18/05/2015
Fête du livre à Bougival
Ce ne fut pas « un mois à la campagne », comme dans l’œuvre d’Ivan Tourguéniev, ce fut un simple dimanche à la campagne… mais « chez » Tourguéniev, je veux dire dans sa datcha à Bougival où il mourut le 3 septembre 1883.
L’association des amis d’Ivan Tourguéniev, Pauline Viardot et Maria Malibran, accueillait les amis de Victor Hugo et ceux d’Auguste Strindberg pour une « fête du livre ».
Le soleil invita les participants à faire les premières lectures dans le parc.
Pour Hugo et Strindberg, associés cette année dans le « festival Hugo et égaux », Fabienne Vette, donna la réplique à Pierre-François Lamiraud dans une scène de Ruy Blas et de Mademoiselle Julie[1]. Puis, Antoine Goumy, spécialiste de Strindberg, présenta sa Princesse au petit pois d’après Andersen, adaptation qui fit un tel triomphe au Studio de la Comédie-Française la saison passée que le spectacle est repris du 29 mai au 28 juin cette année ! Et Pierre-François Kettler rejoignit Fabienne Vette et Pierre-François Lamiraud pour présenter une famille royale danoise béatement « heureuse »…
Le trio s’empara ensuite des textes de Danièle Gasiglia-Laster, Victor Hugo et George Sand / Et s’ils s’étaient rencontrés et Répétitions mouvementées, pour une goûteuse interprétation à laquelle Arnaud Laster et l’auteur furent associés.
Puis ce fut un extrait des Deux trouvailles de Gallus du Théâtre en liberté dont Arnaud Laster avait dirigé l’édition. Fabienne fut une Lison mélancolique, « charmante fille » partagée entre Harou (Pierre-François Lamiraud) paysan balourd et vaniteux et Gallus (Pierre-François Kettler) charmant tentateur.
Arnaud Laster retrouva les trois comédiens pour donner une scène dynamique de ma pièce Ce héros au sourire si doux. Il composa un Louis Hugo débonnaire face à un Léopold furieux (Pierre-François Kettler) et un Abel naïf (Pierre-François Lamiraud). Jamais je ne fus si bien servie !
Et nos pétulants comédiens donnèrent en une scène d’Hernani, et d’une de ses parodies, pour illustrer le livre de Sylvie Vielledent 1830 aux théâtres.[2] Un régal…
La seconde partie du programme se déroula dans le cabinet de travail de Tourguéniev. Boiseries bien cirées et atmosphère studieuse…
Alexandre Zviguilsky qui préside aux destinées du Musée, y présenta ses Cahiers Ivan Tourguéniev, Pauline Viardot, Maria Malibran n°7 (« Tourguéniev et l’Europe ») et n°9 (au sommaire : une lettre inédite de Tourguéniev à Victor Hugo, « Le Théâtre de Tourguéniev » par André Maurois et des documents de Camille Saint-Saëns), pour Un mois à la campagne de Tourguéniev et pour l’édition de luxe de Tourguéniev et Maria Savina.
Valérie Jeannet, lut quelques pages du roman historique Des écrivains russes dans la tourmente des années 1880 / Tourguéniev, Dostoïevski, Tolstoï de Jean de Boissel Des écrivains russes dans la tourmente des années 1880 / Tourguéniev, Dostoïevski, Tolstoï.[3]
Après l’intervention de Michael Paraire pour l’influence de Tourguéniev sur le théâtre d’Albert Camus, Olga Gortchanina éclaira sa thèse L’Identité culturelle d’Ivan Tourguéniev d’une scène de Un mois à la campagne dans laquelle Anna Zviguilsky lui donna la réplique.
Et enfin Marc Zviguilsky présenta sa pièce Le Chant des Frênes[4]écrite avec Catherine Fantou-Gournay. Il en lut une scène avec deux comédiens sensibles : Antoine Campo et Valérie Jeannet.
On se retrouvera, promis, l’année prochaine encore pour de belles lectures. Vous y viendrez certainement. On vous préviendra.
Musée Tourguéniev, 16, rue Ivan Tourguéniev, Bougival.
Bougival (Yvelines), Musée européen Ivan Tourgueniev, 16 rue Ivan Tourgueniev (En métro : ligne N°1 jusqu’à « La Grande Arche-La Défense » puis Gare routière prendre le bus 258 – direction St Germain – arrêt « La Chaussée-Musée Tourguéniev« ).
