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27/11/2007

L’ascenseur social est réparé

     Brave petite Rita (Adriana Santini) ! Alors qu’elle a quitté l’école sans diplôme, que ses copines et son mari se contentent du karaoké le samedi, et de la télé les autres soirs, à vingt-six ans, elle s’est inscrite à « l’Université pour tous ». Elle débarque un soir dans le bureau de Frank (Pierre Santini), un professeur désabusé qui noie ses désillusions avec le whisky qu’il planque dans sa bibliothèque. L’universitaire rencontre la prolétaire et ne croit guère que l’ascenseur social puisse fonctionner.

     Rita est une nature. Franc parler et amour-propre : elle ne se laisse pas intimider. Frank ne se démonte pas devant les provocations de la donzelle. Elle a tout à apprendre ? Ça tombe bien, elle veut tout savoir. Elle est subjective, mal embouchée, vulgaire, le pédagogue s’appuie sur une maïeutique de l’individualité, pour lui faire découvrir la Littérature.

     Et, vous l’avez deviné, au bout du cursus jalonné de scènes de colère, de révoltes, de déceptions, qui gagne ? C’est Rita ! Pas toute seule, avec Frank, naturellement…

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     Mais qu’est-ce que vous allez imaginer ? Frank n’est pas Pygmalion, juste un homme vieillissant qui s’est trouvé une raison de redevenir lui-même, et s’est choisi, à défaut d’une fille, une disciple fidèle.

     Adriana Santini donne à son personnage la verdeur de son âge, et, outre une interprétation d'une grande sensibilité qui gomme toute ambiguïté, elle signe une nouvelle adaptation du texte de Willy Russell, L’Éducation de Rita. On l’admire l’une et l’autre. Pierre Santini est un guide authentique et généreux.

     Quand il s’agit d’enseigner les concepts littéraires, vous ne l’aviez pas oublié, Métaphore et Métonymie, sont deux déesses. On les retrouve dans l’art de la mise en scène où Christophe Lidon joue avec les piles de livres qui se déplacent quand le savoir change de tête. Celle dont la scolarité est en panne rencontre celui qui détient les connaissances et qui l’élèvera, sans rien perdre de lui-même, aux étages qui s’appellent Initiation, instruction, éducation, apprentissage, sans oublier  l'ultime et sublime : reconnaissance.

     Ah ! que c’est beau la vie au théâtre !

L’éducation de Rita de Willy Russell

Nouvelle adaptation d’Andriana Santini

Théâtre Mouffetard

Jusqu’au 5 janvier 2008

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16:45 Écrit par Dadumas dans Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Théâtre |  Facebook | |  Imprimer

26/11/2007

Débloguer aux Diablogues

     En ce temps-là, on ne parlait pas de blog, ni de « diablogue ». Le mot n’existait pas, mais la chose, si. L’inventeur, Roland Dubillard faisait le diable à deux, tous les après-midi à cinq heures avec Grégoire et Amédée, qui dialoguaient cinq minutes et ces discussions oiseuses réjouissaient les « chers auditeurs »… Les deux grands naïfs qui causaient dans le poste n’avaient pas de prétention scientifique comme les Bouvard et Pécuchet de notre livre de littérature, ils étaient simplement incapables d’affronter les choses absurdes de la vie. Et Dubillard en dénonçaient des vertes et des bien colorées.

     Cinquante ans plus tard, alors que les blogueurs bloguent et débloguent à qui mieux mieux, Anne Bourgeois nous sert à point ces Diablogues goûteux. Pour passer du champ radiophonique à l’espace scénique, elle a choisi deux pointures : Jacques Gamblin et François Morel, vous dire si la salle s’esclaffe ! La scénographie d’Edouard Laug pose deux fauteuils club sur fond de voie lactée dont Laurent Béal fait scintiller les étoiles et Jacques Cassard compose les sonorités sidérantes. Isabelle Donnet habille les deux zozos de gris. Même costume, même chemise, à peine une petite nuance différente sur la même cravate, ces deux-là sont frères en arguties. Ils discourent de la ressemblance de l’hippocampe avec le cheval, du rôle de l’instrument nommé compte-gouttes, de la musique sans mélodie, des images incertaines d’un film amateur. Ils s’embrouillent dans la technique et pour eux la vie quotidienne est souvent impraticable.

