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03/04/2008

À la bonne franquette

     On savait qu’en France tout finissait par des chansons. Le bon peuple, quand il n’est pas populace, met en couplets et en musique les petits et grands événements de notre Histoire et quelquefois, au péril de la censure, se paye la tête des héros glorieux comme des sinistres crétins.

     Le rire est quelquefois plus  efficace qu’un cocktail Molotov pour résister. Nos ancêtres dégoupillèrent souvent le premier, et des bateleurs du Pont-Neuf aux chansonniers actuels, ils déboulonnèrent les Badinguet et les faux-culs de tous poils (si j’ose m’exprimer comme eux).

     Claude Duneton, historien de la langue et des mœurs, est aussi celui des refrains populaires, et il en présente un recueil caustique dans La chanson qui mord, un spectacle sans autre prétention que de distraire et d’instruire. Il nous reçoit comme des amis, à la bonne franquette, sans piano et sans trompette. Il raconte, Catherine Merle, violoniste et soprano renchérit,.Il chante, elle reprend d’une voix plus haute, plus ample, et les spectateurs sont sollicités au refrain. C’est un « spectacle participatif présent », une leçon de parodie autant que d’Histoire.

     Desaugiers, Béranger et Fursy, chansonniers du XIXe siècle en sont les dieux. Claude Duneton en est le  prophète, et nous, qui sommes tous des "ricaneurs tendance libertaire", nous sentons prêts à en devenir les disciples.

La chanson qui mord jusqu’au 20 avril à 18 h 30 Théâtre du Rond-Point 095 98 21

27/03/2008

Dédé et les magiciens

Henri Christiné et Albert Willemetz avaient triomphé avec Phi-phi en 1918, et Dédé, créé en 1921, garantit de belles rentrées au théâtre des Bouffes-Parisiens. Après la grande boucherie de la Guerre, on avait besoin de rire de tout. Olivier Desbordes a vu dans Dédé de quoi nourrir sa verve caustique. De la bluette, il réalise un tableau social jubilatoire. Dédé y trouve une actualité incroyable !

D’un côté, le naïf Dédé (Éric Pérez) et son complice de goguette Robert (Michel Fau), face à Odette (Sandrine Montcoudiol), une allumeuse rencontrée au « bal de Élysée », et qui tergiverse : « j’ose pas ! ». Entre les deux parties, les travailleuses, la première, Denise (Dalila Khatir) amoureuse du patron, dirigeant Anne Barbier, Flore Boixel, Agnès Bove, Gaëlle Pinheiro, vendeuses le jour et danseuses au Casino de Paris le soir, pour « gagner tout ce qu’on veut », (on ne disait pas « gagner plus », mais on le pensait déjà).

Naturellement « tous les chemins mènent à l’amour », sur fond de boutique excentrique, où le burlesque rejoint le surréalisme. C’est vrai que c’est une « drôle de boutique ». Boîtes à chaussures géantes, escarpins géants comme sur un Dalí, apparitions de têtes de vaches, poursuites à la René Clair, l’univers de l’opérette déjà déraille vers le train des revendications culturelles et sociales. On ne s’étonne pas de voir un grand gaillard de syndicaliste manipulé, un innocent arrêté, un notaire qui parle comme un marlou. Le patron ? Il rêve de « tout rénover ». Il n’y parvient pas, mais trouve l’amour.

Willemetz adore les bons mots, les saillies incongrues, les calembours. Il les fait en chansons : « Votre descente est trop décente », Et Robert ? Il « s’donne… un mal de chien ».

Ce qui est réjouissant avec l’opérette, c’est que tout se termine bien : « Dans la vie faut pas s’en faire ! ». Même quand on s’est trompé, l’important est de le reconnaître : « Si j’avais su évidemment, j’aurais agi tout autrement ! », et le refrain devient un hymne populaire.

Ce qui est merveilleux avec l’Opéra éclaté, c’est qu’un pianiste (Roger Pouly) et deux musiciens, restituent l’atmosphère de la Gaîté Lyrique. Olivier Desbordes et sa troupe sont des magiciens ! Ils vous réjouissent le cœur et éclaircissent le jugement.

Opéra éclaté au Théâtre Silvia Monfort.

Renseignements et location : 01 56 08 33 88

23/11/2007

Épatant !

    

     Ah ! L’heureux royaume que celui de Cacatois 22e (Pierre Forest), roi de l’île de Tulipatan ! On n’y connaît ni les grèves, ni la baisse du pouvoir d’achat, et les bateaux partent avant le troisième coup de canon ! Le seul souci du roi est son héritier : Alexis (Lorianne Cherpillod), qu’il ne trouve pas assez viril. Il admire la vigoureuse Hermosa (Jean-Marie Rollin), la fille de son ambassadeur Romboïdal (Gérard Grobman), et pour assurer sa succession ordonne qu’elle épouse son neveu René (Denis Berner). Pour éveiller les désirs de son fils, il ira chercher la sensuelle créole Dora (Dominique Magloire).

     Cependant, Hermosa aime Alexis, Alexis aime Hermosa, et Dora aime René. Tout pourrait s’arranger si la mère d’Hermosa (Jocelyne Sand) ne cachait pas un secret (lourd évidemment) et l’ambassadeur aussi. Hermosa n’est pas celle qu’on pense ! 

    « Mon Dieu ! Que les hommes sont bêtes ! », comme on chante ailleurs…

     Mais que les voix sont belles et les metteurs en scène ingénieux !

     Faire de l’opéra-comique d’Offenbach, un « vaudeville musical » pour le Théâtre 14, il fallait de l’audace et des dons prodigieux !

     Jean-Philippe Weiss et Philippe Bonhommeau ont résolu le problème de l’orchestre en confiant la partition à un trio à cordes. Trois musiciens dans un bateau en fond de scène : deux violons (Samuel Nemtanu et Florian Maviel) et un violoncelle (Héloïse Luzzati), derrière une immense baie non vitrée et le tour est joué pour définir une île au doux climat. Le décor lumineux d’Anne Wannier utilise toute la largeur de la scène, construit un passage en terrasse, en ménageant  des sorties latérales suffisantes. Pas d’accessoires, juste trois chaises, ainsi les chorégraphies de Philippe Bonhommeau sont à l’aise.

     Et l’action déroule son lot de coups de théâtre, et de répliques invraisemblables : « Bing ! Bing ! Bing ! Patapouf ! Pouf ! Pouf ! » et de « Coin ! Coin ! », et de prosaïques : « Je vais chercher les petites cuillères », provoquant une gaieté incoercible. Pour un peu (et s’il y avait la place) on irait danser avec Hermosa « Et digue, digue, digue, diguediguedon ! Mariez-vous donc ! ».

     Corinne Baeriswyl a conçu des costumes soyeux, colorés, élégants. Les perruques d’Anny d’Avray sont seyantes, cette compagnie Théâtre Montreux-Riviera vaut le voyage jusqu’au périphérique !

     Alors ?

     Lançons-nous dans les rimes : La Créole de Tulipatan, un divertissement épatant !

 

 

 

La Créole de Tulipatan

vaudeville musical d'Offenbach

Jusqu’au 31 décembre 2007

Théâtre 14 Jean-Marie Serreau

01 45 45 49 77

12:53 Écrit par Dadumas dans Musique, Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Théâtre, Musique |  Facebook | |  Imprimer