06/10/2009
Le temps d’apprendre à rire
Fred Pellerin est un conteur. Un chanteur aussi. Il nous vient du Québec.
Il entre en scène, et d’emblée, il nous est sympathique, avec sa guitare, ses cheveux fous, son pantalon écossais et l’accent de la belle province qui rappelle la France du temps où chaque région avait le sien.
Il doit être de la race des troubadours qui apportaient poésie, musique et légendes dans leurs étapes. Il chante : « La mort peut apparaître sans que vous l’attendiez », et pourtant, avec lui, la grande faucheuse n’est qu’un personnage comme les autres, parmi sa galerie.
Tous les gens de son village défilent. Le coiffeur et le « curé neuf », le forgeron et sa fille, la belle Lurette, le brasseur, et la mystérieuse dame « stroop », une « étrangère », qui défie les mœurs du bourg, et ne craint pas de braver la Mort.
Avec eux, près de Trois-Rivières, et avec lui, sur scène, toute la communauté s’agite. Il suffit de tirer le fil d’une histoire et toutes les autres fleurissent. Fred Pellerin digresse, progresse, extravague.
La langue bourgeonne de suffixes nouveaux, le verbe se conjugue à l’ancienne, le passé jamais simple devient le futur compliqué, mais ce n’est que le temps d’en rire Les cartes à jouer s’envolent, comme les papillons du hasard », et la mélancolie des légendes se teinte de joie profonde.
Est-il possible de vaincre la Mort ? Sans doute, puisque les histoires de sa grand-mère courent toujours. Et ces dates gravées sur les pierres tombales ? Ce ne sont pas les dates de mort, « ce sont des légendes qui viennent au monde ».
Car Fred Pellerin est aussi un philosophe…
L’Arracheuse de temps de et avec Fred Pellerin
Théâtre du Rond-Point
Jusqu’au 31 octobre
01 44 95 98 21
à 18 h 30
17:05 Écrit par Dadumas dans Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : théâtre, chanson, poésie, québec, pellerin | Facebook | | Imprimer
10/09/2009
On n’arrête pas de rire
Ils ont des chapeaux ronds, mais ils ne sont pas Bretons, ils nous arrivent de la région Centre où ils ont fait un tabac, et après une pause à Paris, ils vont distraire la République Tchèque.
Une chance pour nous ! Car après Bobèche et Galimafré, Janot et Jocrisse, voici Raymond et Raymond. Identiques dans la vêture, admirateurs de Raymond Devos, ils en reprennent le répertoire. Et le cuisinant à deux, ils en développent la saveur des réparties.
Ils y mêlent aussi du Pierre Dac, et la sauce est corsée ! Ces deux-là connaissaient tous les méandres de la langue française : métonymie, synecdoque, métaphore et compagnie creusent les absurdités du langage, les chausse-trapes du vocabulaire, et… libèrent le rire.
L’un est grand (Éric Cénat), le cheveu lisse, le corps élastique. L’autre frise (François Rascal). Il joue aussi de la guitare, écrit et compose. On n’arrête pas le progrès est cette « fantaisie verbale et chantante » qui donne son titre au spectacle. Mais comme il est modeste, il chante surtout les succès des aînés : Boris Vian, Henri Salvador, Juliette, Brigitte Fontaine. En chœur avec son complice, le progrès a du plomb dans la gamme. Mais il y a de la joie dans l’air ! On n’arrête pas de rire.
Et c’est pour ça qu’on y va et même, comme il est dit dans La Java des bombes atomiques : « J’y retourne immédiatement ! »
On n’arrête pas le progrès
à 20 h tous les mercredis et jeudis
01 42 78 46 42
jusqu’au 1er octobre
23/02/2008
Souvenirs d’Hollywood
Nous sommes à Los Angeles dans les années 60 quand Marilyn (Antonia Malinova) rencontre Simone Signoret (Nolwenn Korbell). Le centre du plateau est bleu comme une piscine et les robes collent au corps de Marilyn (scénographie et costumes de Christophe Ouvrard).
Marilyn tourne Le Milliardaire avec Montand. Simone reçoit un Oscar pour Les Chemins de haute ville ((Room a the top, en ce temps-là on traduisait les titres). Marilyn s'accuse d'être une mauvaise actrice, elle craint de "ne pas être à la hauteur". Simone lui enseigne la discipline. Elles sont amies, confidentes. Mais Marilyn est la sensualité même, la chair est faible et Montand lira ce livre-là.
Une femme vieillie (Anita Plessner) se souvient et raconte. C’est Simone bien des années plus tard, avec ses souvenirs d’Holywood.
Guy-Pierre Couleau, le metteur en scène décale et double l'espace et le temps. Ses interprètes tournent autour du podium céruléen, y montent pour prendre un verre (ou une bouteille) sur la table basse placée au milieu. Elles évoluent entre passé et présent, centre et pourtour, y trouvent les micros pour chanter, et les fauteuils de tournage pour s’asseoir.
Anita Plessner raconte la liaison, sa douleur, les angoisses de Marilyn, la trahison. À cette évocation, les deux jeunes femmes revivent ces instants, se parlent et chantent dans de fabuleux duos. Leurs échanges sont très réussis. La personnalité de Nolwenn Korbell transcende le rôle, Antonia Malinova rappelle Marilyn avec sa beauté pulpeuse et sa voix envoûtante. Elles sont magnifiques.
Il est plus difficile de croire qu’Anita Plessner est Simone à l’âge de La Veuve Couderc ou du Chat. Le personnage demande plus de profondeur, plus de gouaille. Simone Signoret n’était pas cette femme effacée et mélancolique. Il faudrait que la comédienne acquière plus d’autorité, que sa voix plus ferme se teinte de rogomme et d’ironie. Les prochaines représentations lui donneront certainement plus d’audace.
Marilyn en chantée de Sue Glover
Texte français de Guy-Pierre Couleau
Compagnie des Lumières et des Ombres
à Antony (Firmin-Gémier)
Prochaines représentations à La Canopée de Ruffec (16), le 2 marsEt à partir du 29 février à Angoulême
19:00 Écrit par Dadumas dans Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Théâtre, chanson | Facebook | | Imprimer