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25/09/2007

Quelle famille !

      Ah ! Les réunions de famille ! Quelle source inépuisable pour les auteurs dramatiques ! Avec eux toutes les familles prennent un petit côté « Atrides et compagnie ». Les Belles-Sœurs (Sabine Haudepin, Véronique Boulanger, Élisa Servier) n’échappent pas à la règle des femelles bavardes, vindicatives, ou un peu « truffes », et les trois frères (François-Éric Gendron, Roland Marchisio, Manuel Gélin) qui les accompagnent ne manquent aucun des travers masculins : menteurs, égoïstes,  concupiscents, face à la femme convoitée, sensuelle, intelligente et solitaire (Mathilde Penin). Éric Assous a le sens des conflits et des dialogues hargneux.

Sur scène, c’est l’heure des règlements de comptes. Personne n’en sort indemne. Les sanies évacuées, seuls quelques naïfs pensent que ça ira mieux demain…

Personne ne s’étonne que François-Éric Gendron, joue un avocat volage, conforme à la série télévisée qui fait son renom. On viendrait presque pour le consulter sur la procédure à suivre en cas de mise en examen… Roland Marchisio, en type maladroit est touchant. La bonne surprise de la soirée vient de Sabine Haudepin, trop rare sur nos scènes. Elle compose ici un personnage lucide, cruel et sympathique malgré ses cinglantes réparties.

Impitoyable !

 

 

 

Les Belles-Sœurs

d’Éric Assous

Théâtre Saint-Georges

01 48 78 63 47

15:20 Écrit par Dadumas dans Théâtre | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Théâtre |  Facebook | |  Imprimer

Un drôle d’oiseau

Annie écrit des livres (Cristiana Reali). Jacques (Vincent Elbaz) les signe parce qu’elle « ne supporte pas le regard des autres sur elle », depuis qu’elle a été violée. Elle s’automédicamente aux amphétamines, ce qui est très mauvais pour la santé, tout le monde vous le confirmera. Il veut la désintoxiquer et la prive de son fournisseur habituel, Jeff (Ariel Wizman). Elle se suicide. Il publie ses œuvres complètes en leur rendant le nom du véritable auteur, car il faut que la justice et le bon droit triomphent à la fin .

Autour du couple, José Paul joue le critique ironique, Jean-Paul Muel l’éditeur dépassé par les dettes, Stéphane Boucher l’autre éditeur requin, et  sa fidèle collaboratrice Bénédicte Dessombs. La mise en scène de John Malkovich est fluide, les décors de François Limbosch amusants, les effets spéciaux de Christophe Grelié,  intéressants. Tout cela est très bien, mais sans surprise...

On nous prévient d’entrée, par projection interposée, que le canari est l’oiseau que les mineurs utilisaient pour déceler les gaz toxiques. Dans un boyau, si le canari mourait, il fallait évacuer.  L’oiseau était un repère, son décès un signal d’alerte. Pauvre bête ! Système cruel, mais efficace pour l'homme. Le petit oiseau qui se débat avec la vilaine société, on sait bien qu'il va mourir, que les hommes sont des rapaces...

D’où vient que Good Canary garde son titre anglais ? Mystère ! Car enfin canary  est « un canari », et good  peut se traduire par « bon » en français. En variant la nuance. Ainsi « bon » dans un bon lit signifie « satisfaisant », il peut aussi signifier « efficace » dans un bon remède, « sage » dans un bon conseil, « exact » dans le compte est bon, « apte » » dans bon pour le service, « agréable » dans un bon bain, « heureux » dans bon anniversaire, « drôle » dans un bon mot, « intense » dans un bon rhume, « gros » dans un bon vivant, etc. nous en passons, le Robert en  répertorie de meilleurs.

 

Alors ? Un bon canari ? Un canari efficace ? Un brave canari ? Drôle d'oiseau pour le théâtre !

Mais n’y-a-t-il pas un pékin pour défendre la langue française ?

