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06/04/2016

Loki, notre ancêtre Viking

 

 

 

 

Théâtre, Etoile du Nord, mythologie, Abbi Patrix, Linda EdsjöJ’aime bien les histoires de dieux. Celle des mythologies étrangères au Dieu chrétien me fascinent puisqu’elles envisagent sereinement le crépuscule et la mort des divinités. Et celles que racontent Linda Edsjö et Abbi Patrix sont merveilleuses.

Il faut dire que leur texte s’inspire des Poèmes eddiques du XIIe siècle, des travaux de Georges Dumézil, Régis Boyer, Kevin Crossley-Holland, Marit Jerstadt et même de J. R.R. Tolkien. On y retrouve les combats des géants et des dieux, les rivalités des uns, les faiblesses des autres, et toujours, des êtres hybrides, qui se transforment pour berner ou séduire.

Vous connaissez certainement Thor ou Odin, mais avez-vous entendu parler de Baldr ? et  surtout de Loki ?

Qui ? dites-vous, Loki, « le parfait miroir de notre ambivalence. » dit Abbi Patrix. Un trublion, un rebelle, un gaffeur aussi. Il serait responsable de bien des catastrophes.

Linda Edsjö et Abbi Patrix nous les content. Et c’est un pur moment de plaisir.

C’est d’abord la création du monde, juste avec leurs voix, des percussions et des bruitages qu’une réalisation électroacoustique magnifie. Le dispositif scénographique et la création lumière de Sam Mary transportent le spectateur dans un monde irréel, magique. Puis viennent les géants, les dieux, et Loki. Il y a des craquements, des frottements, des incantations, des mélopées, des grondements, une épopée...

Le monde naît, se métamorphose, et se consume.Théâtre, Etoile du Nord, mythologie, Abbi Patrix, Linda Edsjö

Linda Edsjö et Abbi Patrix parlent, chantent, dialoguent, troquent un bonnet pour une couronne de fleurs, deviennent des géants, des nains, des humains, et sans perdre le nord, embarquent le public pour un voyage dans un espace méconnu…

Vous croyiez encore que nos ancêtres étaient des Gaulois ?

Allez donc voir du côté des Vikings, ils vous montreront combien ils sont proches de vous.

 

 

Loki pour ne pas perdre le nord de Linda Edsjö et Abbi Patrix

Feuilleton mythologique de et avec Linda Edsjö et Abbi Patrix

Théâtre de l’Etoile du nord

Du 29 mars au 16 avril

01 42 26 47 47.

 www.etoiledunord-theatre.com

Le texte de la pièce est publié chez Paradox, 10 €

 

Rencontre franco-suédoise

Jeudi 14 avril de 14 h à 18 h 30

 

 

 

 

18/03/2016

Le mari ou le cartable

 

 

théâtre,artistic,catherine benhamouAna ne sait ni lire ni écrire. Mais elle est intelligente. Elle allait encore à l’école quand un mari est venu l’enlever à sa famille, puis à son pays. Elle vit depuis vingt ans en banlieue parisienne et n’a jamais vu la tour Eiffel. À l’occasion d’un atelier d’écriture, elle va découvrir la puissance des mots, la force des idées, l’expression des sentiments. Alors lui reviennent les contes du grand-père, les images de l’enfance, le désir de vivre autrement.

Ghislaine Beaudout met en scène Ana ou la jeune fille intelligente de Catherine Benhamou, auteure et comédienne. Pas de décor, un mobilier sobre, noir, comme l’écran du fond, sur lequel la vidéo de Rosalie Loncin projette lettres et mots, et au sol, un graphisme blanc, jeu de l’oie en marelle escargot. Anna est doublée d’une marionnette portée (Marionnettistes : Claire Vialon, ou Juliette Prillard, ou Natacha Stoyanova), qui figure l’adolescente dépossédée d’elle-même par la décision des adultes : « Donne ton cartable. Tu n’en auras plus besoin. Tu vas partir avec ton mari. ». La voix d’Émile Salvador est celle du mâle : grand-père ou mari. Ana ne peut choisir entre le mari ou le cartable. Elle doit accepter le mariage.

