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19/09/2018

Les Trois Glorieux

 

 

Ils sont jeunes, ils sont beaux et ils ont du génie.

théâtre essaïon,romantisme,george sand,honoré de balzac,victor hugoEn 1830, George Sand (Manon Montel), a 26 ans et elle vient de quitter son baron Dudevant pour vivre libre à Paris, elle écrit Indiana. Victor Hugo (Thomas Marceul) a 28 ans et après avoir bouleversé les codes du roman avec Notre-Dame de Paris, va triompher dans  Hernani. Honoré de Balzac (Stéphane Dauch), qui en a 31, écrit La Peau de chagrin.

Le temps des "Trois Glorieuses" fut aussi celui des trois Glorieux de notre littérature.théâtre essaïon,romantisme,george sand,honoré de balzac,victor hugo

Manon Montel, qui met aussi en scène, retrace habilement la carrière des trois grands auteurs du XIXe siècle. Elle puise dans leurs correspondances, leurs « Choses vues », leurs œuvres, et les journaux, des scènes signifiantes, des discussions critiques. Elle met en perspective leurs différences fondamentales, mais aussi leur amitié. Costumes sobres de Patricia de Fenoyl, plateau nu et lumières délicates d'Arnaud Barré, c’est une réussite. 

théâtre essaïon,romantisme,george sand,honoré de balzac,victor hugoCertes, Balzac n’aimait pas le théâtre hugolien, mais il appelait Hugo à applaudir le sien. Et chacun encourageait l’autre à continuer son œuvre. Bien sûr la baronne Dudevant, alias George, avait des contradictions, mais elle était sincère et défendait la liberté. Évidemment Hugo suscitait des admirations, des détestations et des jalousies, mais ce fut lui qui prononça les plus belles oraisons funèbres quand Honoré et George le précédèrent dans l’éternité.

Les trois comédiens disent et jouent avec brio les moments d’échanges entre les auteurs. On aurait aimé retrouver aussi l’ami Théo (Théophile Gautier) et l’ami Dumas qui partageaient leurs luttes et leurs rêves, mais cette histoire, qui trace leurs vies à grandes étapes, permet d’asseoir une étude littéraire positive sur ce siècle.

Dommage qu’on mette dans la bouche de Victor un jugement négatif sur le talent de Juliette ! S’il en eût été ainsi, lui aurait-il écrit le rôle de la reine dans Ruy Blas ? Les critiques dramatiques des journaux de l’époque, en France, éreintaient volontiers le théâtre romantique et Juliette fut sifflée par la cabale. Mais ses biographes, G. Pouchain et R. Sabourin[1] ont trouvé de quoi les contredire.

Il y a encore de belles recherches à entreprendre sur nos trois monuments de la littérature ! Manon Montel va vous en donner le goût.

 

 

 © Photos Xavier Cantat

 

 

[1] -Juliette ou la Dépaysée, de G. Pouchain et G. Sabourin, éditions Fayard, 1992.

 

1830, Sand Hugo Balzac tout commence écriture et mise en scène de Manon Montel

Théâtre Essaïon

01 42 78 46 42

Tous les lundis et mardis à 21 h

22/03/2016

être aimé

 

Vous vous souvenez de Marie Tudor, ce drame de Victor Hugo ?

théâtre,romantisme,victor hugo,pierre-françois kettlerLa reine Marie (Aude Kerivel) a un amant, un certain Fabiano Fabiani (Ludovic Coquin), un aventurier, un apatride, un tyran que les nobles anglais (Laurent Uo, Frank Delage , Rémi Picard, Alfred Luciani) et le peuple haïssent et que Simon Renard (Frédéric Morel), émissaire du roi d’Espagne, veut détruire.

Or ledit Fabiani a séduit une jeune fille, Jane (Marie Hasse), fiancée à Gilbert (Pierre-François Kettler) le ciseleur. Le suborneur s’en vante. Le piège se referme sur lui.

Pierre-François Kettler met en scène Marie Tudor avec une grande finesse. Pas d’autre décor que le lieu sombre, cette salle du Nord-ouest où les différents niveaux de l’espace scénique graduent d’eux-mêmes les effets, où les portes des placards jouent les cachots, la descente d’escalier et le puits d’aération ménagent des passages secrets. Pour accessoires, un banc, une bourse et un poignard, des costumes stylisés, où le noir et le blanc s’opposent. Seule la reine porte une couleur, le rouge évidemment. Les comédiens, parfaitement distribués donnent au drame toutes ses nuances.

