07/11/2014
Exposition chez Hugo
Une nouvelle exposition, Regards croisés, à la Maison de Victor Hugo, présente, à travers les photographies, les mises en scène de quatre pièces de Hugo : Marie Tudor, Angelo tyran de Padoue, Ruy Blas, Les Burgraves, photos du centenaire (1902), dont l'affiche fut éclatante et la réussite triomphale, grâce à Lucien Guitry, le metteur en scène, Paul Meurice, Mounet Sully, et Mme Segond-Weber.
(dessin du carnet de Voyage sur le Rhin, 1839 : ce dessin est le prémisse des Burgraves)
(Affiche des Burgraves en 1902)
On connaissait l’engouement de Victor Hugo et de ses fils pour l’art de la photo, qui devient dès 1850 « un formidable outil de communication. » Alexandrine Achille, commissaire de l’exposition, note que la presse, « alliée incontournable », dès 1850, « relaie le portrait photographique ».
Aujourd’hui, les photos de Nadar, de Carjat, et tant d’autres constituent un précieux témoignage des mises en scènes des siècles passés. Elles sont une riche base de documents pour l'Histoire du Théâtre.
Les photos d’Agnès Varda affirment le génie de Jean Vilar, et ce n'est pas émotion qu'on revoie Christiane Minazzoli qui vient de nous quitter et Gérard Philipe resté le héros romantique, Ruy Blas, cher à nos coeurs.
© Agnès Varda
Les photos de Bricage révèlent l’esthétique d’Antoine Vitez, et celles de Raynaud de Lage, montrent la modernité de Christophe Honoré.
On regrette de n’y pas trouver des photos de Bernand ou d’Enguérand sur les mises en scène de Jean-Louis Barrault, de Vitez et tant d’autres, car si Les Burgraves sont rarement joués, les pièces : Marie Tudor, Angelo tyran de Padoue, Ruy Blas, sont souvent montées.
Et puisque, se glissent aussi dans l’exposition, des photos de la dernière mise en scène de Lucrèce Borgia à la Comédie-Française, pourquoi pas celles d'Enguérand dans la magnifique mise en scène d’Antoine Vitez ?
© Raynaud de Lage
Regards croisés
Maison de Victor Hugo
6, place des Vosges
75004 Paris
6 novembre 2014 au 1er mars 2015
14:02 Écrit par Dadumas dans Blog, culture, Histoire, Littérature, Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : théâtre, exposition, maison victor hugo, photographie | Facebook | | Imprimer
06/11/2014
Au nom du père
Ils sont incroyables les pères ! Ils veulent tout diriger dans la vie de leurs enfants, ils emploient quelquefois la manière forte pour être obéis et ils voudraient qu’on les aime. Il en est même un que Dominique Warluzel imagine, dans Fratricide, jouant au Roi Lear en laissant, par testament authentique, sa fortune à celui de ses fils qui lui témoignera le plus d’attachement, ou à part égales, s’ils prouvent l’un et l’autre leur affection… devant notaire ! (Bertrand Nadler ou Franck Borde)
Jean (Pierre Santini) et Fabien (Jean-Pierre Kalfon) sont frères. Ils ne se sont pas vus depuis vingt ans et se retrouvent chez le notaire pour la lecture du testament. Salon douillet, velours rouge, whisky offert (Décor, Catherine Bluwal), les deux hommes vont s’affronter et déballer leurs souvenirs. Les lumières de Marie-Hélène Pinon basculent.
Jean a réussi sa carrière d’avocat. Fabien était en prison. Engagé volontaire très jeune, pour échapper à sa famille, il a d’abord été inculpé pour « vol de matériel militaire », puis adhérent à l’O. A. S., chassé de l’armée, il est devenu proxénète avant de terminer assassin.
Fabien est brutal : « J’ai jamais aimé mon père. » Car ce père, dit-il, ne l’a jamais aimé, et a toujours préféré Jean. Il montre un paquet de lettres qu’il lui a envoyées et qui lui ont été retournées, avec la mention « retour à l’envoyeur ».
Au nom du père, les reproches pleuvent que Jean s’efforce d’atténuer. Mais la rage de Fabien ne tarit pas, jusqu’au moment où Jean lui révèle que lui-même a un fils, jusqu’à ce que la dernière compagne du « vieux », apporte le codicille qui va tout changer au testament.
Vous dire que les deux comédiens, protagonistes du duel familial, sont extraordinaires paraît banal, tant l’intensité des échanges est mordante, l’ironie du texte capricante, leur langage cru.
On ne choisit pas sa famille, mais on peut choisir son spectacle. Je vous recommande celui-ci.
Photos : © Patrick Osenda
Fratricide de DominiqueWarluzel
Mise en scène, Delphine de Malherbe
Théâtre de Poche-Montparnasse
01 45 44 50 21
Du 4 novembre au 1er mars
19h du mardi au samedi, dimanche 17h30
Et, toujours au Poche Montparnasse,
Mise en scène, Daniel Colas
Avec Marianne Epin, Daniel Colas, Mathilde Penin, Philippe Rigot
Depuis le 28 octobre et jusqu’au 11 janvier
21h du mardi au samedi, dimanche 15h
Photo © Brigitte Enguerand
15:12 Écrit par Dadumas dans Blog, Histoire, langue, Théâtre | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : théâtre, théâtre de poche-montparnasse, pierre santini, jean-pierre kalfon, delphine de malherbe | Facebook | | Imprimer
21/10/2014
Dans sa peau
Elle(Laurence Pollet-Villard) est assise à une table de bistrot, un verre de rouge devant elle.
Elle raconte des histoires d’amour. On pense s’abord qu’il s’agit des siennes. Qu’elle est passé de Siegfried à Jann, mais quand elle parle de Ginette, Anna et Marguerite, on doute…
Et quand elle nous apostrophe : « Regardez mes mains ! », quand elle demande : « Qu’est-ce que vous auriez fait ? », puis : « Est-ce que je donne assez de détails ? », on a envie de lui parler. Elle n’aurait pas à insister beaucoup : « vous n’auriez pas un souvenir à me prêter », pour qu’on lui donne les romances qui ont ensoleillé notre vie.
Car il y a chez Laurence Pollet-Villard une sororité naturelle qui incite à la confidence. Sa voix vibrante et son charme naïf nous poussent vers elle. La mise en scène de Véronique Kapoian joue de cette empathie puisqu’elle laisse la comédienne venir vers le public, puis parmi les spectateurs.
« La substance qui court dans la peau » d’Élisa, irrigue la poésie sensuelle de Carole Fréchette, Et la métaphore de la « peau qui pousse » est une bien jolie idée pour dire le vieillissement qui nous guette. Mais est-ce que les histoires d’amour peuvent empêcher que la peau de nos mains ne plisse pas, que celle de nos genoux ne se craquèle, celle du visage ne s’affaisse ?
N’empêche, on voudrait bien êtres dans sa peau…
La Peau d’Élisa de Carole Fréchette
jusqu’au 30 décembre à 19 h 15, les mardis et mercredis
Théâtre Michel
Tel. 01 42 65 35 02
www.theatre-michel.fr
19:06 Écrit par Dadumas dans Blog, Littérature, Poésie, Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : théâtre, théâtre michel, carole fréchette | Facebook | | Imprimer