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11/02/2011

Recrutement spécial

 

 

 

Du temps où le travail existait, les responsables de l’embauche avait à cœur de choisir le meilleur candidat. Aujourd’hui, afin de pourvoir un poste, on multiplie les entretiens afin d’éliminer, avec les pires méthodes. Celui qui reste est-il compétent ? Peut-être ! En tout cas il est cuirassé contre toutes les attaques psychologiques, et prêt à ouvrir toutes les chausse-trapes pour évincer les autres concurrents. Qu’il connaisse le marché, les dossiers, on s’en tape ! Ce qui est important c’est qu’il reste seul…

théâtre tristan bernardC’est avec cette méthode, dite Méthode Grönholm, du nom de la maison mère sise en Suède, que Jordi Galcerán imagine l’entretien auquel sont convoqués, ensemble, Marc (Lionel Abelanski), Pierre (Philippe Vieux), Charles (Yannis Baraban) et Julie (Marie Piton). Les personnages oscillent entre sadisme et sentimentalité, et les comédiens assument toutes les horreurs de leurs rôles. Le décor d’Olivier Post est limpide, les lumières soutiennent l’action.

Au jeu des faux-culs, tous les coups bas sont permis. Et le plus répugnant gagne ! Enfin, pas vraiment, car le dénouement se voudrait « moral ». Encore faut-il se demander si ceux qui démasquent l’hypocrite ne sont pas les plus salauds…

Mis en scène par Thierry Lavat qui signe aussi l’adaptation, quatre comédiens aguerris mettent en garde les spectateurs naïfs contre les manipulations dans les entreprises. On en apprend de belles ! Le texte est mordant, construit dans une progression qui tient en haleine jusqu’au bout.

La soirée serait excellente sans la réflexion qu’elle suscite. On se flingue tout de suite ou on fait la révolution ?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La Méthode Grönholm de Jordi Galcerán

Théâtre Tristan Bernard

Du mardi au samedi 21 h

O1 45 22 08 40

 

photo : © BM Palazon 

 

 

10:38 Écrit par Dadumas dans Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : théâtre tristan bernard |  Facebook | |  Imprimer

10/02/2011

Désir d’orient

 

 

 

 

En France, ce fut le film d’Elia Kazan, Un tramway nommé Désir qui révéla Tennessee Williams au grand public, au début des années 50. Depuis, bien des mises en scène de la pièce se sont succédé, mais aucune ne peut faire oublier le regard halluciné de Vivian Leigh et les muscles de Marlon Brando, saillants sous le maillot humide de sueur. Aussi, le spectateur est-il dérouté, quand Lee Breuer, pour l’entrée de la pièce au répertoire de la Comédie-Française, cède à un désir d’Orient et en donne une lecture japonisante.

Blanche Dubois (Anne Kessler), fille de propriétaire ruiné, demande asile à Stella sa sœur (Françoise Gillard), mariée à un prolo, Stanley Kowalski (Éric Ruf). Le logement de la Nouvelle-Orléans est petit, peu confortable, les potes de Stanley, Pablo (Christian Gonon), Steve (Bakary Sangaré), Mitch (Grégory Gadebois) envahissants, la voisine Eunice (Léonie Simaga) pas très discrète, et Stella est enceinte. Des querelles éclatent continuellement. Des désirs taraudent les uns et les autres. Stanley ne va pas tarder à découvrir la vérité sur Blanche et il précipite la déchéance de sa belle-soeur.

Alors que piano, trombone, saxo, guitare, lient les scènes par un jazz-band, très couleur locale, le metteur en scène, refusant le réalisme et la touffeur de la Louisiane, dirige une scénographie tout en tréteaux, cloisons, écrans peints, panneaux mobiles. Comme Blanche Dubois, Il veut "de la magie". Il utilise les avant-scène et les sorties vers la salle, les trappes comme au kabuki et les servants masqués du bunraku, qui au lieu de manipuler les marionnettes, apportent les accessoires aux protagonistes. Le mouvement du décor place les situations dramatiques dans une instabilité perpétuelle.

Le désordre inscrit dans l’espace figurerait-il celui, psychologique, de Blanche ? Mais où est la promiscuité qui génère les tensions dans le deux-pièces minable des Kowalski. Trop de beauté dans les tableaux, les costumes (Renato Bianchi), les lumières (Arnaud Jung) contredisent le texte. La traduction de Jean-Michel Déprats n’est pas en cause. Le parti pris du metteur en scène contraint les comédiens à des afféteries inutiles. L'utilisation de micros aggrave cette impression.

Grégory Gadebois et Françoise Gillard gardent leur naturel et c’est alors un vrai plaisir de retrouver l’atmosphère sensuelle et colorée de ce Sud troublant.

 

 

 

 

Un Tramway nomme Désir de Tenessee Williams

Traduction de Jean-Michel Déprats

Comédie-Française

Du 5 février au 2 juin

www.comedie-francaise.fr

 

 

Ceux qui luttent

 

 

 

Pour Gérard Gelas comme pour Hugo, « ceux qui vivent sont ceux qui luttent ». On comprend que la dialectique de la pièce de José Pablo Feinmann l’ait séduit et qu’il ait voulu la mettre en scène.

Olivier Sitruk (Che) est la thèse de la violence révolutionnaire et Jacques Frantz, son antithèse. Les deux protagonistes (ne devrait-on pas parler d’antagonistes ?) s’opposent, et Guillaume Lanson, Laure Vallès et François Santucci figurent « les autres », (soldatesque, amour, adversaires), suivant les camps et les époques où ils agissent. Car l’affrontement est permanent et des retours en arrière, scindent la trajectoire du Che.

On sait bien que le Che va mourir, mais la qualité de l’interprétation maintient les spectateurs dans une attente passionnée. Enfin… ceux qui ont une conscience politique.

 

 

 

 

 

Le Crépuscule du Che de José Pablo Feimann

Traduction de Marion Loran

Petit-Montparnasse

Du mardi au jeudi à 19 h, dimanche à 15 h