Magnifique est le duo-duel que celui qui oppose Jane et Marie ! Ardentes, angoissées, amoureuses, les deux comédiennes sont superbes. Et comme le grotesque et sublime se mêlent avec brio dans le rôle de Joshua (David Malet) !

Hugo parle de politique et d’amour. Et sa parole résonne encore avec justesse.

Jusqu’où peut-on mépriser  le peuple ? Comment justifier l’arbitraire ? Jusqu’où peut-on aimer ? Jusqu’au sacrifice selon Gilbert, jusqu’au crime selon Marie la sanglante. Mais surtout peut-on vivre sans amour ?

Pour Gilbert la clé du bonheur, c'est d'"être aimé". Et pour vous ?

 

  

 

Marie Tudor de Victor Hugo

Mise en scène Pierre-François Kettler

Théâtre du Nord-Ouest

 

Du 23/03/2016 au 03/04/2016

Mercredi à 20 h 45, samedi et dimanche à 17h

Réservation : 01.47.70.32.75

 

 

 

 

 

17/03/2013

Le soleil noir de l’angoisse

 

 

Musée d'Orsay, exposition, romantismeLe Musée d’Orsay ouvre ses portes sur une très belle exposition : L’Ange du bizarre qui s’inscrit dans « le Romantisme noir ». Il s’agit de cette création artistique qui, du XVIIIe à nos jours cultiva la peur des démons et de la mort.

Pour les commissaires de l’exposition : « Cet univers se construit à la fin du XVIIIe siècle en Angleterre dans les romans gothiques, littérature qui séduit le public par son goût du mystère et du macabre. »

Il semble pourtant que, dès Shakespeare, le fantastique ait sa place dans la littérature, que les sarabandes macabres dansent sur les chapiteaux des églises médiévales, et chaque apprenti latiniste se souvient avoir eu à traduire une histoire de fantôme du temps de Pline.

Bien sûr, tous les contes qui couraient dans les campagnes avec leurs lots de dames blanches, de chasseurs noirs, de vouivre, d’Ankou, de farfadets, d’ogres, de diables, n’ont été recueillis qu’au XIXe siècle, mais rendons à l’art ses racines populaires et païennes, comme le souhaitaient, justement, les Romantiques.

Le terme de « romantisme noir » n’apparaît qu’en 1930 en sous-titre d’un ouvrage de Mario Praz, qui voit, dans le marquis de Sade « le fondateur du genre ». Mais l’exposition montre bien que la part d’ombre de l’Homme, existe depuis longtemps.exposition,romantisme,musée d'orsay,littérature

Elle commence ici, avec Pandémonium de John Martin, inspiré du Paradis perdu de Milton, dont la source se trouve dans La Bible  même. Les mythologies, chrétiennes ou païennes ont leurs interdits, et « le souvenir du fruit défendu est ce qu’il y a de plus ancien dans la mémoire de chacun de nous, comme dans celle de l’humanité. » (Bergson).

Ainsi naît ce voyage dans « l’inquiétante étrangeté » dont parle Freud, et qui n’a cessé d’inspirer les poètes, les peintres, les graphistes, les musiciens et les cinéastes (Murnau, Dreyer, Lang, Buñuel).

Sous le pinceau de Blake l’Anglais, et Goya l’Espagnol, naissent les mêmes monstres. Les sorcières, les démons, les damnés qui hurlent dans Shakespeare, Goethe, Milton, inspirent Füssli et Delacroix. Les paysages s’animent dans les dessins à la plume de Hugo, les tableaux de Friedrich et de Blechen.

Et les hommes s’abandonnent à leurs instincts et à leurs terreurs.

Les pères de l’Église pointaient une responsable : la Femme. Elle est partout dans la création artistique et les voix de Michelet, ou de Hugo pour la défendre, n’empêchent pas qu’on la tienne pour coupable de la perversité de notre monde. Mais les œuvres sont si belles, si impressionnantes qu’on aurait tort de les censurer. Allez vite les (re)voir.

L’exposition s’arrête aux années 20, l’inspiration ne s’achève pas là. Elle est comme l’eau d’un fleuve, sous le soleil noir de l’angoisse, jamais la même et toujours féconde.

 

 

L’Ange du bizarre

Le Romantisme Noir  de Goya à Max Ernst

Musée d’Orsay

01 40 49 48 14

jusqu’au 9 juin