08/06/2016
L’Amour, toujours !
Elle est unique Isabelle Georges ! Elle ose tout en scène ! Chanteuse et comédienne, la voici avec Amour Amor, tour à tour, romantique et pudique avec Un jour mon prince viendra, franchement sensuelle et érotique avec Les Nuits d’une demoiselle, nostalgique avec Un jour tu verras, effrontée avec Les Ratés de la bagatelle.
Elle en fait voir de toutes les couleurs au pianiste (Frédérick Sreenbrink), son ardent soupirant. Elle rend jaloux ses autres partenaires, Edouard Pennes qui joue de la guitare de la contrebasse et de la trompette, et Adrien Sanchez au saxophone, flûte, percussion et piano.
La Belle et ses trois admirateurs, sur des chansons d’amour, font voyager le spectateur « de Mozart à Gainsbarre », de Brel à Rezvani, de Moustaki à Vian, de Prévert à Trenet. Et j’en passe ! Isabelle Georges choisit des chansons autour du thème de l’amour, et les assemblent avec des textes, des dialogues empruntés à la littérature ou au cinéma, comme ce dialogue culte du Mépris de Godard : « Tu les trouves jolies mes fesses ? Et mes seins, tu les aimes ? »
La scénographie de Nils Zachariasen, les costumes d’Axel Boursier, les lumières de Jacques Rouveyrollis soulignent les changements de ton, de situations, les rapports éternels de la Femme avec ses partenaires.
C’est un spectacle coquin, coloré, vif et délicieux.
À voir pour oublier les jours gris, les soucis quotidiens, et rêver de Beauté et… d’amour !
Photos © LOT
Amour Amor d’Isabelle Georges
Théâtre La Bruyère
Du mardi au samedi à 20 h 30
Samedi à 16 h
01 48 74 76 99
16:16 Écrit par Dadumas dans Blog, cabaret, culture, danse, humour, Littérature, Musique, Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : théâtre, musique, chansons, cabaret, isabelle georges, théâtre la bruyère | Facebook | | Imprimer
18/06/2014
On n'arrête pas Jean Yanne
Il avait le goût de la parodie. Et c’est à la radio, dans les années soixante, que Jean Yanne s’était composé ce personnage de Français râleur, cynique et mal embouché. Quand il passa à la télé, son émission programmée à 20 h 30 fut suspendue après la troisième diffusion tant il avait choqué les bien pensants. Mais ses sketches, la plupart avec Jacques Martin, devinrent immédiatement célèbres.
Aujourd’hui, trois compères, Eric Laugérias, Jean-François Vinciguerra et Johan Farjot, s’en sont emparés, et, puisant dans les archives, et les recueils, font revivre, non seulement, le candidat au permis de conduire, mais aussi Ben Hur et Messala, les camionneurs mélomanes, les chansons, les caricatures de publicité (vidéo : Jules Vincent), les pastiches, sous le titre : On n’arrête pas la connerie.
Eric Laugérias porte la barbe courte de l’auteur, et Jean-François Vinciguerra en a la silhouette. Baryton basse, il chante, joue et dirige aussi la mise en scène. Le décor à transformations de Dominique Pichou favorise judicieusement les enchaînements. Johan Farjot s’est chargé des arrangements musicaux, et, au piano, prélude, accompagne et ponctue.
Le trio paraît, le visage grave, et, l’air solennel, propose de « libérer les forces de la joie ». Le noir de leurs costumes (et de leurs chaussures) jette le doute sur leurs intentions, à moins que les lacets rouges de leurs chaussures vernies ne laissent présager quelque contradiction (costumes de Michel Dussarat). Et en effet, ils s’épanouissent dans les outrances et démontrent combien Jean Yanne avait le regard vif et lucide sur les travers de notre société. Ils sont époustouflants !
« Quand j’entends le mot culture, je sors mon transistor », disait Jean Yanne, et n’avait-il pas raison de dénoncer la confusion des valeurs, et d’annoncer le massacre de l’intelligence ? Tout résonne juste dans sa façon de singer ses contemporains. Qu’on en juge par ces couplets datant de 1975 :
"Les élections présidentielles
C'est du chobizenesse !
Les bombardiers nouveaux modèles
C'est du chobizenesse !
Les gros scandales qu'on révèle
C'est du chobizenesse !
Les politiciens qui s'en mêlent
C'est du chobizenesse !
Un président qu'on assassine
It's also chobizenesse !
