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21/01/2010

Une histoire qui finit mal

 

 

En mars dernier, la création de Casimir et Caroline nous avait donné une émotion immense*.

La pièce est reprise, et si vous n’aviez pas pu y assister alors, il est temps de vous précipiter au théâtre de la Ville (jusqu’au 24 janvier). Et si vous aviez comme moi, envie de la revoir, vous l’apprécierez encore plus.

Nous avions aimé, Sylvie Testud dans le rôle de Caroline, être fragile et désemparé, ballottée par le destin. Elle a cédé son rôle** à Élodie Bouchez, qui montre plus, de volonté, de désir et de souffrance. Le reste de la distribution (dix-huit comédiens) ne change pas, et tous mérite méritent nos éloges.©JEAN-LOUIS FERNANDEZ 01.JPG

Ödön von Horvath écrit Casimir et Caroline, au début des années 30, lorsque la grande crise économique a laissé l’Allemagne exsangue et que le nazisme se présente comme l’espoir d’un ordre nouveau.©JEAN-LOUIS FERNANDEZ 02.JPG

Caroline sent d’instinct qu’il faut profiter de cette fête de la bière pour jouir encore un peu. Casimir vient de perdre son emploi et n’en a pas envie. Ce malentendu brise leur attachement. L’atmosphère trouble, les fréquentations douteuses, les rites obscènes de la fête de la bière achèvent de détruire leur amour.

Les filles se vendent, les hommes s’avilissent, l’horizon devient noir et rouge, comme le drapeau nazi. L’histoire finit donc mal. Mais la pièce, telle qu’elle est mise en scène, est un chef d’œuvre.

Emmanuel Demarcy-Mota montre le crescendo de la violence et du Mal, mieux que l’Histoire nous l’enseigne. Sa mise en scène marquera le théâtre d’Horvath. La tournée qui commence, après le Théâtre de la Ville, lui trace le chemin d’une carrière internationale à laquelle nous applaudissons.

 

 

 

* voir note du 22 mars 2009 (archives)

** Sylvie Testud joue actuellement sur une autre scène.

 

 

Casimir et Caroline d’Ödön von Horvath

Traduction de François Regnault

Jusqu’au 26 janvier au Théâtre de la Ville

 

Tournée : Sète, Bordeaux, Annecy, Salins, Valence, Cergy-Pontoise, Amiens, Clermont Ferrand, puis Moscou, Saint-Pétersbourg, Portugal, Italie, Luxembourg.

 

 

19/01/2010

Sonia et son oncle

 

Vania est-il un raté ? Un oncle dévoué ? Un original ? Un fou ? Un bouffon ? Marcel Maréchal ne choisit pas, il est tour à tour ces cinq personnages et masque leur désespoir sous un sourire ironique.

Tchekhov ne donne pas tout de suite le titre de Oncle Vania à cette pièce écrite dans les dernières années du XIXe siècle. Elle s’intitule, Le Sylvain, L’Esprit de bois, porte en sous-titre  Scènes de la vie de campagne, mais décrit le même désenchantement de deux idéalistes, le docteur Astrov (Emmanuel Dechartre), fervent défenseur de la forêt russe, qui ne croit plus en rien, ni en personne, même pas à l’amour pur de Sonia (Juliette Duval), et Vania, qui a passé vingt-cinq ans de sa vie à soutenir la gloire du professeur Serebriakov (Michel Demiautte), son beau-frère, lequel se révèle un cuistre arrogant et sans cœur. « Sa première femme », « un ange », était la sœur de Vania. Elle est morte et Serebriakov s’est remarié avec la jeune Elena (Liana Fulga) que les deux hommes désirent.

Mais ce n’est pas la jalousie qui va pousser Vania à tirer sur Serebriakov, c’est la colère, car ce dernier prétend vendre le domaine que Sonia a hérité de sa mère. Domaine qui fait vivre famille et serviteurs grâce à la gestion rigoureuse de Vania et Sonia. Que deviendront Maria, sa mère (Hélène Roussel), la nounou, Marina (Olga Abego), Téléguine (Jacques Angéniol), Efim (Anthony Cochin), lui, Vania vieilli sous les tâches serviles, et la pauvre Sonia, trop laide pour trouver un mari ?

