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30/01/2011

Comment on écrit l’Histoire

 

 

L’un est le méchant Dietrich von Choltitz, gouverneur du Grand Paris, et Niels Arestrup l’incarne. L’autre, c’est Raoul Nordling (André Dussollier), le consul de Suède qui va persuader le général nazi de ne pas détruire Paris. Un héros ! Donc deux bêtes de scène, qui font que les spectateurs sont comblés.

Ils sont excellents chacun dans leur rôle, et le duel ne faiblit pas. Dussollier est posé, patient, scrupuleux, un rien jésuite dans son costume de protestant. Arestrup est abrupt, inflexible jusqu’au moment où… naturellement il faiblit.

Roman Kané, Olivier Sabin et Marc Voisin jouent les subalternes avec conviction.

Le metteur en scène, Stephan Meldegg les dirige tous avec un art admirable.

Vous connaissez l’Histoire. Cyril Gely la récrit. On croyait que c’était Von Choltitz qui avait contacté Nordling, c’est du moins ce que l’ancien général avait raconté dans ses lettres, ses Mémoires et dans un témoignage publié dans Le Figaro en 1949. On savait aussi que ce 25 août 1944, il était sorti du Meurice par la porte de service de la rue du Mont Thabor. Eh ! bien on avait tout faux. C’est Nordling qui entre directement dans la suite du général par un escalier dérobé réservé aux amours clandestines de Napoléon III.

On croyait aussi que la défense passive de l’époque faisait obturer les fenêtres afin de ne donner de repères ni aux « terroristes », ni aux bombardiers alliés. Mais ce ne devait pas être valable pour les chefs car Von Choltitz, fenêtres grand ouvertes, lumières allumées nous fait admirer la vue superbe qu’il a de sa chambre, et le jour qui  se lève lentement sur Paris (décor : Stéphanie Jarre, lumière : Roberto Venturi). Mais c’est un détail.

Je n’avais pas souvenir non plus de la veste blanche de Von Choltitz (Costumes Véronique Périer). Il va falloir que je  retourne au Mémorial Leclerc regarder les images d’archives de la Libération de Paris.

 

 

 

Diplomatie  de Cyril Gely

Théâtre de la Madeleine

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15:18 Écrit par Dadumas dans Histoire, Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : théâtre, histoire |  Facebook | |  Imprimer

29/01/2011

Têtes d’affiches


 Comme je sortais du théâtre, hier soir, je remarquai de nouvelles affiches sur les colonnes Morris. Rien que du lettrage ! Mais quelles lettres ! Majuscules, larges, blanches sur fond brique, comme elles se détachaient ! Elles se lisaient de très loin. Un seul nom apparaissait d’abord : « Johnny Halliday » la tête d’affiche, la star. Sans doute le grand retour à Bercy, ou au Zénith…

Un peu plus bas, et dans un corps inférieur , on lisait : « Tennessee Williams », en vedette américaine, ce qui est bien normal vu qu’il est de cette nationalité.

Ah ! Il y avait une phrase, beaucoup plus petite, entre les deux vedettes : « joue une pièce de ». Tennessee Williams, ce n'était  que l’auteur !  Je distinguai aussi en dessous de tout ce bloc de lettres, en caractères majuscules : « Le Paradis sur terre », le titre de la pièce !

Et j’aperçus alors, en bandeau diagonale en haut, et à gauche, « location ouverte », ainsi que le nom d’un théâtre : " Edouard VII ", au centre ! Un théâtre de sept cents places, n’était-ce pas trop petit pour Johnny ?

Tout en bas à droite, un autre bandeau annonçait : « pour cent représentations exceptionnelles » ! Fallait pas rater l’événement ! Dès demain, j’appelle le numéro de location ! 

J’allais le noter quand j’aperçus le bandeau diagonale du bas : « à partir du 6 septembre ».

Ouf ! J’avais encore une petite chance.

Mais un doute me vient. Le Paradis sur terre, est-ce un monologue ?

21/01/2011

Accordez vos violons

 

 

 

 

Tandis que les instruments s’accordent dans cette assourdissante rumeur qui prélude aux plus belles œuvres, le chef d’orchestre (Victor Haïm) entre pour une dernière répétition. Le chef ne mâche pas ses mots. Il est en « fureur ». Ce ne doit pas être nouveau, puisque ses musiciens l’ont surnommé « führer » au lieu de « maître ».

On apprend rapidement qu’ils ont pétitionné pour « se débarrasser » de lui. Et le torrent des reproches et des souvenirs cascade sur le « troupeau de radis creux », de « perroquets déprimés », « pythons papelards », « scrofuleux névrotiques », et autres mignardises dont il gratifie tous les instrumentistes. HaimScène3.JPG

Il a du vocabulaire le chef ! Et il obéit toujours aux préceptes de sa maman qui lui a dit un jour : « même quand tu insultes, reste poli ! ». Ce qu’il fait. Leçon de morale sur la délation, leçon de grammaire à propos des lettres idoines, leçon de musique aussi. Entre les mesures de La Pastorale de Beethoven qu’il décortique, le chef divague… Les grands musiciens, le « peuple élu » (« mais n’a-t-on pas truqué les élections ? »), la misogynie des uns, la médiocrité des autres, ses fantasmes, et l’inculture des commanditaires qui confondent Traviata et Travolta, Butterfly et Bitterfly, Pelléas et Mélisande avec Ménélas et Palissandre, tous ses griefs surgissent, et il déverse sa hargne jusqu’au paroxysme.

Le comédien est l’auteur de cette philippique. Mélomane par goût, il rage contre ces snobs qui admirent la musique à « la façon des gens du monde », avec « ce goût frivole qui est une des formes du mépris »*. Il règle ici des comptes, sans désigner personne. Xavier Jaillard l’a mis en scène avec simplicité : un pupitre, une baguette, et une sono bien travaillée. Efficient !

Le chef agresse et digresse. Il atteint la démence. Mais ne craignez rien, seul le rire est contagieux. Et les spectateurs déraisonnent avec lui, trop heureux de retrouver la force de cette prose caustique et lucide. Allez vite « accorder (vos) violons » avec lui !

 

 

 

 

 

 

* Saint-Saëns.

 

Fureur de et avec Victor Haïm

Petit-Hébertot

du mercredi au samedi, 19 h

dimanche à 15 h

01 42 93 13 04

depuis le 12 janvier