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18/06/2014

On n'arrête pas Jean Yanne

 

Cabaret, Théâtre, chanson, Jean Yanne, Petit-MontparnasseIl avait le goût de la parodie. Et c’est à la radio, dans les années soixante, que Jean Yanne s’était composé ce personnage de Français râleur, cynique et mal embouché. Quand il passa à la télé, son émission programmée à 20 h 30 fut suspendue après la troisième diffusion tant il avait choqué les bien pensants. Mais ses sketches, la plupart avec Jacques Martin, devinrent immédiatement célèbres.

Aujourd’hui, trois compères, Eric Laugérias, Jean-François Vinciguerra et Johan Farjot,  s’en sont emparés, et, puisant dans les archives, et les recueils, font revivre, non seulement, le candidat au permis de conduire, mais aussi Ben Hur et Messala, les camionneurs mélomanes, les chansons, les caricatures de publicité (vidéo : Jules Vincent), les pastiches, sous le titre : On n’arrête pas la connerie.

cabaret,théâtre,chanson,jean yanne,petit-montparnasseEric Laugérias porte la barbe courte de l’auteur, et Jean-François Vinciguerra en a la silhouette. Baryton basse, il chante, joue et dirige aussi la mise en scène. Le décor à transformations de Dominique Pichou favorise judicieusement les enchaînements. Johan Farjot s’est chargé des arrangements musicaux, et, au piano, prélude, accompagne et ponctue. 

Le trio paraît, le visage grave, et, l’air  solennel, propose de « libérer les forces de la joie ». Le noir de leurs costumes (et de leurs chaussures) jette le doute sur leurs intentions, à moins que les lacets rouges de leurs chaussures vernies ne laissent présager quelque contradiction (costumes de  Michel Dussarat). Et en effet, ils s’épanouissent dans les outrances et démontrent combien Jean Yanne  avait le regard vif et lucide sur les travers de notre société. Ils sont époustouflants !

« Quand j’entends le mot culture, je sors mon transistor », disait Jean Yanne, et n’avait-il pas raison de dénoncer la confusion des valeurs, et d’annoncer le massacre de l’intelligence ? Tout résonne juste dans sa façon de singer ses contemporains. Qu’on en juge par ces couplets datant de 1975  :

"Les élections présidentielles

C'est du chobizenesse !

Les bombardiers nouveaux modèles

C'est du chobizenesse !

Les gros scandales qu'on révèle

C'est du chobizenesse !

Les politiciens qui s'en mêlent

C'est du chobizenesse !

Un président qu'on assassine

It's also chobizenesse !

Et les témoins qu'on ratatine

Esta chobizenesse tambien !

Un peuple qui meurt de famine

Das ist chobizenesse !

L'agitation en Palestine

C'est toujours du chobizenesse !"

 

Car il est vrai que souvent, les humoristes sont de vrais moralistes. Et personne n'a jamais arrêté Jean Yanne, pourfendeur de la stupidité humaine.

 

 

On n'arrête pas la connerie de Jean Yanne

Théâtre du Petit-Montparnasse

du mardi au samedi à 21 h 

à partir du 1er juillet à 20 h 

dimanche 17 h 

01 43 22 77 74

 

11/06/2014

À Loches ou à Paris

 

 

Feydeau avait écrit un vaudeville sans chanson ! Erreur fatale ! comme dirait aujourd’hui votre ordinateur. Heureusement, Hervé Devolder et Jacques Mougenot ont réparé cette faute et nous découvrons Les Fiancés de Loches dans une prime jeunesse, une comédie musicale !

Théâtre, théâtre du Palais-Royal, Feydeau, Devolder, Mougenot, comédie musicaleDans l’art de la comédie, Georges Feydeau excelle, car  la technique du quiproquo n’a pas de secret pour lui. Laure Gévaudan (Christine Bonnard), et ses frères, Alfred (Biry-Vicente), et Eugène (Franck Vincent), sont venus à Paris chercher « de bons partis » par l’intermédiaire d’une agence matrimoniale. Mais l’agence est sous scellés, car le « comptable/misérable » s’est enfui avec la caisse. L’employé, Plucheux (Patrice Latronche) prie donc les clients éventuels de s’adresser « au premier étage » où son ami Séraphin (Fabrice Fara) tient une agence de placement. Et, puisque lui-même cherche maintenant du travail, il en profite pour demander un emploi. Justement, le docteur Saint-Galmier (Arnaud Denissel) a besoin d’un doucheur-masseur pour son établissement, le « Louvre hydrothérapique », et de trois domestiques (groom, maître d’hôtel et cuisinière) pour son appartement privé car il se marie avec la belle Léonie (Clara Hesse) que Rachel (Claudine Vincent) sa sœur, une vieille fille, chaperonne. Plucheux trouve donc immédiatement du travail comme doucheur. Théâtre, théâtre du Palais-Royal, Feydeau, Devolder, Mougenot, comédie musicaleMais surgit alors Michette (Charlotte Filou), la maîtresse que Saint-Galmier laisse tomber, et comme la famille Gévaudan fait irruption dans l’agence, les malentendus vont pleuvoir !

