09/01/2010
À la recherche d’un rire en or
Caroline Follentin a hérité de son oncle. Mais avant même de toucher l’héritage de sa femme, Follentin a tout dépensé. Petit employé du ministère, il n’a pas su résister aux tentations, et les créanciers le harcèlent. Il comptait sur un avancement, et c’est son collègue Bienencourt qui est promu ! Et pour couronner le tout, un jeune artiste débutant demande la main de sa fille Marthe… Quelle époque !
Il est furieux et désespéré. Pour le calmer et l'aider à s'endormir, le soir, sa fille lui lit La Reine Margot, d'Alexandre Dumas. Ah ! Franchement, il préférerait vivre dans ce XVIe siècle plutôt que dans ce début de vingtième ! Mais quand il se retrouve à Paris, la nuit de la Saint Barthélémy, il déchante…
René Clair, dans Les Belles de nuit imaginait un personnage grincheux, roulant d’âge en âge à la recherche d’une « belle époque », un âge d’or qui le satisfasse, mais où il rencontrait, inexorablement les figures du traître, du jaloux, du parasite, sous des traits qu’il connaissait déjà. Gageons que René Clair connaissait cette pièce de Feydeau ! La quête de Follentin, va du XVIe au XXIe siècle, avec la même fantaisie.
Susana Lastreto avait créé cette comédie l’été dernier au Théâtre 14, elle a obtenu la salle du Déjazet pendant la courte période des vacances scolaires et la troupe fait merveille. Bernadette Le Saché, François Frapier, Hélène Hardouin, Annabel de Courson, Jorge Migoya, Serge Djen, Jean Soumagnas et les jeunes comédiens issus de l'Ecole Lecoq: Livia Arditti, Camille Blouet, Ioana Jarda, Selena McMahan, Sigrid Mettetal, Katherine Murtagh, Rémy Vachet, Jérémy Woog, courent de tribulations en avatars, sans se départir d’un sérieux inébranlable.
À l’heure où je peux enfin publier cette note, la troupe cherche une salle. Si grâce à vous elle en trouve une, vous aurez gagné cent occasions de rire, d’un rire franc et massif, un rire en or, quoi !. Et il paraît que ça fait rajeunir…
À la recherche de l’âge d’or de Georges Feydeau
Mise en scène de Susana Lastreto.
15:28 Écrit par Dadumas dans Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : théâtre, feydeau, lastreto, le saché | Facebook | | Imprimer
Sublim’ comédie
Un peu juif par son père, argentin par sa mère, mais comme dans la chanson de Mouloudji « athée, oh ! Grâce à Dieu ! », le jeune Julian (Jérémie Sonntag), a trouvé sa voie dans la musique. Son pote Mehdi (Julien Sadi Ciceron) rythme à la batterie, et sa sœur Myriam (Laura Pélerins) écrit les paroles des chansons. Ils ne sont pas encore disque d’or, mais, déjà la famille apprécie leurs œuvres. Surtout la mère, Eva (Claire Faurot), qui a fui la dictature argentine et rêve d’une Amérique du Sud libre. Le père, Daniel (Christian Mulot), qui fut décorateur intermittent est devenu intérimaire de profession, « sublime intérim » qui lui permet « d’être libre comme l’air », et la grand-mère, Mamita (Laurette Faber), gémit que la famille est dispersée. Il est dur de vivre en banlieue parisienne quand son fils, le facho que la famille renie, est resté là-bas, et que les neveux sont à Cuba…
Ce pourrait être aussi sinistre que les barres du 93, où l’on « empile des coqs et des poules dans des cages à lapins », mais l’humour de Louise Doutreligne, le talent de Jean-Luc Paliès, transforment la fable en comédie musicale exceptionnelle. Ils ont eu l’idée de réunir des acteurs polymorphes, de susciter le génie musical de la compagnie, qui, cristallisé par Isabelle Zanotti, - qui joue aussi Liliane, la danseuse intermittente, missionnée en sociologie pour désamorcer les conflits, apaiser les désespoirs et surveiller les « djeun’s » tentés par la drogue et la révolte – et le spectacle mérite d’occuper une saison complète dans un grand théâtre parisien.
Tous les publics s’y retrouvent, ados et grands-mères, parents et enfants. C’est que du bonheur !
Sublim’ intérim de Louise Doutreligne
Vingtième Théâtre
14:49 Écrit par Dadumas dans Musique, Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : théâtre, musique, louise doutreligne, jean-luc paliès | Facebook | | Imprimer
08/01/2010
Chacun cherche son double
Des voiles pendaient, immobiles, et brusquement s’écartent, les cordages se tendent et les écartent découvrant un repaire fabriqué de perches métalliques et de cordes. Est-ce une île ? Un désert ? Une thébaïde ? Le vagabond qui entre, jette son havresac et appelle : « Raoul ! Raoul ! ». Il tente de pénétrer dans le réduit clos, et soudain, le rempart de perches s’écroule, et là, au centre de son refuge, un jeune homme est pris de panique, et se cache derrière un vieux rideau de velours rouge. C’est Raoul, nous l’avons deviné, et celui qui le cherche, lui ressemble comme un frère… James Thierrée vient de trouver son double.
Mais il a déjà disparu…
Lequel est resté ? Raoul ? Ou son jumeau ?
Se cache-t-il ? Ou est-il prisonnier d’un mur invisible ? Qui cherche Raoul ?
Quel pacte le lie à ce lieu qui tremble d’inquiétude pour lui, qu’il interpelle et qu’il apaise d’une caresse, d’une musique, d’un geste. Dans le monde de James Thierrée, l’inanimé s’anime, les hommes se réifient. Un énorme poisson d’or agite ses nageoires pour communiquer, la salle s’illumine quand le héros joue du violon, les parois vibrent de tendresse, des animaux étranges glissent sur scène comme dans un sommeil éveillé. Le son de Thomas Delot, magnifié par les volutes électriques de Matthieu Chédid, transporte dans cet univers étrange éclairé par Jérôme Sabre, où le bestiaire est signé Victoria Thierrée, et les costumes aussi. Des complices pour donner en scène l’illusion du double ? Magnus Jakobsson, Koari Ito, et Bruno Fontaine.
Que voyons-nous ? Rêvons-nous ? Ne sommes-nous pas la silhouette fragile qui se meut dans ce rêve qui ne nous appartient pas ? Et ne sommes-nous pas nous-mêmes à la recherche de ce double qui voudrait jaillir certains soirs ?
James Thierrée est cet enchanteur qui conquiert l’âme du spectateur par sa poésie et sa profondeur. Ne manquez sous aucun prétexte ses séjours dans votre ville. Quémandez une place, un strapontin, une marche, mais ne le laissez pas repartir sans avoir cherché Raoul avec lui.
Raoul de et parJames Thierrée
Au théâtre de la Ville jusqu’au 5 janvier
Et en tournée France, Belgique, Irlande.
19:01 Écrit par Dadumas dans Poésie, Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : théâtre, poésie, james thierrée | Facebook | | Imprimer