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31/10/2011

Robert Lamoureux

 

 

 

C’était un « diable d’homme » et un auteur que le public aimait. Il vient de nous quitter.

Il nous avait dit : « Je n’ai compris ce qui me faisait agir qu’après la cinquantaine. Avant, par pudeur, par timidité, je ne m’avouais pas ‘auteur dramatique’, bien que j’aie eu cinq ou six pièces jouées avec plus ou moins de bonheur, mais en général avec succès », et là, il avait touché du bois, par réflexe, mais il n’était pas superstitieux, et disait encore ; « Je suis plutôt sceptique dans la vie ».

Il se vantait d’avoir obtenu  à l’école, « le prix de camaraderie ». Il avait commencé par faire rire les copains car il avait joué, avec eux, dans la cour de l’immeuble, à Saint-Mandé, de petites pièces, puis écrit les revues de fin d’année du club sportif.

« J’ai écrit très tôt, bien avant de rentrer dans ce milieu et sans rien prétendre. J’avais joué des pièces de Jacques Deval, puis Faisons un rêve de Sacha Guitry. Pendant les représentations de cette pièce, j’ai commencé  à être démangé par l’envie d’écrire. J’avais un sujet qui me paraissait amusant et je l’ai raconté à Marcel Achard. Il m’a dit : « c’est une très bonne idée » et m’a encouragé à l’écrire, il me l’a même enrichi. Il s’agissait de La Brune que voilà. Dans la version que je lui avais racontée, il y avait un homme avec trois maîtresses. Il m’a dit : « Mets-en quatre, tu vas t’amuser davantage ! ». Il ne m’a pas dit comment me débrouiller, mais je l’ai écouté, j’en ai ajouté une quatrième en effet, et cette première pièce a été un gros succès. »

Il ne reniait pas ses débuts mais s’étonnait toujours du triomphe de « sa chansonnette, Papa, Maman, la bonne et moi » dont tant de gens se souviennent depuis 1950 et qui lui avait demandé « un quart d’heure de travail », alors que chaque pièce lui imposait « une énorme somme d’efforts, de déceptions, de désillusions, de fatigue, d’insomnie. »

Pour écrire, il se levait tous les matins à quatre heures et écrivait jusqu’à sept heures. « C’est une discipline, comme pour le sport. Il faut pratiquer tous les jours. Sans cesse il reprenait son travail. « Quand j’ai fini une pièce, j’en ai écrit au moins cinq !... Certaines pages sont écrites jusqu’à quarante fois. »

Il n’écrivait que des comédies : « Faire rire m’a toujours rendu heureux ».

Aujourd’hui, le rideau s’est définitivement baissé. Et nous sommes tristes.

 

 

 

 

Propos recueillis en Novembre 1989, avant la publication d’Adelaïde 90, N° 858 de L’Avant-Scène Théâtre.

 

19:44 Écrit par Dadumas dans cabaret, humour, Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : robert lamoureux, théâtre |  Facebook | |  Imprimer

24/10/2011

Théâtre à lire

 

Il existe des personnages romanesques qui vivent au-delà du roman dont ils sont les héros. Bien après leurs créateurs, ils inspirent d’autres auteurs. Certains même traversent les siècles.

Sous la plume de Robert Poudérou, le personnage central de La Chartreuse de Parme, - roman dont l'intrigue commence en 1815,- n’est plus Fabrice Del Dongo, mais la duchesse Sanseverina, et c’est autour d’elle que gravitent les protagonistes de la pièce que le théâtre stabile des Abruzzes lui avait commandée.

La Sanseverina, créée en 1999, a tourné pendant quatre ans en Italie. Parme, Venise, Padoue, Rome, Naples, autant de villes dont les noms nous font rêver.

Autour de la Sanseverina, Poudérou ne garde que Mosca, le Prince, Ferrante et une servante dévouée, Chekina. Et cette femme qui traîne tous les cœurs après soi, n’a qu’un  amour au cœur, celui qu’elle porte à son « enfant chéri », son neveu, Fabrizio.

