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24/02/2006

Les diables aux Mathurins

Sébastien Thiéry a écrit Dieu habite Düsseldorf, c'était pour deux personnages. Christophe Lidon, le metteur en scène fait jouer ces saynètes délirantes par trois comédiens, l'auteur, sa soeur de télévision, Marie Parouty, et un clown triste, Artus de Penguern, actuellement au Théâtre des Mathurins.

C'est tragique et pourtant on rit. Les psychanalystes vous diront que c'est pour évacuer l'angoisse. C'est aussi pour retrouver, dans un univers d'humour noir, la valeur de la vie.

 

Théâtre des Mathurins

01 42 65 90 00

Avant-Scène Théâtre, prix : 11 €

 

13:40 Écrit par Dadumas dans Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : théâtre |  Facebook | |  Imprimer

23/02/2006

Katherine Barker, la louve impudique

 

On l’appelait « la mère du crime ». Elle avait mis au monde quatre beaux garçons pas très sages à qui elle pardonna leurs premières incartades. Ils devinrent des gangsters. Elle les suivit et les encouragea dans le chemin du crime. Katherine Barker et ses fils alimentèrent la chronique du banditisme des années 20 aux Etats-Unis.
Le texte de Jean Audureau s’est d’abord intitulé À Memphis il y a un homme d’une force prodigieuse en 1966, Katherine Barker, depuis 1993. Le crime, s’il ne paie pas, fascine les écrivains… et leurs lecteurs, et les spectateurs.
Serge Tranvouez y voit une parabole sur la folie. Car Katherine Barker lit la Bible, va au Temple, chante des psaumes avec ses fils. Le texte d’Audureau parle de cette éducation-là. Il parle également des rêves de la petite fille qui s’appelait Kate Barker, et imaginait un monde plus juste. Katherine se révolte contre « les riches impitoyables et sans cœur », les pasteurs qui les soutiennent et prêchent la sévérité des mœurs, la rigueur de la loi. La mise en scène montre la gamine espiègle et rêveuse (Amandine Dewasmes) demandant des comptes à la matrone (Valérie Thomas) : mère sensuelle avec ses fils, froide avec son mari, le pauvre George Barker (Serge Gaborieau), qui finit par s’exiler dans les montagnes tandis que la louve lascive et impudique s’encanaille et que chacun « assouvit ses mauvais penchants ».
La scénographie de Jean-Christophe Choblet choisit une structure quasi élisabéthaine, avec une galerie haute qui double les trois « murs » de scène et construit autour du plateau un espace de refuge ombreux. Les lumières de Mathieu Ferry en sont plus contrastées. Le fond de scène se ferme et s’ouvre sur des tableaux aux références picturales. Tout est climat et beauté. Au bord du plateau, deux tables : l’une à jardin, où s’installe le journaliste Arthur Dunlop (Éric Laguigné), chroniqueur des méfaits des Barker, et amoureux de Katherine. À cour, les récitants : Sandra Rebocho et Yoann Demichelis, ils se déplacent, accompagnant les personnages, entrant dans le jeu de l’action, en un ballet minutieusement réglé. Attirés par le mal comme par la lumière, entre aussi dans la danse, le Docteur Joseph Moran (Fabrice Gaillard), plus charlatan que médecin, mais qui étudie un cas que Freud n’avait pas prévu.
La mise en scène de Serge Travouez souligne la fascination et la répulsion, l’étrange ambivalence de l’amour maternel, le détraquement de la société.
C’est un spectacle exceptionnel, âpre, mais qui charrie, comme le texte d’Audureau, des pierres précieuses dans leur gangue.

 

théâtre de la Ville/les Abbesses

01 42 74 22 77

jusqu'au 12 mars


Trilogie de Jean Audureau : Hélène, Katherine Barker, La Lève

éditions Actes Sud-Papiers, prix : 12, 5 €

15:00 Écrit par Dadumas dans Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : théâtre |  Facebook | |  Imprimer

21/02/2006

Le désordre des choses

 

 


Caligula d’Albert Camus

 

On dit que le pouvoir rend fou. Et sans doute, l’empereur romain qui voulait que son cheval devînt sénateur, Caligula, en est-il un exemple saisissant.
À quel moment, Camus le fait-il basculer dans la folie ? Après la mort de Drusilla, sa sœur et sa maîtresse, égaré de chagrin, il erre dans la campagne, et en revient transformé. Il juge que la destinée de l’homme est absurde, et puisque le seul souci des patriciens est de remplir le « Trésor public », il va les avilir, s’emparer « arbitrairement » de leurs biens, et les faire mourir. Ainsi, espère-t-il « changer l’ordre des choses », ainsi procèdent les tyrans.
Avec Youssef Chahine, à la Comédie-Française, il y a quelques années, il ne manquait pas un peplum. Avec Charles Berling, qui met en scène et joue le rôle-titre, l’action est atemporelle. Christian Fenouillat a réalisé un décor d’une boîte de nuit satanique aux murs frangés de longs cheveux d’anges noir et argent qui captent une ondoyante lumière, et cernent le parquet sombre. Un piano à jardin, une table qu’on déplace de cour au centre, des costumes hétéroclites mais plutôt modernes, et un miroir, panneau brillant qui ne reflète personne.
Caligula commande, Caligula se moque, Caligula humilie, Caligula tue. Les despotes agissent ainsi, non par force, mais à cause de la veulerie de ceux qui les entourent et qui se plient à leurs moindres tocades. La démonstration est belle, le texte de Camus résonne des échos des dictatures en tout genre.
Mais à vouloir montrer trop de choses, le metteur en scène se disperse. Nombre d’objets sont inutiles et nuisent à l’attention du spectateur, à quoi bon mettre des haches et des cognées sur scène si personne ne s’en sert ? Le moniteur vidéo est-il utile, quand le tréteau, dans l’axe optique exalte le protagoniste ? Le rôle écrasant de Caligula est parfaitement assumé, mais autour de lui trop d’agitation, d'audaces, pas assez de conviction.
Heureusement, le texte passe, atteint le spectateur, l’oblige à réfléchir.

 

Théâtre de l'Atelier

01 46 06 47 49 24

16:05 Écrit par Dadumas dans Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : théâtre |  Facebook | |  Imprimer