredi 9 octobre (15 h et 20 h 30) et samedi 10 octobre (15 h). Si vous n'aviez pas pu la voir au printemps, pprofitez de l'automne.
Centre d'animation Poterne des Peupliers,
1 rue Gouthière
75013 Paris
01 42 63 98 14
10:13 Écrit par Dadumas dans Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : théâtre | Facebook | | Imprimer