 

 

 

 

  Un bon Canari  De Zach Helm

 

Adaptation de Lulu et Michael Sadler

 Théâtre Comedia

01 42 38 22 22

 

21/09/2007

La confrérie des rieurs

Les farceurs sont revenus ! Ils ne s’appellent plus Gros-Guillaume, Gauthier-Garguille, Jodelet ou Turlupin.  Ce ne sont pas les Enfants-de-sans-soucy. Ils ne jouent plus sur les places publiques, ni les carrefours. Ils sont installés au Vieux-Colombier et ils vous accueillent dès l’entrée, visage enfariné et oripeaux bigarrés. Sociétaires et pensionnaires du Français, compagnons du  Théâtre de Bourgogne, jeunes comédiens, les voici réunis « en confrérie » par deux « chefs de troupe : François Chattot et Jean-Louis Hourdin, afin de faire revivre les farces médiévales dans leur franche obscénité…Quelque chose a changé dans le royaume de la Comédie-Française !

La farce, vos études vous l’ont appris est un genre populaire grossier. On y montre des gens peu distingués : paysans et boutiquiers, qui osent railler leur seigneur, parlent un langage vulgaire et font ensemble des choses que la morale réprouve et que le corps adore. Ventre et sexe sont les deux mamelles de la farce… Avant que Malherbe vînt, on appelait un cul, un cul, et les couilles allaient par paires. Depuis que Bernard Faivre a retraduit Les Farces*, l’octosyllabe chante et danse sans pudibonderie ! On ne pétrarquise plus, on pète !

Ah ! Les tréteaux ne distillent pas cet ennui solennel qui fait croire à M. Prudhomme qu’il convient d’être grave. François Chattot et Jean-Louis Hourdin ont choisi de faire rire les abonnés, et les autres. Et pour montrer que la farce n’a jamais quitté la littérature, ils donnent en prologue La Naissance du jongleur de Dario Fo. Comment résister à la truculence de Catherine Hiegel qui avant que le spectacle  necommence, a déjà interpellé les spectateurs, rabroué les retardataires, fait dégager des places pour ceux qui sont encore debout, bref, assumé la connivence avec le public. Qu’elle soit Mère dans Mahuet, Commère dans Frère Guillebert, ou narratrice dans La Naissance du jongleur de Dario Fo, elle est cette maîtresse femme qui empoigne la réalité pour la rendre moins triste qu’elle n’est car « c’est par le rire qu’on fait baisser culotte au patron ».

Avec elle au milieu des panières, et autour du tréteau de foire que des rideaux  masquent le temps d’un changement,  sociétaires, pensionnaires et comédiens de Dijon et du JTN deviennent « farceurs », c’est-à-dire « trompeurs »… et trompés. Personne n’est à l’abri ! Tous tentent de se sortir de situations délicates où des femmes brûlantes les ont coincées : « Quand on se trouve en plein danger », il faut savoir « se sauver comme un malin » dit L’Amoureux du Retrait (Félicien Juttner), vainqueur grâce à la ruse des femmes dans Frère Gullebert, vaincu dans Le Gentilhomme et Naudet, comme Naudet et Mahuet (Stéphane Szestak), comme Pierre Vial, mari trompé dans Le Retrait, gaillard trompeur dans Le Pourpoint rétréci, comme Roger Mollien complice dans le même Pourpoint  et qui joue les cocus dans Frère Guillebert. Jacques Fornier cumule les deux, dans un seul rôle, celui de Thierry dans Le Pourpoint.

Loin de toute morale austère, il n’en existe qu’une qu’on répète à l’envi : « A trompeur, trompeur et demi ». Les femmes s’en tirent toujours mieux. Belle plante sensuelle comme Eloïse Brunet, ou péronnelle piquante  comme Priscille Cuche, elles ont la ruse des diablesses…On n’est pas misogynes, mais on redoute leur intelligence…

Ajoutez à toutes ces malices Stéphane Varupenne, un chef de chœur, qui sait aussi jouer les valets et mimer le cheval, pimentez avec un chanson populaire « Allons en vendanges », et  une autre de ce galopin de Brassens, saupoudrez de musique vivante et vous aurez un plat succulent, pas étouffe-chrétien pour deux liards, de quoi rire à satiété sans remords. Rejoignez donc la confrérie des rieurs !

 

* Imprimerie nationale, 1997.

Une confrérie de farceurs

Du 19 septembre au 27 octobre

Vieux-Colombier

01 44 39 87 00/01