Fabrizio suit son destin de proscrit secrètement protégé, par sa tante, et la douce Clélia, prisonnière des conventions se sacrifie pour lui.

Prologue, quatre actes, épilogue, il ne manque aucun détail pour que le drame romantique soit merveilleusement reconstruit. Et la langue ? « Conservée, filtrée, caressée, taillée » écrit Gilles Costaz dans sa postface. Elle restitue la « poésie verbale » de Stendhal.

Elle n’a pas encore été jouée en France. Découvrez-la vite !

 

PoudÉrouRobert, La Sanseverina, d’après La Chartreuse de Parme de Stendhal, postface de Gilles Costaz, éditions Orizons diffusion L’Harmattan, 14 €

09/10/2011

Absolution accordée !

 

Anca Visdei est une séductrice. Yeux sombres attentifs à toutes les nuances de la réalité, lèvres sensuelles ouvertes sur un sourire ravageur, corps superbe, elle joue de son charme et enveloppe son interlocuteur (qui peut aussi être une interlocutrice) de paroles chaleureuses et pertinentes. Mais qu’on ne s’y trompe pas ! À la moindre ébauche de contrariété, les perles et les roses se transforment en crapauds. Elle est de celles qui ne seront jamais soumises.

Elle s’en explique dans un récit romanesque, évidemment intitulé : Confessions d’une séductrice qu’elle vient d’adapter pour le théâtre. Et si tout n’y est pas autobiographique, elle ne peut guère se dissimuler derrière son personnage, d’autant que pour jouer la protagoniste, Éva, elle a trouvé son double, Amélie Racoua, et l’entente a été immédiate.

À partir du roman, l’auteur a fabriqué une heure et demie de spectacle drôle et sensible où le combat pour la liberté se dissimule sous la beauté et l’élégance des formes. Par un besoin impérieux du dialogue, la narratrice abandonne vite le monologue pour interpréter aussi les répliques d’invisibles partenaires. Puis d’’un geste preste, elle se coiffe d’un chapeau-galette à voilette et devient aussi « grand’mère Sophie », cette indigne vieillarde qui enseignait à la jeune Éva que les hommes ne donnent que deux choses : « les sous et le sperme. » Belle éducation ! Très loin des fadaises romantiques…théâtre,anca visdei

Le « je «  ayant glissé au « il », puis au « elle », il finit en « nous », avec un bienveillant partenaire, le pianiste Gilles Nicolas. C’est lui qui ouvre avec, en guise d’introït, la Marche nuptiale, qu’Éva, en grand deuil, interrompt pour exiger la Marche funèbre. Elle enterre son père, un homme tyrannique, prodigue, inconstant.

Sa vie peut commencer.

Le pianiste l’accompagne  dans la poursuite de ses rêves. Musiques de films, idéales pour celles qui se fait son cinéma. Musiques classiques : Offenbach (Vie parisienne, ou barcarolles des Contes d’Hoffmann), Bizet (la Habanera de Carmen), Bach, Mendelssohn…

Après Gérard, il y aura Lucien, Philippe, Steve, Jacques, Drago, Jesús-Maria, et le dernier, celui pour lequel, elle revêt la robe de dentelle ivoire qui accompagne… la Marche nuptiale.

 Le spectacle n’était parisien que pour six représentations. Je ne l’ai vu qu’à la dernière. La salle était comble. Souhaitons que l’équipe trouve une salle pour recevoir ces délicates Confessions.

Ce serait dommage de ne pas leur accorder une absolution enthousiaste.

 

 

Confessions d’une séductrice de Anca Visdei, mise en scène de l’auteur.

Au théâtre Darius Milhaud (mais c'est fini...)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

15:08 Écrit par Dadumas dans Livre, Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : théâtre, anca visdei |  Facebook | |  Imprimer