Et les témoins qu'on ratatine
Esta chobizenesse tambien !
Un peuple qui meurt de famine
Das ist chobizenesse !
L'agitation en Palestine
C'est toujours du chobizenesse !"
Car il est vrai que souvent, les humoristes sont de vrais moralistes. Et personne n'a jamais arrêté Jean Yanne, pourfendeur de la stupidité humaine.
On n'arrête pas la connerie de Jean Yanne
Théâtre du Petit-Montparnasse
du mardi au samedi à 21 h
à partir du 1er juillet à 20 h
dimanche 17 h
01 43 22 77 74
19:12 Écrit par Dadumas dans Blog, cabaret, culture, humour, Musique, Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cabaret, théâtre, chanson, jean yanne, petit-montparnasse | Facebook | | Imprimer
21/12/2013
Hollywood revisité
Amis des animaux sauvages, réjouissez-vous, dans El Tigre, il n’y a pas de tigre sur la scène du Rond-Point, mais de bien curieux personnages, venus des mythologies du cinéma et d’un endroit d’Argentine où des « cinéfolles » se perdent dans des chimères hollywoodiennes. Vous vous souvenez peut-être du Baiser de la femme araignée d’Hector Babenco où Molina le détenu homosexuel réconfortait Valentin le politique torturé, en lui racontant des films de légende. Dans El Tigre, la tragédie cède la place à une comédie loufoque chantée (composition musicale de Bruno Coulais) et chacun est libre d’aimer à sa guise dans ce Hollywood revisité.
Alors, pourquoi le tigre ? Alfredo Arias nous apprend qu’il s’agit d’un endroit au Nord de Buenos Aires où, « une quantité d’îlots qui flottent au confluent du Gran Paraná, rivière descendant des Chutes d’Iguaçu jusqu’au Río de la Plata », dessinent la peau d’un tigre en vue aérienne. Là, « se dressent des maisons : type datcha russe, chalet suisse ou petit palais indonésien, où se réfugie toute une population qui fuit la fièvre chaotique » de la ville, et dit-il, « J’ai su dès ma jeunesse que dans ces maisons de villégiature aquatique s’était établie une communauté de gays qui profitaient du calme et du dépaysement pour se perdre dans des rêveries cinématographiques, en se racontant les films de telle ou telle autre star, les imitant, et jouissant des dernières tragédies des reines du celluloïd. »
Dans la maison de Holy (Carlos Casella qui ressemble à Joan Crawford dans Johnny Guitar), Dark (Denis d’Arcangelo), l’homme « à tout faire qui devient femme pour lui plaire » voudrait rejouer un film de Douglas Sirk. Une créature extravagante, Fatafatale (Alejandra Radano), qui ressemble à la fois à Blanche-Neige et à la Reine de Walt Disney, hante les lieux. Un orage sur le marais dérègle leur projet. Et l’Indienne Tota (Andrea Ramirez) débarque, bientôt suivie de Lana Turner (Arielle Dombasle), « revenue sur terre/pour s’envoyer en l’air », puis apparaît sa meurtrière de fille Lanita (Alexie Ribes), « emmerdeuse » jalouse, et enfin, Vampira (Alejandra Radano) sortie d’une soucoupe volante, tente d’emmener tout ce monde vers d’autres sphères. Mais force reste à l’Argentine…
Un quatuor à cordes, deux violons (Christophe Guiot, Elisabeth Pallas) un alto (Françoise Gneri), un violoncelle (Jean-Philippe Audin), accompagne les comédiens-chanteurs dans une scénographie de Elsa Ejchenrand et José Cuneo où les lumières de Jacques Rouveyrollis illuminent les îlots verdoyants de la découverte. Et les costumes de Pablo Ramirez suivent les caprices de ces personnages excentriques.
Femmes de rêves ou travestis authentiques, « dernières de la classe et reines des garces », les personnages se moquent des clichés et des idées reçues pour mystifier et mythifier à loisir.
En cette fin d’année, avec ces comédiens surprenants, ils assument mieux que tous les Pères Noël des Champs-Elysées et on rit plus qu’à Broadway.
Photos : © Alejandro Lopez
El Tigre d’Alfredo Arias
Théâtre du Rond-Point
Jusqu’au 12 janvier
Tel. 01 44 95 98 21 - www.theatredurondpoint.fr
17:50 Écrit par Dadumas dans Blog, cabaret, Film, Musique, Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : théâtre du rond-point, alfredo arias, musique, film, cabaret | Facebook | | Imprimer