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01/04/2011

Ultime récital

 

 En décembre 1987, alors qu’il répétait Une visite inopportune, Copi mourut du sida. Et pourtant rien de lugubre dans cette pièce qui nargue la camarde. Plutôt une provocation énorme, comme un rite de carnaval  pour exorciser la douleur, braver les hommes et leurs préjugés, et défier Dieu une dernière fois.

Cyrille (Michel Fau) est un artiste. Il est atteint du sida. Il va fêter son anniversaire dans sa chambre d’hôpital. Le professeur Vertudeau (Louis Arène) pour célébrer ses deux ans de traitements lui annonce qu’il est  « un miracle de la science », qu’il s’est « survécu d’au moins six mois ». La chambre est réaliste, dans la scénographie d’Audrey Vuong. Mais dès l’entrée de l’Infirmière (Sissi Duparc), plantureuse, court vêtue et vociférante, plus de réalisme possible. Plus de morale non plus. La bienséance peut se voiler la face ! Hubert (Éric Guého), l’ami fidèle s’annonce-t-il ? « Dites-lui que je suis déjà mort ! » ordonne Cyrille. Tous les excès sont permis. Mais lui, n’est pas importun. Habitué aux caprices de Cyrille il en est le complice, le double. il en est autrement du jeune Journaliste (Lionel Lingelser), et surtout de la cantatrice  Regina Morti (Marianne James), dont personne, ne peut se débarrasser. Regina Morti (traduisez Reine de la Mort), sorte de Castafiore vêtue (costumes d’Aurore Popineau) et perruquée de façon extravagante est indestructible. Lobotomisée, rejetée, assassinée, la diva se relève et chante. Comme au théâtre…

Car seul l’univers théâtral intéressait Copi. Le metteur en scène Philippe Calvario l’a bien compris. Et le requiem auquel nous assistons tient du grotesque autant que du surréalisme. Lumières de Bertrand Couderc, son d’Éric Neveux et Jean-Pierre Ensuque soulignent les effets parodiques. Pour son ultime récital, Copi ne respecte rien et ose tout.

 

 

 

 

 

 Une visite inopportune de Copi

Théâtre de l’Athénée

Jusqu’au 9 avril, à 20 h

 

01 53 05 19 19

 

22/09/2010

Le bonheur est dans la nostalgie

 

 

 Bonne nouvelle pour cette rentrée ! Il y en a au moins deux qui ne réclament pas la retraite à soixante ans. Michel Dussarat, qui en a soixante-cinq, joue, chante et danse comme un jeune homme, et son patron, Jérôme Savary, qui, à soixante-sept ans passés, revendique de rester un « vieil adolescent ».

En une soirée et deux spectacles,  Paris Frou-frou  et Une trompinette au Paradis nous voilà requinqués.

Le premier spectacle met « Dudu » en vedette. Il a suivi le Magic Circus depuis ses débuts, il en a si souvent créé les costumes, et s’il reprend le smoking du meneur de revue de Cabaret, c’est pour notre plaisir. Jérôme Savary lui a taillé un scénario qui ressemble à sa vie. René (Michel Dussarat) mène la revue d’un cabaret le « Paris Frou-Frou ». Les affaires vont mal. Le patron Monsieur Roger (Frédéric Longbois) pense qu’à soixante-cinq ans, René devrait céder la place. Accompagné d’un pianiste, (Piano et Direction musicale Philippe Rosengoltz) dans les lumières de Pascal Noël, Michel Dussarrat qui signe naturellement les costumes se lance des numéros musicaux extravagants•  (son : Virgile Hilaire). Mais il a beau multiplier les numéros extraordinaires, marin, bourgeoise, coolie, magicien, strip-teaseuse, couple même, son sort est plié. Paris Frou-Frou le quitte. Drôle et nostalgique, le spectacle est tendre, soigné dans les détails, et un peu désordonné, comme il sied au Magic Circus : il n’en est que plus émouvant…

 

