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22/11/2007

Pour que vienne le printemps

  Il (Jacques Descorde) est seul dans une ville qu’il ne connaît pas. Elle (Maryline Even) est seule dans la vie, et a besoin de parler et d’aimer. Elle s’accroche à lui, il ne la repousse pas. Il avait rendez-vous avec un client, il n'ira pas mais il lui achète des vêtements décents. Elle le quitte. Il l’attend. Ce devait être une brève rencontre. Ce sera peut-être le départ d’une nouvelle vie. C’était l’hiver, et, pour que revienne le printemps, ils recommencent à s'aimer. 

Que de phrases inachevées, de balbutiements, de répétitions chez ces deux-là qu’une solitude poignante a rendus maladroits ! La pièce de Jon Fosse, traduite par Terje Sinding parle d’êtres désemparés et isolés, et confronte résignation et espérance. La mise en scène de Jacques Descorde s’appuie sur une scénographie de Philippe Plancoulaine qui réduit le décor à un objet unique et transformable : une banquette à armature de fer, qui devient lit. Au fond un rideau blanc sur lequel on projette des images du film d’Amos Kollek (Sue perdue à Manhattan) ou les lumières d’une ville froide.

C’est simple, épuré et profondément dramatique. Les deux comédiens sont impressionnants. .

 Hiver De Jon Fosse

Espace Kiron

jusqu’au 24 novembre

01 44 64 11 50

Compagnie des Docks 06 86 13 18 58

Du 6 au 8 décembre à Boulogne-sur-Mer

Du 12 au 15 mars 2008 au Théâtre de la Verrière à Lille

17:35 Écrit par Dadumas dans Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Théâtre |  Facebook | |  Imprimer

À la recherche de l’inconscient d’Emma

     J’ai connu une petite fille qui demandait gravement : « Est-ce qu’une fille peut-être clown ? ». Évidemment, lui avais-je répondu en pensant à Emma. C’était dans les dernières années du siècle précédent. 

     Depuis, Emma a parcouru l’Europe, écrit des chansons et des musiques et est même allée jusqu’en Afghanistan avec Clowns sans frontières. Elle est actuellement à Paris, au Rond-Point. 

     Miriem Menant a un visage de madone, et pour devenir Emma, elle s’accroche un nez qui trognonne et fait rebondir ses joues. Elle s’est composée un personnage qui ne tient ni de l’auguste, ni du clown blanc, mais serait né des amours d’Adèle Blansec avec Baden Powell. Chapeau cloche cabossé, blouse de scout, cravate peinte, jupe plissée, socquettes écossaises dans des godillots dont la semelle baille, Emma soupire, mélancolique, désabusée qu’elle a « envie de mourir »… 

     Mais c’est pour mieux te faire rire, mon enfant !

     Elle rêve d’être « une femme pygmée » ou Marilyn Monroe, et de son flot de paroles libérées naissent des images (Dominique Tiéri)qui entraînent les spectateurs… jusqu’au divan du psy.

     Ah ! Ce fameux divan ! Il trône au centre de la scène, en faux velours de Gènes et plastique rouge (décor Éric Huyard). Centre du monde psychanalytique où l’inconscient perdu devrait se retrouver, Emma voudrait bien pour ses travaux pratiques y conduire les cobayes dans la salle présents. Avec ses allures de gamine mal élevée, elle interpelle, elle sollicite, sans jamais racoler. Elle a désappris Freud et de Lacan mais gardé un petit coin de Dolto sous l’abat-jour (accessoires Anne de Vains) et une marionnette qui lui ressemble dans le ventre secret de la literie (marionnette de Philippe Saumont). L’inconscient retrouvé d’Emma obtient sa place sur le divan…et même sur les genoux, tendresse oblige !

     Emma la clown est une piquante, une plante vivace qui égratigne, mais dont les mots s’épanouissent en pierres précieuses. Elle chante aussi. Et, comme elle est clown, elle sait aussi faire de la musique. Elle joue de la flûte traversière.