Méprises, disputes, mensonges, courses-poursuites, disputes se succèdent… Et le spectateur de jubiler !

Jacques Mougenot et Hervé Devolder secondent le génie de Feydeau. Le premier transforme, presque tous les  dialogues en couplets légers et amusants qui en respectent le sens et la saveur. Théâtre, théâtre du Palais-Royal, Feydeau, Devolder, Mougenot, comédie musicaleEt toute la file d’attente du bureau de placement, avec ses « chômeurs » exaspérés donne le ton satirique, dès la première scène. Et quelle verve inventive, au deuxième acte,  sur les jeux de mots de « je dis /jeudi », et « ça me dit/samedi ». On pense aux compositions de Mireille et Franc-Nohain. Car Hervé Devolder a écrit des musiques qui conviennent aux personnages. Ainsi, les Gévaudan dansent une sorte de bourrée paysanne, Michette le cancan et Léonie chante une romance, qu’un violon sentimental souligne. Catherine Arondel règle des chorégraphies pleines de fantaisie. Et les comédiens chanteurs, dirigés par Hervé Devolder sont épatants. Les musiciens, un pianiste, Thierry Boulanger (ou Daniel Glet), un contrebassiste, Benoît Dunoyer de Segonzac et une violoniste Marianne Devos, derrière un rideau de tulle, les accompagnent.

Les décors de Jean-Michel Adam peuvent se changer à vue ou en un clin d’œil et les costumes de Jean-Daniel Vuillermoz sont congruents aux personnages

Si vous cherchez du travail, on ne vous conseillera pas l’agence de Séraphin, mais si vous êtes déprimé, on vous recommande, non l’établissement de bains de Saint-Galmier, mais le Palais-Royal, vous en sortirez de belle et bonne humeur, en chantant,  "à Loches ou à Paris", "quand on rit, on est guéri", et  "la santé, ça n'a pas d'prix."

 

 Photos : © Emile Brouchon

 

 

Les Fiancés de Loches d’après Georges Feydeau

Comédie musicale d’Hervé Devolder et Jacques Mougenot

Théâtre du Palais-Royal

Du mardi au samedi à 21 h

01 42 97 00 00

 

 

 

 

Mirtus s’en va-t’en croisade

 

 

Mirtus (Mathias Maréchal) s’en va-t’en croisade.

Est-ce pour échapper à sa condition de paysan, ou pour obéir à son seigneur ? À moins que ce ne soit pour  fuir le mariage avec Madelonne (Céline MartinSisteron), car ce « grand amateur de donzelles » n’entend guère se fixer à une seule personne et, dans ses conquêtes, Nérébis, Fatima, interprétées par la même comédienne, ne parviendront pas non plus à lui passer la corde au cou.

théâtre,théâtre 14,audibertiMarcel Maréchal, grand maître d’Audiberti, a bien compris que, dans Le Cavalier seul,  tout au long de ses pérégrinations, le jeune homme va retrouver ce qu’il fuyait. Aussi les comédiens deviennent-ils les représentant des ordres de la société féodale. Qu’elle soit sa Mère (Marina Vlady), l’Impératrice Zoé, ou la Femme âgée, cette figure maternante, possessive et protectrice, suscite à la fois la sympathie et l’agacement

Les figures du Pouvoir,  qu’elles soient le Père, l’Autocrate, ou le Calife, provoquant la même ambivalence sont brillamment incarnées par Marcel Maréchal. Tandis que Nassim Haddouche, devenant l’Adjudant, ou le Paléographe, cristallise la figure du soldat, Michel Demiautte (Le Prêtre, le Médecin, l’Ouléma) soulève, comme lui, les mêmes sentiments. Il en va de même pour Antony Cochin (Grappasoul, le médecin).théâtre,théâtre 14,audiberti

La fascination de Mirtus pour l’Orient se double aussi d’une répugnance qui le trouble et nous dérange car il semble bien que nous sommes tous, aujourd’hui les héritiers de ce Mirtus. Amour et haine s’affrontent et se confondent vis-à-vis des personnages et des situations.

Dans cette quête initiatique avec pour seul décor une toile peinte de Jacques Angéniol qui imagine aussi les costumes, la musique de François Fayt accompagne le voyage. Mirtus nous entraîne du Languedoc à Jérusalem.

Cependant quand il s’agit de délivrer le tombeau du Christ, dont personne ne connaît l’emplacement, la conquête s’arrête devant la souffrance d’un condamné anonyme, l’Homme (Emmanuel Dechartre). Le supplice du fils de Dieu se rejoue-t-il éternellement dans notre croyance au péché, et au châtiment ?  Et devons-nous sacrifier l’Homme au nom d’une religion qui change de nom mais pas de tyrans ?

La pièce avait été créée en 1963, mais son message reste actuel.

 

Photos :© LOT

 

La Cavalier seul de Jacques Audiberti

Théâtre 14

Jusqu’au 5 juillet

Mardi, vendredi, samedi à 20 h 30

Mercredi, jeudi à 19 h

Samedi matinée à 16 h

01 45 45 49 77