     Qui, un jour ne s’est pas révélé Grégoire ou Amédée devant une incompréhension, une aporie créée par le quotidien ? C’est sans doute pour cette raison que chaque spectateur se sent concerné et préfère en rire.

 

Jusqu’au 31 décembre

Théâtre du Rond-Point

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10:45 Écrit par Dadumas dans Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Théâtre |  Facebook | |  Imprimer

23/11/2007

Épatant !

    

     Ah ! L’heureux royaume que celui de Cacatois 22e (Pierre Forest), roi de l’île de Tulipatan ! On n’y connaît ni les grèves, ni la baisse du pouvoir d’achat, et les bateaux partent avant le troisième coup de canon ! Le seul souci du roi est son héritier : Alexis (Lorianne Cherpillod), qu’il ne trouve pas assez viril. Il admire la vigoureuse Hermosa (Jean-Marie Rollin), la fille de son ambassadeur Romboïdal (Gérard Grobman), et pour assurer sa succession ordonne qu’elle épouse son neveu René (Denis Berner). Pour éveiller les désirs de son fils, il ira chercher la sensuelle créole Dora (Dominique Magloire).

     Cependant, Hermosa aime Alexis, Alexis aime Hermosa, et Dora aime René. Tout pourrait s’arranger si la mère d’Hermosa (Jocelyne Sand) ne cachait pas un secret (lourd évidemment) et l’ambassadeur aussi. Hermosa n’est pas celle qu’on pense ! 

    « Mon Dieu ! Que les hommes sont bêtes ! », comme on chante ailleurs…

     Mais que les voix sont belles et les metteurs en scène ingénieux !

     Faire de l’opéra-comique d’Offenbach, un « vaudeville musical » pour le Théâtre 14, il fallait de l’audace et des dons prodigieux !

     Jean-Philippe Weiss et Philippe Bonhommeau ont résolu le problème de l’orchestre en confiant la partition à un trio à cordes. Trois musiciens dans un bateau en fond de scène : deux violons (Samuel Nemtanu et Florian Maviel) et un violoncelle (Héloïse Luzzati), derrière une immense baie non vitrée et le tour est joué pour définir une île au doux climat. Le décor lumineux d’Anne Wannier utilise toute la largeur de la scène, construit un passage en terrasse, en ménageant  des sorties latérales suffisantes. Pas d’accessoires, juste trois chaises, ainsi les chorégraphies de Philippe Bonhommeau sont à l’aise.

     Et l’action déroule son lot de coups de théâtre, et de répliques invraisemblables : « Bing ! Bing ! Bing ! Patapouf ! Pouf ! Pouf ! » et de « Coin ! Coin ! », et de prosaïques : « Je vais chercher les petites cuillères », provoquant une gaieté incoercible. Pour un peu (et s’il y avait la place) on irait danser avec Hermosa « Et digue, digue, digue, diguediguedon ! Mariez-vous donc ! ».

     Corinne Baeriswyl a conçu des costumes soyeux, colorés, élégants. Les perruques d’Anny d’Avray sont seyantes, cette compagnie Théâtre Montreux-Riviera vaut le voyage jusqu’au périphérique !

     Alors ?

     Lançons-nous dans les rimes : La Créole de Tulipatan, un divertissement épatant !

 

 

 

La Créole de Tulipatan

vaudeville musical d'Offenbach

Jusqu’au 31 décembre 2007

Théâtre 14 Jean-Marie Serreau

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12:53 Écrit par Dadumas dans Musique, Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Théâtre, Musique |  Facebook | |  Imprimer