08/02/2006
Rompre
Amour frappé d’Alan Rossett
Pas facile de rompre sans être accusé d'inconstance ! Dans un couple, il y en a toujours un qui ne veut pas, qui s'accroche, qui fait des histoires... Éric a trouvé une astuce : jeter Junie dans les bras de Robert, ou inversement. Et son stratagème fonctionne, au-delà de ses espérances… Trop tard ! Fallait réfléchir avant !
Ce ménage à trois un peu inhabituel, c’est la « troupe des Bonobos » ! Jean-Charles Debaisieux, Cédric Couturier se démènent pour le désamour de Laurence Crete, dans une mise en scène de Roland Bideau. Pas un temps mort et pas mal de rires dans la salle. Le public jeune viendrait-il pour prendre des leçons ?
Ils ne jouent que le lundi et mardi à 20 h dans une salle minuscule du XVe jusqu’au 28 février. Profitez-en, les places sont à 9 €, et moins si étudiant, chômeur.
Théo Théâtre
20 rue Théodore Deck
75015 Paris
01 45 54 00 16
Texte publié à l'Avant-Scène théâtre, collection des Quatre-Vents, 8 €
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03/02/2006
Sous le charme
Pygmalion de Bernard Shaw
Vous connaissez tous l’histoire d’Eliza Doolittle, la marchande de violettes des faubourgs de Londres, que les leçons de phonétique, de syntaxe et de savoir-vivre du professeur Higgins transforment en duchesse. Si on a un peu oublié le film d’Asquith (1938), on se souvient parfaitement de celui de Cukor (My Fair Lady) avec Rex Harrison et Audrey Hepburn. Nicolas Briançon donne, au théâtre Comédia, de la comédie surannée, une délicieuse mise en scène qui éclaire d’un jour nouveau le personnage de Higgins que joue Nicolas Vaude.
Figurez-vous un jeune homme insolent, ergoteur, si imbu de son érudition, qu’il joue les singes savants en public, si immodeste qu’il en devient grossier, en un mot insupportable. Alors, Danièle Lebrun exprime une tendresse faussement scandalisée, mais secrètement fière, à être la mère de cet ange rebelle qui déverse des paradoxes dans les salons, histoire de choquer la bonne société et de l’épater, elle.
Barbara Schulz est le charme incarné, même sous ses oripeaux criards, elle ne peut être vulgaire. Henri Courseaux en Pickering médiateur, Odile Mallet en gouvernante sévère, Jean-Claude Barbier en père Doolittle, tous donnent à la soirée un état de grâce prodigieusement soutenu par les splendides décors à transformations de Jean-Marc Stehlé et les ravissants costumes de Michel Fresnay.
Théâtre Comédia01 42 38 22 22
14:15 Écrit par Dadumas dans Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : théâtre | Facebook | | Imprimer
Des monstres ordinaires
La Maison des morts de Philippe Minyana
Ce sont des gens que la vie a cabossés dès l'enfance. Ils n'ont pas d'identité propre, juste des repères physiques pour les matérialiser. La Femme à la petite voix (Catherine Ferran), la Femme à la natte (Catherine Hiegel), l'Homme aux cannes (Pierre Vial). Ils se contentent de peu : petits boulots et allocations. Ils ne luttent pas pour vivre, ils se débattent pour exister, au fil d'une eau plutôt fétide, dans le marécage des instincts. Ils ne distinguent pas le désir du besoin. Le père trouve normal de copuler avec sa fille. La mère de tuer son fils. Car, s'ils ne sont pas des héros, ils font parfois les gros titres dans la rubrique des faits divers. Et comment pourrait-on avoir pitié d'eux, ces monstres de l'ordinaire ? Ils n’ont pas de mots pour se plaindre ou expliquer. Juste quelques phrases qu’ils répètent sans se faire comprendre, et le cri, le hurlement primal qui déchire le silence. Dès leur naissance, ils habitent la maison des morts, car pour eux, la mort est délivrance.
Philippe Minyana signe là une œuvre d’une noirceur atroce, inspirée de la réalité, transformée par une langue décomposée, recomposée en phrases courtes, hachées, malaxées. Robert Cantarella clôt l’espace central. Autour des cloisons, rideaux, portes et fenêtres, des êtres s’agitent et se noient, comme des poissons hors d’un bocal. On connaissait le génie de Catherine Hiegel, Catherine Ferran et Pierre Vial à composer des personnages monstrueux. Ils sont parfaits. On découvre de jeunes talents qu’on ne connaissait pas encore : Sharokh Moshkin Ghalam, Nicolas Maury, Grégoire Tachnakian, tous sidérants dans l’interprétaion des divers rôles qu’ils assument avec brio.
De quoi étonner et bouleverser le public du Vieux-Colombier.
Théâtre du Vieux-Colombier
01 44 39 87 00/01
09:30 Écrit par Dadumas dans Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : théâtre | Facebook | | Imprimer