     Au lieu de vous cacher sous le divan, prenez donc un fauteuil d’orchestre…

Emma la clown

Sous le divan

Jusqu’au 31 décembre

Théâtre du Rond-Point, 18 h 30

08 92 70 16 03

11:30 Écrit par Dadumas dans Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Théâtre |  Facebook | |  Imprimer

18/11/2007

L’ami Philippe

     Vous êtes fatigués, déprimés, amers. Vous doutez de tout et de vous-même. Je vous apporte une bonne nouvelle pour vous sortir de là. L’ami Philippe est à Paris. Au Petit Théâtre de Paris. Il est venu vous parler de son ami Roger de Montrouge.

      Nous avions déjà rencontré Pierrot d’Asnières, Dom Juan 2000, le Saumon sauvage, le fantôme de Shakespeare, son prof de philo, et tant d’autres : artisans de son quartier, artistes à pied ou à cheval, qui donnent un sens à sa vie, c’est-à-dire à la nôtre. Et ce soir, Philippe Avron nous présente un nouveau compagnon, Roger l’ami d’enfance, l’autre lui-même.850c1028fec26b1c531c35bdc9a45e5d.jpg

     Ils se sont connus en « dixième », à l’âge où on apprend à lire et à penser. Ils étaient encore ensemble en classe de philo, et pour Philippe c’était la  « première fois où (il) allait en classe sans angoisse, « parce qu’il n’y a pas de réponses aux questions qu’on peut vous poser ».

     - Qu’est-ce qu’on fait ?

     - Où qu’on va ?

     - Et Dieu dans tout ça ?

     Dieu pour Roger, « l’anar de la pensée », ce serait « Ni Dieu, ni maître ». Pour Philippe, le cartésien, « chacun fait comme il veut ». Mais tous deux sont des cœurs purs, des êtres qui sauvent les enfants perdus et les chiens égarés, des missionnaires de l’espoir. Roger « c’est pas une race, c’est une espèce », et Philippe Avron précise : une« espèce humaine, très humaine. » Et vous vous reconnaissez, vous retrouvez vos repères et presque votre credo. Tous les amis de Philippe sont là, Jean-Jacques Lemêtre signe la musique, André Diot et Anne Coudret les lumières, et Ophélia la mise en scène. Le théâtre demande une connivence amoureuse. La vie aussi.

     Philippe vous aide. Il vous a donné rendez-vous et avec lui surgissent tous les personnages qu’il a joués. Et les auteurs qui, de Montaigne à Deleuze l’ont nourri. Et Roger, qui « ne s’appelle pas toujours Roger » et « s’adresse à l’enfant qu (’il) était ». Et la petite amie de Roger, Anne-Sophie (Chloé Berthier), fondue de vélo et de texto.  Roger ? Il est derrière, ou dans la salle, quelque part, avant d’être dans le trou du souffleur, « au fond du trou ». Comme vous peut-être. Mais sur scène, il y a encore un espoir qui veille, la servante, cette « lampe des papillons de nuit » qui « garde les rêves des gens ». Et Philippe Avron à confiance en vous, fidèles spectateurs, « ingénieux chimistes de (ses) métamorphoses ».

     Il pourrait être comme Shakespeare « fatigué de ce monde », où « des nullités notoires se vautrent dans le luxe », mais sa poésie vient nous rassurer. 

     Oui, il y a encore des Roger partout, et pas seulement au théâtre. Mais ici, maintenant, plus qu'ailleurs. Car, le théâtre, avec Philippe Avron, « c’est fait pour sortir du trou », parce que la parole y est souveraine, et que pour Roger « c’est les mots qui (l)’ont sorti du trou ».

     Philippe Avron est venu les partager ce soir.

Mon ami Roger

De et avec Philippe Avron

Jusqu’ au 6 janvier

Petit Théâtre de Paris

 01 42 80 01 81

 

12:10 Écrit par Dadumas dans Poésie, Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, théâtre |  Facebook | |  Imprimer