31/01/2009
Livres (suite)
Les arbres de Ville-Évrard lorsqu’ils deviennent passage des cigognes dans le ciel d’Armand Gatti est un poème fleuve qui serpente et divague du ciel à la terre, de l’hôpital où furent internés Camille Claudel et Antonin Artaud, de la banlieue à la forêt de Berbeyrolle, de La Turbie aux bouleaux d’Auschwitz avec trente cinq « stagiaires » de quatorze pays différents.
« Un arbre peut-il se dire autrement que dans le cosmos ? » demande Gatti.
Comme Gatti, éternel révolté qui apostrophe le ciel, à quatre-vingt-cinq ans, l’homme, lui ressemble dans « sa vérticalité insurrectionnelle ».
Les arbres de Ville-Évrard d’Armand Gatti
Publié avec le concours du C. N. L.
Editions Verdier, 14 €
18:02 Écrit par Dadumas dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, poésie, théâtre | Facebook | | Imprimer
29/01/2009
Le rôle de leurs rêves
Le titre donne le ton. Dans la version originale, l’inspecteur s’appelait « Hound », nom d’une race de chiens destinés à la chasse. Pour la version que Jean-Luc Revol met en scène et dont il signe le texte français, c’est l’onomatopée de l’aboiement qui nomme l’inspecteur. Les autres personnages suivent le même chemin parodique, conformément à l’esprit de Tom Stoppard, car tout peut se traduire quand on a l’intelligence et le goût des turlupinades. L’auteur, et l’adaptateur mêlent avec art l’esprit du boulevard du crime et celui du cabaret de chansonniers. Le genre policier bascule dans la bouffonnerie et le public s’amuse.
Deux critiques dramatiques, Lunule (Jacques Fontanel) et Deboulette (Eric Théobald), assistent à la représentation d’une pièce policière. Lunule est l’intérim d’un certain Ferson, son chef de rubrique, absent. Deboulette, homme à femmes est sorti la veille avec la jeune première dont il vante les mérites artistiques à Lunule assez sceptique, uniquement préoccupé de savoir où est passé Ferson. La pièce commence, Les costumes d’Aurore Popineau sont congruents, mais les lumières de Philippe Lacombe soulignent les effets spéciaux sur des personnages stéréotypés, une situation convenue, et des comédiens qui jouent dans l’outrance, et volontairement à contretemps. Les rires redoublent.
La femme de ménage expose la situation gravement et avec force clichés. Dans le manoir de Muldoon, « coupé du monde » par la marée et « le brouillard qui se lève », il se passe des choses étranges. Sir Albert Muldoon a disparu un an auparavant, son frère infirme Magnus (Elrik Thomas) s’est installé auprès Lady Cynthia qu’il courtise. Un jeune homme, Simon (Pierre Deladonchamps), vient d’arriver et se partage les faveurs de la voluptueuse Cynthia (Viviane Marcenaro) et de son invitée Felicity (Anne Bouvier). La police recherche un criminel qui s’est échappé, et un cadavre, que nul ne semble remarquer, gît sous le canapé (Décor Sophie Jacobs). Lunule, très cuistre, commente sérieusement. Deboulette est fasciné par l’actrice qui joue Cynthia et a oublié qu’il est venu pour celle qui joue Félicité.
Le deuxième acte « a du mal à tenir ses promesses », mais l’inspecteur Whaff (Jean-Luc Revol) remarque enfin le cadavre, et pendant l’entr’acte du troisième acte, Deboulette passe sur scène, et devient Simon. Nous ne dévoilerons pas comment, toutes les conventions périclitant, Lunule se retrouve aussi sur scène, troquant le carnet du critique contre celui de l’inspecteur. Lunule et Deboulette vivent le rôle de leurs rêves… Mais pas pour très longtemps…
Les comédiens sont irréprochables et la malice de Jean-Luc Revol chatouille délicieusement les zygomatiques.
Pour compléter la fête, les auditeurs du Masque et la Plume auront droit à un jeu supplémentaire.
Qui se cache derrière les noms-valises de Ferson et de Leonardiliot ?
L’inspecteur Whaff
De Tom Stoppard
Texte français de Jean-Luc Revol
depuis le 27 janvier
Théâtre Tristan Bernard
01 45 22 08 40
19:38 Écrit par Dadumas dans Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : théâtre, revol, stoppard | Facebook | | Imprimer
26/01/2009
Pour une nuit ou pour la vie ?
Au théâtre, vous le savez, « tous les genres sont bons sauf le genre ennuyeux. » Pour ceux que les drames sanglants rebutent, et qui souhaitent se distraire en rencontrant des personnages à qui ils ressemblent ou à qui leurs ami(e)s ressemblent, "y’a c’qui faut en magasin"…
J’me sens pas belle fut d’abord un de ces films sur lesquels les distributeurs ne misent pas et qui font un succès populaire. Le réalisateur, auteur du scénario, Bernard Jeanjean l’avait écrit avec « sa muse » : Martine Fontaine. Comme les protagonistes sont deux, il était aisé de le transposer pour la scène, dans un lieu unique.
C’est fait. La mise en scène est signée Jade Duviquet, et Yvon Martin (Paul) donne la réplique à la muse, Fanny (Martine Fontaine). C’est l’histoire d’un amour naissant qui balbutie un peu, quand on ne sait pas si ce sera du genre « brève rencontre », ou « grande aventure », pour une nuit ou pour la vie.
Fanny n’est pas sûre d’elle, elle ment. Paul ne comprend pas quel jeu elle joue.
Le décor réaliste de Dorota Kleszcz. ne cache aucune des trivialités quotidiennes. Et pourtant, ils nous attendrissent avec leurs petites cachotteries, leurs petits artifices et leurs gros chagrins.
Ils se dévoilent peu à peu. L’un danse, l’autre écrit de très jolies chansons. Et le spectacle est charmant.
Alors, on leur souhaite d’être heureux longtemps et d’avoir beaucoup de spectateurs…
J’me sens pas belle
de Bernard Jeanjean
Manufacture des Abbesses
01 42 33 42 03
Du jeudi au samedi à 21 h, dimanche à 17 h
photos : François Vila
17:55 Écrit par Dadumas dans Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : théâtre | Facebook | | Imprimer