19/01/2009
Les filles de Tchekhov
Les sœurs Lecharme sont quatre. Elles se retrouvent chaque année la nuit de la Saint-Jean. Leur papa ayant eu le mauvais goôt de décéder dans la nuit du vingt-quatre au vingt-cinq décembre, leur maman a préféré le solstice d’été à celui d’hiver pour fêter… Noël. Mais cette année, Maman n’est plus là, et Sophie (Anne Richard) la plus jeunes, divorcée, à qui elles ont laissé l’usufruit et la charge de la maison, les attend avec sa fille Julie (Constance Carrelet), en pleine crise d’adolescence. Son père, emmène en vacances sa nouvelle conquête et l’abandonne une fois de plus !
Tchekhov n’aurait pas renié ces filles-là. Françoise dite Fanfan (Annick Blancheteau), l’aînée, veuve sans enfant, toujours critique, est « usante », Martine (Martine Mongermont) cherche encore le compagnon idéal, et Lucie (Françoise Lépine) à quarante ans, cachetonne en banlieue ou dans des pubs minables. Dans ce jardin sans hommes, s’invite Solange Pinson (Martine Pascal), une collègue de Sophie, à qui il n’arrive que des malheurs.
Toutes ces solitudes pourraient tourner à l’aigre. Il n’en est rien. Ces femmes sont courageuses, généreuses, douées pour être solidaires et optimistes. Il faudra vendre la maison, renoncer provisoirement aux hommes, mais grâce à leur sens de l’humour, elles viendront à bout des rancoeurs et des griefs.
Les comédiennes dirigées par Annick Blancheteau et Jean Mourière, s’accordent harmonieusement pour donner, sur scène, une belle leçon de philosophie signée Isabelle de Toledo. Avec elles, on croirait presque que la crise n’existe pas…
Réveillon d’été d’Isabelle de Toledo
Théâtre Michel
01 42 63 35 02
19:19 Écrit par Dadumas dans Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : théâtre | Facebook | | Imprimer
L’amour de Célimène
On nous avait annoncé du « moderne » pour ce Misanthrope, mais, à part les costumes contemporains, et la méridienne façon peau de vache, notre Molière y retrouve tout son texte honnêtement interprété. Pas de clinquant anormal. Pas de provocation intempestive. On cherche un peu les « rubans verts » d’Alceste, et les « grands canons », la « vaste rhingrave », « l’amas des rubans » de Clitandre, mais l’essentiel n’est pas dans le paraître, chacun le sait.
Philinte (François Lescurat) montre un naturel qui charme, Éliante (Caroline Piette) reste élégante et digne dans son jean, Arsinoë (Myriam Derbal) très sérieuse, manque un peu d’ambiguïté, et l’on comprend ces messieurs qui prétendent à l’amour d’une Célimène (Véronique Sacri) à la fois coquette et tendre. Acaste (Gérald Cesbron) est un vibrant persifleur, Clitandre (Donat Guibert) verse dans « le vice à la mode » et parade comme un coq. Oronte (Alain Veniger) héron solennel a peroxydé sa chevelure pour souscrire à l’artifice de la « perruque blonde ». Alceste (Enrico Di Giovanni qui met aussi en scène) tient son rôle en tension du début à la fin. La colère ne le lâche pas : rude épreuve !
Quand Célimène tient salon (Acte II, scène IV), juchée sur le bras de la méridienne, sa petite cour l’entoure et l’encense bruyamment au jeu de médisances. Alceste, en recul, dans l’ombre se morfond sur un siège de plexiglas transparent. Ainsi muet et solitaire, il touche mieux que dans le débit enragé qu’il adopte le plus souvent. Le rôle est difficile, la pièce sombre, voire désespérée. Et les contradictions d’Alceste touchent encore bien des hommes…
Le Misanthrope de Molière
Théâtre Mouffetard
Jusqu’au 21 février
01 43 31 11 99
17:41 Écrit par Dadumas dans Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : théâtre | Facebook | | Imprimer
07/01/2009
Fréquence Théâtre
C’est une revue publiant des pièces de théâtre.
Le N° 41 propose deux pièces de Patricia Levrey : Quand la Chine s’éveillera et À cloche-pied deux comédies au rythme effréné, rebondissement en cascades, et personnages déjantés.
On ne s’ennuie pas dans le théâtre de Patricia Levrey, on en oublierait presque de respirer. Pas de temps mort, des situations inattendues et de l’humour sans vulgarité. Les femmes y ont de beaux rôles, dynamiques et volontaires, et les hommes, même les durs à cuire, les blasés, ne peuvent pas leur résister.
Un bon remède contre la sinistrose.
À lire et monter entre amis…
Editions de la Traverse
Prix : 10 €
23:19 Écrit par Dadumas dans Livre, Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : livres, théâtre | Facebook | | Imprimer