14/10/2016
Le cri qui ne tue pas...
Patrick Robine est seul en scène. Mais il est vite rejoint par des arbres, une famille de pommes de terre, un élan qu’il va baptiser Ramuntcho, sa tante Simone, les anciens commandants de la dernière guerre, un rhinocéros et un navet hurleur. J’en oublie sûrement, car s’il ne se perd pas dans cette géographie, le spectateur s’égaille et s’égaie, dans un récit d’aventures prodigieuses qui se déroulent dans des lieux inattendus et des temps improbables.
Quand on rit, on se soucie peu du réalisme et la logique peut bien se prendre les pieds dans le tapis ! Jean-Michel Ribes, le metteur en scène est un maître de l’extravagance et nous conduit où il veut. Le cri de la pomme de terre du Connecticut ne tue personne mais elle peut vous faire mourir... de rire.
Et c’est bon pour le moral…
Le Cri de la pomme de terre du Connecticut de et avec Patrick Robine
Mise en scène : Jean-Michel Ribes
Théâtre du Rond-Point
01 44 95 98 51
Jusqu’au 31 octobre, 21 h
www.theatredurondpoint.fr
16:53 Écrit par Dadumas dans Blog, humour, Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : théâtre, humor, théâtre du rond-point, patrick robine | Facebook | | Imprimer
15/10/2015
Un poisson nommé Claude
Grande Monsieur (Marc Lavoine) semble désabusé. Assise sur le même banc, Petit Fille (Géraldine Martineau) l’air effronté, l’accoste, le provoque, éveille sa méfiance, sa colère et finalement sa compassion. Elle dit que ses parents l’ont abandonnée, qu’elle a faim. Il l’invite avec la ferme intention de la ramener chez ses parents. Mais personne ne répond au téléphone. Elle est volubile, il est taciturne. Elle réclame des sucreries, il lui offre une soupe, puis un lit pour la nuit.
Non ce n’est pas ce que vous pouvez imaginer. Pas un soupçon de pédophilie. Pas de sexe, juste deux êtres que la vie a cabossés. Elle, avec son allure androgyne de gamine mal aimée : « ma mère dit que je lui pourris la vie ». Elle s’invente une vie aquatique parce qu’elle respire mal dans sa famille. Lui, solitaire, préfère les hommes et a avalé tant de couleuvres qu’il n’espère plus rien.
Qu’ont-ils en commun ? Un prénom asexué : Claude. Et la perte brutale de leurs parents.
Pourquoi un poisson « belge » ?
La scène se déroule à Bruxelles, c’est-à-dire, aurait ajouté Jarry « nulle part », ou plutôt, partout où deux humains essaient de panser leurs plaies.
Le « poisson » appartient à une légende japonaise sur le deuil, qui lui, est international. Nos deux Claude vont apprendre à pleurer ensemble, rire ensemble et regarder séparément vers l’avenir.
Cette jolie pièce en forme de conte philosophique est signée Léonore Confino mise en scène par Catherine Schaub. On y trouve une délicate poésie, une sensibilité aiguë.
Marc Lavoine qu’on avait déjà vu au cinéma et surtout dans la chanson fait ici d’excellents débuts au théâtre, sa partenaire, la petite Géraldine Martineau a tout d’une grande comédienne.
Et on leur souhaite beaucoup de spectateurs et de récompenses.
Photo : © Christophe Vootz
Le Poisson belge de Léonore Confino
Théâtre de la Pépinière-Opéra à 21 h
Tel : 01 42 61 44 16
14:57 Écrit par Dadumas dans Blog, éducation, humour, Littérature, Poésie, Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : théâtre, poésie, humor, marc lavoine, léonore confino, géraldine martineau | Facebook | | Imprimer
15/11/2013
Les liens du sang
Ils arrivent endeuillés, accablés et cérémonieux, les cousins de feu Mata Todorovic.
Trifun (Jean Tom) chante les louanges du défunt. Agaton Jean Hache) en dresse le panégyrique avec sa femme, Simka (Annick Cisaruk). Mica (Pascal Ivancic) dit son affliction, Sarka (Antonia Malinova) sa consternation, Proka (Philippe Ivancic) gémit de douleur et sa femme Gina (Rosalie Symon en alternance avec Charlotte Rondelez) sanglote pour toute la famille.
Mais leur désolation n’est qu’affectation, car ce qu’ils attendent, c’est l’ouverture du testament. Chacun espère hériter et tous se partagent déjà les biens meubles et immeubles du domaine. Ils se font des politesses, mais s’épient et surveillent qu’aucun ne s’empare de l’argenterie, ni des bibelots. Méchants entre eux et méprisants envers celle qu’ils prennent pour la servante, une jeune fille en noir, Danica (Caroline Pascal) fragile et sérieuse.
Quand ils apprendront qu’elle est l’héritière, fille naturelle de leur cousin, elle sera d’abord « la bâtarde ». Puis Agaton change de tactique, devient paternel et mielleux. Il tente de circonvenir, la jeune fille, puis l’avocat, Maître Petrovic (Sacha Petronijevic) et sans scrupules, s’installe dans la maison…
La comédie est féroce. L'auteur, Branislav Nusic est impitoyable envers ses semblables. Ses personnages sont vicieux, le meneur de la bande est pervers, les innocents sont abusés, et le public rit de cet humour cinglant. Dans le décor sobre et efficace de Danièle Rozier, le pouf circulaire centralise les concupiscences. Les portes s’ouvrent sur leurs convoitises et se ferment sur leurs larcins. Ils sont cupides, laids, âpres, et ridicules. On plaint les victimes de ces parasites-là, et on étranglerait volontiers le triste sire qu’est Agaton. La mise en scène est épatante, rythmée (musique des Yeux noirs), pleine d’esprit, servie par des comédiens délurés, que les lumières d'Antoine De Carvalho, les maquillages de Solange Beauvineau transfigurent.
La farce ne propose pas de morale, mais sa réflexion sur la famille vous fera douter de la légitimité des liens du sang.
Photo : © Kasia Kozinski
Les (Des)héritiers de Branislav Nusic
Traduction de Sacha Petronijevic
Théâtre 13
01 45 88 62 22
Mardi, jeudi et samedi : 19 h 30
Mercredi et vendredi : 20 h 30, dimanche : 15 h 30
Jusqu’au 22 décembre
17:04 Écrit par Dadumas dans Blog, culture, humour, Musique, Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : théâtre, théâtre 13, humor, nusic, grijic | Facebook | | Imprimer