Vingt ans plus tard, elle décortique le mot. Dans « mariage », il y a « rage » (ce qu’elle éprouve), « agir » (ce qu’elle fait), « amer » (comme les amandes qu’elle ramassait), « mari » (celui qui l’arrache à sa vie d’écolière), « maigre » (ce qu’elle était à quinze ans), « aimer » (qu’elle emploie sans en connaître la réalité), « air » (dont elle manque souvent), « arme » (pour se défendre), et encore « mer , « âge » , « marge » qui dansent dans sa tête et sur l’écran. Ana se meut dans la lumière de Charly Thicot, son double-marionnette disparaît dans l’ombre, réapparaît ici et là, comme sortie de la mémoire qui revient avec les mots qu’elle apprivoise.

Comment une femme illettrée se libère-t-elle d’un carcan imposé ? Le spectacle est de toute beauté, et la solution d’Ana est simple et efficace, puisque « personne n’est parti à (sa) recherche », sauf les spectateurs charmés.

 

 

 

Ana ou la jeune fille intelligente de Catherine Benhamou

(Prix lycéen 2013 de l’Inédithéâtre)

mardi, mercredi, 20 h 30,

jeudi, vendredi, 19 h

samedi  16 h et 20 h 30, dimanche, 15 h.

jusqu’au 17 avril,

"premiers aux premières, jusqu'au 31 mars"

Artistic Théâtre

01 43 56 38 32

www.artistic-athevains.com

 

 

 

 

17/02/2016

Des cavaliers légendaires

 

Théâtre, Théâtre La Bruyère, Kessel, littérature, Eric BouvronJe suis toujours réticente devant les adaptations de roman au théâtre. Et transposer Les Cavaliers, magnifique roman de Kessel, avec les steppes afghanes, ses chevaux, ses combats, le bouzkachi  qui "façonne les hommes",  ses tchopendozs (compétiteurs acrobates), ses personnages hauts en couleurs, avec quatre comédiens, sur la scène du Théâtre La Bruyère, je n’y croyais pas !

J’avais tort.

Éric Bouvron adapte, met en scène (avec la complicité d’ Anne Bourgeois) et joue une version qui tient du prodige. Tout y est fluide, juste, inventif. Il interprète Mokkhi, le saïs (palefrenier) de Jehol « le cheval fou » du jeune maître, il est aussi son père, Toursène, dur, cruel, injuste, et Guardi Guedj, « l’aïeul du monde ». Benjamin Penamaria est le fils, Ouroz (en alternance avec Grégori Baquet), qui accomplit le terrible voyage initiatique, va souffrir mille morts, perdre sa dignité et la regagner, il sera aussi Osman Bay, le propriétaire. Maïa Gueritte incarne d’abord le batcha (enfant serviteur) de Toursène, que le maître défigure d’un coup de cravache. Elle sera aussi Zéré la nomade tentatrice, la perfide qui pousse Mokkhi à la trahison. Théâtre, Théâtre La Bruyère, Kessel, littérature, Eric Bouvron

Pour décor il suffit d’un tapis, de quatre tabourets, d’un rideau que la lumière de Stéphane Baquet rend translucide, quelques accessoires, les costumes de Sarah Colas. Un musicien fabuleux, Khalid K recrée l’univers, avec le vent, le galop des chevaux, les coups de fouet, et tous les bruits du monde.

Et le cheval, qui, dans le roman est un personnage ? Si je vous dis qu’Éric Bouvron a complété sa formation d’acteur chez Jacques Lecoq, Peter Brook et Ariane Mnouchkine, vous aurez deviné que ce comédien fantastique sait donner au spectateur de quoi l’imaginer et le voir.

Le héros exorcise sa honte, le père accède à la pitié, le traître au repentir.

Et les spectateurs sont éblouis par ces Cavaliers légendaires si présents.

Courez-y… au galop, bien entendu.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Photos © Lot

 

Les Cavaliers d’après le roman de Joseph Kessel

Adaptation d’Éric Bouvron

Mise en scène d’Éric Bouvron et Anne Bourgeois

Théâtre La Bruyère à 21 h

01 48 74 76 99

Depuis le 3 février