13/09/2012
Grandes manoeuvres démocratiques
Aujourd’hui que l’Allemagne est réunifiée, il est utile de rappeler le temps des deux Allemagnes la R. F. A. et la R. D. A., afin de montrer le chemin parcouru, depuis la destruction totale en 1945, la partition imposée par les vainqueurs, et le combat mené par ceux qui croyaient en la démocratie. Car dans l’Allemagne qu’on appelait « démocratique », la liberté n’existait pas. Un « rideau de fer » divisait l’Est et l’Ouest, et à Berlin, un mur séparait la ville.
Démocratie raconte un moment de l’histoire des relations entre ces deux Allemagnes. Michael Frayn retrace comment Willy Brandt (Jean-Pierre Bouvier), agit pour faire accepter sa politique d’ouverture vers l’Est (ostpolitik), quels furent les opposants, les coalitions, et pourquoi, en 1974, la découverte de Günter Guillaume (Alain Eloy), un espion de la Stasi (police politique de l’Est) infiltré dans ses services, faillit faire échouer ces grandes manœuvres démocratiques et même compromettre le fonctionnement des institutions. Willy Brandt dut démissionner de son poste de chancelier.
Sur scène, sont présents tous ceux qui, représentent le pouvoir de la République fédérale Helmut Schmidt (Emmanuel Dechartre), Herbert Wehner (Jean-François Guilliet), Horst Ehmke (Frédéric Lepers), Reinhard Wilke( Frédéric Nyssen), Ulrich Bauhaus (Xavier Campion), Günter Nollau (François Sikivie), Hans-Dietrich Genscher (Alexandre von Sivers) ont tous existé.
Un seul personnage est imaginaire : Arno Krestchmann (Freddy Sicx), le correspondant de Günter Guillaume, le véritable espion. Le dialogue se fait à la fois récit des événements et son commentaire. Le rapport des deux protagonistes permet de distancier les faits abrupts de l’Histoire. Les certitudes de l’Est s’opposent ainsi aux doutes de Guillaume, fasciné par le personnage de Willy Brandt.
Embauché parce qu’il représentait « un homme ordinaire », issu de Berlin, et au départ, parfait « serviteur de deux maîtres », Guillaume découvre que lui et Brandt sont « deux orphelins de guerre » et que leurs parcours se ressemblent. L’espion de la R. D. A obéit à ses chefs, mais se prend à admirer « le grand pacificateur de la R. F. A. et se réjouit de ses succès.
Le metteur en scène, Jean-Claude Idée est fidèle à l’ironie de l’auteur, et cette bande de politiciens ressemble quelquefois à un gang bien organisé. Autour du chancelier, dans un décor de meubles tubulaires noirs, les hommes politiques trahissent, tendent des pièges, exigent des places. Günter Guillaume, sans autre ambition que servir son pays, semble lui être plus fidèle qu’un Herbert ou un Helmut.
Les dix hommes paraissent comme prisonniers de la scène barrée par un mur en diagonale. Dans cette nuit de novembre 1989 où le mur s’écroule, le fond de scène se déchire, et c’est tout un peuple qui peut, comme Willy Brandt, enfin respirer.
Photos © Lot
Démocratie de Michael Frayn
Version française de Dominique Hollier publiée chez Actes sud.
Théâtre 14
Ma, ve, samedi à 20 h 30
Me et je à 19 h
01 45 45 49 77
23:28 Écrit par Dadumas dans Histoire, Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : théâtre, théâtre 14, histoire | Facebook | | Imprimer
Livre : le prix Annick Lansman
Le prix Annick Lansman, a été fondé pour honorer la mémoire de cette institutrice et cofondatrice des éditions Lansman, décédée en octobre 2005.
Un concours est lancé chaque année, depuis 2010, pour couronner un œuvre théâtrale destinée aux enfants de moins de 13 ans et participer au développement du plaisir de lire le théâtre à partir de 9/10 ans.
L'association Promotion Théâtre a accepté de coordonner le prix. Le Centre des Écritures Dramatiques Wallonie-Bruxelles, Lansman Éditeur et divers autres partenaires lancent depuis deux ans un appel aux auteurs.