Le vieux professeur et sa jeune femme pensaient « rester jusqu’à la fin du monde » et passer une retraite paisible, mais, du printemps à l’automne, les relations se tendent, le désordre agite la maison, et l’orage éclate… Et quand « Ils sont partis ! » tout redevient « comme par le passé », tranquille et résigné.

Vania aurait voulu être « un être de lumière », mais, il « n’éclaire personne », il restera seul. Astrov aussi, Sonia également. Le travail auquel ils se vouent les consolera-t-il de leurs désillusions ? Ou bien cet autre chant qui masque l’accordéon mélancolique, et s’élève, au lointain, leur apportera-t-il l’espérance perdue ? La musique de François Fayt s’accorde aux sentiments contradictoires des protagonistes

Dans le décor de Thierry Good, Marcel Maréchal retrouve des accents de Cripure, et renoue les liens tissés avec la Russie qu’il a sillonnée. Il est poignant en Vania, et la petite Duval bien émouvante… Emmanuel Dechartre trouve aussi le ton juste, un rien désabusé, et beaucoup passionné. Et à travers Astrov, l'écologie a trouvé un partisan.

 

 

Oncle Vania d’Anton Tchekhov

Traduction d’Arthur Adamov

Théâtre 14

01 45 45 49 77

en tournée ensuite avec les Tréteaux de France

Du 12 janvier au 23 février

Une filiation difficile

Fillede5PhotoLot_1.jpg 

 

Angéla (Aurélie Bargème) est avocate d’affaires. Et ça marche bien pour elle, merci ! Elle a un fiancé, Clément (David Seigneur) qui joue les cyniques, plaisante de tout, sauf de ce qui touche au fils qu’il a eu d’un premier mariage. Mais, Angela aimerait qu’il soit plus attentif. Elle a un lourd secret qu’elle ne parvient pas à partager. Elle, si brillante, est la fille de Josiette (Marie-France Santon), qui se promène dans la vie avec un « Q.I. de 2 » et un cœur gros comme ça ! Et, comme Josiette vient de faire une énième tentative de suicide, François, son référent (Régis Santon) n’a rien trouvé de mieux que de la sortir de l’hôpital psychiatrique, pour la faire vivre trois semaines, chez sa fille qui n’en peut mais…

Avoir une mère tarée, c’est la honte ! Mais en même temps, c’est sa mère : ambivalence des sentiments et paradoxes en tous sens ! L’auteur (Emmanuel Bataille) dote Josiette, pour faire bonne mesure, d’une copine, Anita (Marie-Christine Danède), « foraine fracassée la vie », et d’un amant, Lakhdar (Madgid Ziouane ou Lounès Tazaïrt) un arabe tolérant et philosophe.

Dans cet imbroglio psychotique, les comédiens sont remarquables de naturel, à commencer par Régis Santon, le metteur en scène, qui incarne, sans le caricaturer, un psychologue averti. Marie-France Santon rend crédible la détresse, les sautes d’humeur et l’humour de cette pauvre Josiette. Aurélie Bargème joue juste, avec une pointe de tragique qui lui sied bien. Mais rassure-vous, tout se termine dans le rire, les chansons et la réconciliation universelle…Fillede2PhotoLot.jpg

Régis Santon recommence ici sa vie théâtrale, après qu’on l’a privé du Silvia Monfort. Il reprend le flambeau de découvreur de talents, donnant sa chance à une jeune auteur, impliquée dans le monde du handicap. Il a reconstitué une équipe, il a renoué avec sa vocation.

Allez vite le retrouver…

 

 

 

 

 

 

Fille de… d'Emmanuelle Bataille

Depuis le 6 janvier

À la Comédie saint-Michel

01 55 42 92 97

Mercredi, jeudi, vendredi à 19 h 30

Samedi à 17 h 30

18:31 Écrit par Dadumas dans Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : théâtre, régis santon |  Facebook | |  Imprimer