Une trompinette au Paradis rend hommage à Boris Vian, le génial auteur qui nous quitta à trente-huit ans, il y a plus de cinquante ans. Jérôme Savary l’adore. Il fait partie de son panthéon, comme Joséphine Baker et Fregoli. Il se met donc lui-même en scène, avec ses fidèles : sa fille, Nina Savary qui est aussi son assistante sur les deux spectacles, son « trial » (ténor comique) Antonin Maurel, une danseuse : Sabine Leroc, et le ténor léger : Frédéric Longbois. Costumes de Dudu bien sûr ! Ajoutez l’orchestre des « Franciscains Hot Stompers », Philippe Rosengoltz au piano, Jérôme Savary en conteur, puisant dans les plus belles chansons de Boris Vian, de « Je voudrais pas crever » au Déserteur et vous avez un spectacle enlevé, des numéros épatants, des attendrissements et des joies comme seul le grand Savary a su nous en donner depuis des décennies. Les titres étaient prometteurs, Fais moi mal, J’suis snob, Faut qu’ça saigne, La Java des bombes atomiques, Le blues du dentiste les chansons deviennent de véritables sketches où Nina Savary, Antonin Maurel, Sabine Leroc, Frédéric Longbois révèlent des dons extraordinaires. On en redemande, on ne veut plus les quitter…

Avec Savary en maître de cérémonie, le bonheur est dans la nostalgie, mais de celle qui vous éclaire la vie… Car dans l’œil du maître, « il y a de la lumière »…

 

 

 

 

 

 Théâtre Déjazet

01 48 87 52 55

Paris Frou-frou à 19 h

Une trompinette au Paradis à 20 h 30

 

 

 

14/09/2010

Centenaire Jean-Louis Barrault

 

 

Depuis le 8 septembre, la célébration de Jean-Louis Barrault est commencée.

Lectures, projections, spectacles, et concerts vont se succéder à Paris, où il avait son théâtre, - on devrait dire ses théâtres, car il anima plus d’un lieu - et au Vésinet où il est né.

photo Barrault utilisée pour la com du centenaire.jpgHier soir, Didier Sandre a lu des extraits de Souvenirs pour demain, à l’Atelier, où Jean-Louis Barrault apprit son métier avec celui qu’il appelait « le jardinier », Charles Dullin, maître des lieux, metteur en scène du Cartel qui bouleversa la scène entre les deux guerres.

La voix chaude, vibrante du comédien, son sourire redonnèrent à Jean-Louis Barrault les couleurs de son éternelle présence. Camlle Boitel, dans un fabuleux numéro de mime rappela les influences de Decroux, et le penchant du comédien pour cette discipline.

C’était émouvant, et cependant plein d’espoir, car les artistes nous disaient ainsi leur admiration et leur confiance dans celui auquel ils rendaient hommage…

Une association s’est créée. Un comité d’honneur, présidé par Pierre Bergé, a mobilisé les auteurs, les comédiens, les musiciens, les éditeurs, les directeurs de théâtre, afin de commémorer Jrean-Louis Barrault qui consacra sa « vie au Théâtre » et révéla les grands auteurs du XXe siècle, Ionesco, Claudel, Prévert, Genet...

Le prochain rendez-vous sera le 4 octobre au Théâtre du Rond-Point qu’il créa à partir d’une patinoire. La grande salle porte encore son nom.

Le théâtre Marigny, lui doit la salle Popesco, c’est là que le 11 octobre, on lira sa correspondance avec Artaud.

Puis viendront le Palais-Royal (18 octobre), le centre Wallonie-Bruxelles (15 et 22 novembre), la Cinémathèque française (15 novembre), l’Odéon (19 et 23 novembre, 1er décembre, 6 décembre), la Comédie-Française (6 décembre), le Musée d’Orsay (7 et 15 décembre), le Théâtre de la Ville (11 décembre)

Le Théâtre des Champs-Élysées (10 octobre, 14 novembre, 12 décembre, et 29 mai), lui consacrera ses concerts du dimanche matin, puisque c’est lui qui les avait créés, à Orsay. Et l’Opéra de Paris, avec son école de danse à Nanterre (26 mai), et son ballet à Paris (29 juin au 15 juillet) a créé deux ballets écrits d’après le scénario de Prévert et Carné : l’immortel chef d'oeuvre, Les Enfants du paradis.

De quoi faire rêver tous les théâtreux...

 

 

 

Photo : D. R.

Pour tout renseignement : www.centenairejeanlouisbarrault.fr

Les partenaires de l’association, sont, outre les théâtres cités, l’INA, la BNF , la Fondation Pierre Bergé-Yves Saint-Laurent, Arte, Jeanine Roze Productions, le CNT, le CNEA, le Théâtre du Vésinet et l’association des Théâtres privés.

Souvenirs pour demain est édité au Seuil.

Saisir le présent, autre livre de souvenirs, est édité chez Robert Laffont.

Correspondance Paul Claudel/Jean-Louis Barrault, éditions Gallimard.

Une vie sur scène, éditions Flammarion.