Cette année, le prix est attribué à Bénédicte Couka pour Le Sable dans les yeux, l’histoire de Margot qui cache dans un arbre creux les petits mouchoirs que sa maman paralysée, s’obstine à broder. Dans la forêt, la louve et son louveteau la guettent, et Tom cherche son fils et les loups. « Il y a des événements qui donnent un goût amer à la douceur du printemps », et heureusement les petits mouchoirs empêchent le sable de rester dans les yeux des humains, comme dans celui des louveteaux.
C’est un très joli conte où la tristesse finit en espérance.
Le prix sera remis à l'Hôtel de Ville de Morlanwelz, le samedi 15 septembre à 14h30.
Si vous passez par là allez féliciter l’heureuse gagnante.
C’est en Belgique, mais vous n’êtes pas obligés de demander la nationalité belge pour participer.
Couka Bénédicte : Le Sable dans les yeux, Lansman éditeur, prix 9 €.
11:03 Écrit par Dadumas dans culture, éducation, langue, Littérature, Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : théâtre, littérature, éducation, culture, belgique, francophonie | Facebook | | Imprimer
06/09/2012
Histoires à courir le monde
Ils sont cinq, deux filles : (Evelyne El Garby Klai, Magali Genoud), et trois garçons : (Amaury de Crayencour, Eric Herson-Macarel, Régis Vallée). Ils portent un pantalon sombre et un débardeur blanc. Ils sont assis sur des tabourets, et regardent les spectateurs s’installer. À cour, un portant avec des costumes (Marion Rebmann), au fond, un tableau noir.
Attention, ils vont commencer ! Et là, une fois partis, ils vont jouer trente-quatre personnages, dans dix-huit siècles différents, de Linchamps, (dans les Ardennes) au sud saharien en passant par Paris, Marseille et Villers-Cotterêts.
Dans la lignée des grands feuilletons à coups de théâtre, poursuites, travestissements, révélations, manuscrits, tombe à secrets, cercueil sans cadavre mais trésor enfoui, l’auteur, Alexis Michalik utilise tous les rebondissements. Sa mise en scène fluide et des comédiens aguerris conduisent un public haletant qui frémit à toutes les embûches.
On aimait Alexandre Dumas, lui aussi. Il va nous le faire revivre. Il en fait l’inspirateur de son « histoire », le plaçant face au prince de Polignac, ministre de Charles X, et leur mettant en bouche ces deux fameuses répliques :
Polignac : — Au fait, cher Maître, vous devez bien vous y connaître en nègres ?
Dumas : — Mais très certainement. Mon père était un mulâtre, mon grand-père était un nègre et mon arrière-grand-père était un singe. Vous voyez, Monsieur : ma famille commence où la vôtre finit. »
Ce n’est pas exact ? non plus que la date de sa première rencontre avec Hugo ? mais qu’importe qu’il viole l’Histoire puisqu’il lui fait un bel enfant ! : ce Porteur d’histoire qui, après un triomphe dan le off d’Avignon, s’installe au théâtre 13 jusqu’au 14 octobre.
« Chacun porte en soi une histoire », dit Martin, le porteur d’histoires, un des personnages créés par Alexis Michalik qui lui, en porte des milliers. L’action commence en juin 2001, par la recherche du père, la rencontre avec la mort, et la découverte du savoir. Les histoires à courir le monde commencent ainsi. Quelquefois, elles deviennent des épopées...
Martin va plonger dans l’Histoire, à la recherche de la famille des Saxe de Bourville, qui elle-même recherche les lysistrates. De siècle en siècle, les personnages explorent les années 1832, 1822, 1666, 1778, 1870, 1792, 1348, 258, et j’en passe sûrement… La bibliothèque d’Adelaïde Antès (oui comme Dantès, mais sans le D des Dumas) vous confirmera tout ce qui est raconté, elle contient toutes les belles histoires du monde.
L’essentiel est d’y croire, et de ne « jamais cessé d’aimer ». D’ailleurs, j’ai vérifié, Linchamps existe, et il y a une maison du XVIIe siècle à vendre !
Photo : Julien Lemore
Le porteur d’histoire d’Alexis Michalik
Théâtre 13
01 45 88 62 22
mercredi, vendredi à 20H30 | mardi, jeudi, samedi à 19H30 | dimanche à 15H30.
Jusqu’au 14 octobre
12:04 Écrit par Dadumas dans Littérature, Livre, Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : théâtre, littérature, théâtre 13 | Facebook | | Imprimer