17:51 Écrit par Dadumas dans Blog, culture, Littérature, Livre, Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : théâtre, livre, hugo, tourguéniev, strindberg | Facebook | | Imprimer
26/04/2015
À lire et à jouer
Moi, Ota, rivière d’Hiroshima de Jean-Paul Alègre
C’est une belle idée, une idée de poète, de donner la parole à une rivière. Ota est celle qui traverse Hiroshima, celle qui est entrée en ébullition quand, il y a soixante-dix ans, le 6 août 1945, Little Boy frappa sa cible, libérant une chaleur de six mille degrés.
Jean-Paul Alègre restitue l’Histoire avec une grande maîtrise de dramaturge. Les scènes réalistes et proprement historiques où les présidents Roosevelt, puis Truman, et leur conseiller, Vannevar Bush (oui un Bush, déjà !) jaugent tranquillement les avantages de la bombe, alternent avec les scènes lyriques où la rivière chante la nature éternelle, et les scènes élégiaques où deux adolescents, le frère et la sœur, séparés par la guerre tentent de garder le lien familial.
Nous retrouvons ici l’auteur de Vol 2037, C’est Jean Moulin qui a gagné, Lettres croisées, Blanche Maupas ou L’Amour fusillé, qui explore le monde en humaniste. Il décrit la course insensée des hommes de pouvoir, le déchirement des humbles et leur combat pour la justice. Compositions chorales, ces œuvres s’inscrivent dans la belle lignée du théâtre épique, rarement parcourue par nos auteurs. Avec Moi, Ota, rivière d’Hiroshima, les morts innocents en appellent auprès des vivants responsables.
Le texte est magnifique.
La pièce vient d’être créée au Japon au théâtre Kaï de Tokyo. Une tournée est prévue là-bas. L'accueil y est triomphal. Moi, Ota, rivière d’Hiroshima, n’est pas encore jouée ici, en France, mais elle le sera grâce à l’édition.
Moi, Ota, rivière d’Hiroshima de Jean-Paul Alègre, éditions de L’Avant-Scène Théâtre, collection des Quatre-Vents, prix : 10 €
18:41 Écrit par Dadumas dans Blog, culture, Histoire, Livre, Théâtre | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : théâtre, japon, histoire, jean-paul alègre, livre | Facebook | | Imprimer
07/04/2015
Qui paye ses dettes ?
« Quel est l’heureux homme de ce siècle, qui à la suite de la déroute politique et de la banqueroute, des émigrations, des confiscations, des réquisitions, des appréhensions, des épurations et des invasions qui ont renversé toutes les fortunes, a toujours pu dire : Je ne dois rien ?... Quelle nation, assise sur des monceaux d’or aujourd’hui, pourrait dire : je ne serais jamais débiteur ?...
Notre jurisprudence reconnaît vingt-six natures de dettes. » […]
Vous avez des dettes ?
« Il est évident que le monde ne se compose que de gens qui ont trop et de gens qui n’ont pas assez ; c’est à vous de tâcher de rétablir l’équilibre en ce qui vous concerne.
Ce qui est dans la poche des autres serait bien mieux dans la mienne !
Ôte-toi de là que je m’y mette !
Tel est, en peu de mots, le fond de la morale universelle. »[1]
Emmanuel Demarcy-Mota a mis en scène Le Faiseur de Balzan. Sa version scénique est éblouissante, et la troupe qu’il dirige époustouflante. Toujours en équilibre instable dans un décor chaotique qui monte et descend comme les cours de la Bourse. Une trouvaille !
Monsieur Mercadet (Serge Maggiani) a des dettes et il s’en vante :
« Savez-vous pourquoi les drames dont les héros sont des scélérats ont tant de spectateurs ? C'est que tous les spectateurs sortent flattés en se disant : moi, je vaux encore mieux que ces coquins-là. Qu'y a-t-il de déshonorant à devoir ? Est-il un seul État en Europe qui n'ait pas sa dette ? »[2]
La pièce se joue à guichets fermés ? Réclamez une reprise, une prolongation… Lisez-la ! Et étudiez-la !
Le Faiseur de Balzac
Théâtre de la ville/ Théâtre des Abbesses
jusqu'au 11 avril.
19:39 Écrit par Dadumas dans Blog, culture, humour, Littérature, Livre, Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : théâtrte, littérature, théâtre de la ville, balzac, demarcy-mota, maggiani. | Facebook | | Imprimer