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26/04/2006

Et le Molière est attribué à ...

 

C'était la vingtième cérémonie des Molières. Et non le vingtième anniversaire.
Ouvrons la parenthèse.
Les Molières furent créés en 1987. En 1987 eurent lieu les premiers Molières. En mai, juste après le festival de Cannes. Un enfant né en le 15 mai 1987 aura vingt ans en... 2007, vous avez gagné! En revanche, tous ceux qui ont donné vingt ans aux Molières n'auront pas leur Certificat d'études... Ah ! c'étaient de sacrés problèmes que ceux des intervalles. Je radote, il y a belle lurette que le certif' a rejoint les "deux bacs", dans le trou sans fond des non-connaissances...
Une nouvelle formule pour ce vingtième Molière : montrer aux téléspectateurs un extrait du spectacle gagnant. Il aura donc fallu attendre ce 24 avril 2006, la vingtième cérémonie des Molières pour que s'accomplisse notre vœu de voir enfin un extrait du spectacle lauréat ! C'était "impossible", nous disait-on.
Difficile sans doute, mais impossible, certainement pas !
Autre satisfaction, celle de voir reconnu le génie dramatique de James Thiérrée.
Nous avions il y a quelques années parlé de l'éblouissement de La Veillée des Abysses, puis de La Symphonie du hanneton. Sans écho! Ce n'était pas du théâtre !
En 2006, séance de rattrapage !
Alors pour faire bonne mesure, "Molière du créateur de costumes", on est d'accord, "Molière du meilleur metteur en scène", on applaudit. "Molière du meilleur spectacle de Théâtre public", aïe! Ça dérape... et on oublie très injustement le meilleur spectacle de la saison Faut pas payer de Dario Fo mis en scène par Jacques Nichet, de plus, comme on ne craint pas le ridicule, on rajoute "Molière de la révélation !", "révélation", je vous demande un peu, de quoi avez-vous l'air, alors que toute l'Europe se pressait à ces spectacles bien avant Paris ! Et depuis 1998 ! Pesanteur ? Suivisme ? ou tout simplement paresse d'esprit ?
Quatre Molières en 2006, c'est trop ! Alors qu'en 2005, La Symphonie du Hanneton avait dû se contenter du prix de l'Adami comme lot de consolation...
Bien sûr que je suis contente pour eux, bien sûr que je suis d'accord, mais je grogne aussi pour la forme, pour les réflexions désagréables qui me sont faites quand je dis mon enthousiasme pour des auteurs, des comédiens, des troupes que personne ne connaît (ou ne reconnaît), et aussi parce que je pense à tous ceux qui méritaient une récompense, ou, qu'au moins on parle d'eux !
Tiens au fait, et le grand Prix de littérature dramatique : Denise Bonal, qui en parle ?

11:35 Écrit par Dadumas dans Théâtre | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : théâtre |  Facebook | |  Imprimer

10/04/2006

Pause




Ce n’est pas la fin de la saison théâtrale, mais les théâtres font la pause.

Au XVIIe siècle, les représentations théâtrales cessaient pendant le carême.

 

Au XXe, on a inventé les vacances : les grandes et les petites, auxquelles se sont ajoutées les RTT.

 

Mais jamais le théâtre ne s’arrête. Car, si les salles ferment à Paris, mais c’est pour mieux dresser les tréteaux des festivals, dans tous les coins de l’Hexagone et d’ailleurs.

De plus, dans le spectacle, les professionnels ont institué les Molières.

Il faut du temps pour réfléchir à ces récompenses !

Alors, rendez-vous après les Molières !

14:40 Écrit par Dadumas dans Théâtre | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : théâtre |  Facebook | |  Imprimer

05/04/2006

Renverser la fatalité

 

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Michel Vinaver aurait dû mettre en scène plu tôt.

En relisant ses pièces, on s’aperçoit que le chômage, les ventes d’entreprises, les reconversions, l’internationalisation de l’économie ne datent pas des années 2000, et que les parents de ces jeunes qui manifestent contre le CPE n’ont pas eu la vie si facile, il y a quelque vingt-cinq ans.

Mal en point dans Les Travaux et les Jours (texte publié en 1979), la petite entreprise lâchait ses employés avant d’être absorbée par une plus grande où les rapports humains se dénaturaient. Et dans Par-dessus bord (texte publié en 1972), la multinationale ne se portait pas mieux.

À la renverse reprend la même thématique. La pièce fut créée en 1980 par Jacques Lassalle et l’utilisation des écrans de télévision fut sans doute, avec la multiplicité des rôles, une des causes de l’insuccès. Deux fables se chevauchaient, celle de Bénédicte de Bourbon-Beaugency qui mourait « en direct » d’un cancer de la peau, et celle de l’entreprise Bronzex qui mourait de la mévente de ses produits solaires. L’agonie individuelle entraînait la condamnation collective.

Aujourd’hui, Michel Vinaver signe la mise en scène « avec la complicité de Catherine Anne ». Ce devait être un « chantier de recherche et de formation autour de l’écriture contemporaine », et le travail au bout de trois semaines était si satisfaisant qu’Anne-Marie Lazarini proposa la création du spectacle.

L’espace a été reconstruit en bi frontal. Trois « banquettes » rustiques sur le pourtour, une table carrée au centre. Les déplacements scéniques des banquettes s’opèrent dans le sens des aiguilles d’une montre, le narrateur tourne en sens inverse, « à la renverse » : « Vous vous souvenez du temps où… » commence-t-il. Le cycle du temps appartient au théâtre de Michel Vinaver. Le présent aussi, qu’il soit fragmenté, discontinu, dans la forme des séquences toujours brèves, qu’il soit quotidien et répétitif dans la spirale dramatique puisque in fine, le capitaliste Siderman, écarté de la direction de Sideral la multinational qu’il avait créée, rachète la filiale française que Sideral a bradée pour 1 F symbolique.

Le texte est réaliste, mais la représentation est épique. Michel Vinaver a légèrement réajusté le texte pour que les vingt-trois comédiens incarnent les vingt-neuf rôles. C’est un alésage millimétrique qui donne un ensemble chorégraphié où les histoires individuelles s’emboîtent parfaitement dans l’histoire sociale. Et enfin, l’ironie de l’auteur éclate. Le spectateur rit…

Pascal Decolland joue la faconde, Isa Mercure la sécheresse, Claudie Decultis et Maï David la modestie, Isabelle Antoine la douceur, Julien Muller, Cyril Lévi-Provençal et Véronique Müller, la rage, Bruno Cadillon et Patrick Palmero, le cynisme. Tous les sentiments s’exposent, se renversent, se transforment. Et même si l’on sait bien que l’homme ne renoncera pas au soleil parce que le cancer, ça n’arrive qu’aux autres, l’engrenage qui fait et défait l’économie est magistralement exposé.

Bronzex perd la partie, mais ne meurt pas, l'ancien laboratoire renaît de ses pommades. L'avenir est hésitant, mais pas désespéré. Les humains, chez Michel Vinaver, ne renoncent jamais. Ils combattent la fatalité. Nous avions besoin d'un leçon d'optimisme.

 

À la renverse

Artistic Athévains

01 43 56 38 32

 

08:58 Écrit par Dadumas dans Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : théâtre |  Facebook | |  Imprimer