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26/01/2009

Une famille impossible

Cécilie (Isabelle Carré) est infirmière dans le service du docteur Henrik (Éric Berger) à l’hôpital. Elle est aussi sa maîtresse. Le docteur Henrik est marié et Cécilie pleure de solitude le soir.

Sylvia (Hélène Viaux) est aussi célibataire, mais elle a un enfant de huit ans, Jim (Micha Lescot) qu’elle amène à la consultation. Elle a aussi un père abusif (Jean-Yves Chatelais). Mais pourquoi prétend-elle qu’il est décédé ? Le temps de prévenir le service de protection de l’enfance, d’apprendre qu’Henrik est le suborneur de Sylvia, et le grand-père casse la figure du médecin, puis tout se déglingue dans le blanc service hospitalier.

Ce pourrait être un vaudeville, et c’est un drame sanglant. Le décor de Patrick Dutertre est ravagé, l’infirmière transpercée d’un coup de couteau, le grand-père assassiné, la mère poignardée. Jim a exterminé sa famille et encourage tous les enfants à agir de même.

La faute à qui ? Au « sale gosse », « un garçon impossible », mal aimé, trop vite grandi, qui juge les adultes coupables de son mal être. Qui est le véritable monstre, Jim ou le grand-père ? Et Henrik, n’est-il pas aussi responsable ? Et si c'était la famille, qui était « impossible », ?

L’audace d'Un garçon impossible la pièce de Petter R. Rosenlud* est de revendiquer « l’étoffe de nos cauchemars » comme le tissu existentiel de ses personnages. Jean-Michel Ribes en montre l’humour noir, en donnant aux comédiens un rythme soutenu. La violence jaillit de la sarabande des personnages, véritables marionnettes animées par des mœurs hypocrites. Les comédiens sont tous excellents.

Jean-Michel Ribes, renommé pour son génie comique, prouve qu’il maîtrise aussi le sens du tragique.

 

 

 

 

 

Un garçon impossible de Petter S. Rosenlud,

texte français de Terje Sinding

Théâtre du Rond-Point

 

01 44 95 98 21

* première création en France, en novembre 2006, à l’Étoile du Nord, par Richard Leteurtre

 

 

 

 

11:14 Écrit par Dadumas dans Théâtre | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : théâtre, ribes, rosenlud |  Facebook | |  Imprimer

Résister

Il faut une sacrée dose d’humour pour faire rire de son pays miné par le chômage, les interdits religieux, la corruption. Dans Tous les Algériens sont des mécaniciens ce n’est plus seulement Fellag, qui rit des misères quotidiennes. Il s’est donné une partenaire, Shéhérazade (Marianne Épin), femme algérienne entre toutes les femmes, qui se débrouille, comme lui, pour survivre quotidiennement dans un pays, où l’eau courante est rationnée, le travail rare, les objets manufacturés introuvables.

Quand «  le neuf n’existe pas », les plus ingénieux bricolent des pièces « provisoires » qui peuvent durer « trois ans ». Leurs histoires sont celles de tout un peuple qui pour résister, reconstruit une « fraternité originelle » autour… des voitures à réparer. Chacun se montre inventif et compétent. D’ailleurs, lui ne reconnaît le parent ou le voisin dont on lui parle que lorsque Shéhérazade lui dit « à quelle voiture il appartient ».

Trois rangées de draps accrochés construisent le décor. Le soleil les baigne. Le couple loge dans « un bidonville trois étoiles », et leur entente les a préservés des méchants. Il n’exprime nulle acrimonie contre les Français restés « centre trente-deux ans » en Algérie et qui n’ont « même pas appris à dire au revoir ». Il considère maintenant les Chinois, « peuple discipliné, docile », en « étrangers étranges ». Et Prévert n’est pas loin… Fellag et Marianne Épin, époustouflants de naturel, conversent ensemble et avec le public. La salle rit par houles généreuses.

Le spectacle s’émaille d’anecdotes, de réflexions politiques, historiques et même philosophiques.

Leurs rêves s’effondrent, la vie ne les a pas gâtés, mais il reste la vie. Et, tel Zorba le Grec, Fellag danse sur les décombres…

 

 

 

 

 

Fellag

Jusqu’au 28 février

Théâtre du Rond-Point, 18 h 30

01 44 95 98 21

 

10:25 Écrit par Dadumas dans humour, Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : théâtre, humour, fellag |  Facebook | |  Imprimer

24/01/2009

Carmen pour rire

 Avez-vous déjà assisté à une répétition de Carmen ? Non ? Le metteur en scène l’interdit. Le chef d’orchestre ne veut pas. La diva n’autorise personne dans la salle. Eh oui ! l’Opéra se méfie des amateurs… Mais vous avez une chance inouïe avec Ô Carmen, Olivier Martin-Salvan, accompagné d’Aurélien Richard au piano, vous révèle tout, du cheminement de la création et des incidents de parcours. Vous allez suivre chaque interprète, chaque musicien, chaque technicien, depuis les auditions, jusqu’à la phrase finale.

Avec Anne Reulet-Simon comme dramaturge, Nicolas Vial a dirigé un comédien Protée et un musicien orchestre. Et quelle activité ! Sur le plateau nu : le piano, un banc et un tabouret ! Et pourtant Olivier Martin-Salvan ouvre toutes les portes : « cric », dit-il à la manière de Philippe Caubère. Et sa verve vous promène de la loge du concierge à la grande scène, des coulisses aux loges, des trappes à l’atelier de costume, de l’opéra aux différents domiciles des interprètes. Et je ne parle pas du décor imaginé par le génial metteur en scène, qui transforme Séville en fête foraine, les contrebandiers en forains, les cigarières en fabricantes de barbe à papa, et les taureaux en chevaux de bois… Escamillo proteste, les autres se soumettent. Don José tombe du mur d’escalade et laisse la place à sa doublure qui errait dans les sous-sols du bâtiment. Escamillo impose son tempo au chef d’orchestre.

Cette revue cocasse n’épargne ni les revendications des techniciens qui crient : « grève ! », ni les lois syndicales : « deux heures et demie pour les enfants », ni les doutes des artistes, ni les certitudes du maestro. Olivier Martin-Salvan allie le sens de l’observation à un esprit critique sans amertume, et, de plus, il chante. Toutes les voix : Michaëla, Carmen,  Don José, la Garde montante, Escamillo, ils sont tous sur la scène ! Même la critique spécialisée. Le piano, sous les doigts d’Aurélien Richard, roule dans les graves, s’égaille dans la légèreté, suggère des intensités. Carmen revisitée n'est plus un drame, mais une chronique pour rire.

Cet opéra appelé modestement « clownesque » est un miracle de burlesque…

Ne le manquez pas.

 

 

 

Ô Carmen

Théâtre du Rond-Point à 18 h 30

Jusqu’au 28 février

01 44 95 98 21

21:39 Écrit par Dadumas dans culture, Musique, Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : théâtre, opéra, carmen |  Facebook | |  Imprimer