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30/01/2010

Une soirée exemplaire

 

 

On ne va pas vous raconter On purge bébé ni Léonie est en avance. Ces deux pièces en un acte de Feydeau appartiennent à vos classiques ! Quand on va les voir, ce n’est pas pour l’auteur – Ah ! Un peu tout de même ! On sait bien qu’on en rira.

Mais, cette fois-ci, on est surtout venus pour eux. Oui, eux, les trois comédiens têtes d’affiche, Cristiana Reali, Pierre Cassignard, et Dominique Pinon, qui ont porté le projet à Gildas Bourdet, lequel, dans ces moments d’amertume qu’éprouvent les grands artistes voulait abandonner le Théâtre.

Le théâtre institutionnel l’avait mis à la retraite ! Le théâtre privé n’allait pas se priver d’un tel talent !

Après avoir interprété Créon dans la Médée de Jean Anouilh, Gildas Bourdet redevient metteur en scène et autour du trio qui vint lui demander de le diriger, il a reconstitué une troupe avec, Sylviane Goudal (Rose dans On purge bébé, Mme de Champrinet dans Léonie), Corinne Martin (l’affreux Toto qui ne veut pas être purgé, et Clémence dans Léonie), Marie-Julie Baup et Marc Guillaumin.

Jean-Michel Adam inonde son décor de faux marbre criard, staffant le canapé, la table, les chaises et les murs des Follavoine et des Toudoux. Les costumes de Brigitte Faur-Perdigou jouent des dessins géométriques noirs sur fond blanc. Ainsi fringués, les protagonistes semblent sortis des films burlesques de Mack Sennett.

Avec des histoires de pots de chambre incassables qui cassent, de seau hygiénique dans le salon, de purge administrée à qui n’en a pas besoin, Feydeau piétine les bonnes manières. Avec un accouchement "prématuré" qui risque de faire jaser, il daube l’étroitesse d’esprit dune caste.

Corinne Martin donne une acidité délicieuse à ses rôles. Sylviane Goudal les anoblit. On applaudit Pierre Cassignard, en mari dépassé par les événements, exaspéré et résigné à la fois. On admire Dominique Pinon, d’abord solennel puis ivre de rage dans Chouilloux, méprisant et borné dans Champrinet. Mais la plus surprenante est Cristiana Reali, dragon matrimonial, mégère pas du tout apprivoisée dans On purge bébé, et qui compose ensuite une sage-femme autoritaire et suffisante, maîtresse femme à laquelle il ne faut pas se frotter dans Léonie. La pâle Ophélie de ses débuts s'est métamorphosée. Elle peut tout jouer !

Bref, une soirée exemplaire !

 

 

 

On purge bébé et Léonie est en avance de Feydeau

Théâtre du Palais-Royal,

depuis le 19 janvier

01 42 97 40 00

À lire (5)

 

Machiavel Nicolas, La Mandragore, texte français de Gilles Costaz.

On connaît Le Prince, le grand œuvre politique de Nicolas Machiavel, du moins par le mot qu’il généra : « machiavélisme ». On l’imagine mal en homme de théâtre.

Gilles Costaz, dans une préface documentée nous présente cet auteur dramatique de la Renaissance, qui fut aussi diplomate, juriste et agent secret. Il traduit La Mandragore dans une langue pittoresque, sans rien dissimuler des verdeurs du langage.

La Mandragore, est une farce. Elle en cultive les situations scabreuses, les allusions obscènes. Les moines y sont cupides et infâmes, les vieillards stupides, les jeunes gens gaillards, les valets rusés. Elle tient de Boccace et de Rabelais réunis.

Comment Callimaco, fou d’amour pour Lucrezia, mal mariée à un vieillard, Nicia, parviendra-t-il à se glisser dans son lit ? Grâce à une potion magique à base de mandragore que le mari lui-même servira à sa femme. Et avec l’aide de qui ?

Mais je ne vais pas vous tout vous raconter. Lisez donc la Mandragore.

 

Editions de l’Avant-Scène théâtre, collection des Quatre-Vents, classique, 11 €

25/01/2010

Entrez dans la danse !

 

 

 

Elles n’ont pas de chance avec les hommes qu’elles aiment.

Elles sont quatre. Quatre femmes solitaires que l’auteur ne désigne que sous le nom des maisons qu’elles habitent : Mon rêve (Christine Bonnard), La Pinède (Magali Bonfils), Kercastel (Ariane Pirie), Douze-bis (Florence Pelly).

Elles s’épaulent, s’observent, se conseilllent pour mieux supporter le vide de leur existence. Désespérées, elles ? Jamais !  Juste un peu de vague à l’âme par moments, mais surtout, une volonté tenace, une foi inébranlable en l’Amour…NJNDP%20Photo%20libre%20de%20droit%20(Philippe%20Lacombe).jpg

Elles commencent par un chœur sur des paroles de rupture : « Tas qu’à t’casser ». À qui s’adressent-elles ? À l’homme qui vient des les plaquer. Qu’il s’appelle, Gérard, Stanley, Bob ou Domi, c’était, de toute façon, un « sale hypocrite » !

Mais elles ne renoncent pas à trouver l’âme sœur.

NJNDP%20Affiche.jpg« Non, je ne danse pas », dit La Pinède qui, pendant que ses copines s’essoufflent au cotillon, ne se laisse inviter que pas celui qu’elle choisit. Pourtant, quand « elle en tient un », « tout craque » avant les fêtes et elle est « toute seule à la maison/aux grandes occasions », si bien qu’à trente-trois ans, elle « vit toujours à l’étouffée ». Du côté de Mon rêve, pareil ! Kercastel pleure sur une symphonie de Mahler, et Douze-bis prend sa valise.

Elles ont tour à tour des moments de désillusion, de bonheur, et elles les chantent.

Au piano : Thierry Boulanger ou Patrick Laviosa qui ont écrit la musique, les accompagnent.

Pourquoi ? Pour qui ?

« Pour lui », l’homme de leurs rêves.

Et naturellement pour un public conquis.

Aurore Popineau a créé des costumes qui collent à leurs rêves.

Le metteur en scène Jean-Luc Revol, a su rendre l'univers poétique, décaléet ludique de Lydie Agaesse (lauréate Beaumarchais). Les séquences s’enchaînent avec fluidité. Tout semble léger, joyeux, naïf.

Entrez dans la danse, ici, c’est un vrai plaisir de rompre…

 

 

 

Non, je ne danse pas ! de Lydie Agaesse

La Pépinière

Du mardi au samedi, 21 h, marinée samedi à 16 h

01 42 61 44 16