17/06/2016
Un nouveau cabaret
Un nouveau cabaret est né sur la rive gauche. Vous en connaissez déjà le chemin car le lieu ne fait jamais relâche. La deuxième salle du Poche-Montparnasse est depuis la mi-mai transformée en cabaret.
Petites tables autour de l’espace où trône le piano, boissons à la demande, le programme fait la part belle aux textes de Cocteau, « prince frivole » pour certains, immense poète pour nous.
Tous les lundis Caroline Casadesus interprète, de sa voix sensuelle, La Dame de Monte-Carlo et La Voix humaine mise en musique par Francis Poulenc. Elle y met la passion et le désespoir, la rouerie et la tendresse d’une femme abandonnée. Au piano Jean-Christophe Rigaud l’accompagne dans ces deux petites tragédies. La mise en scène de Juliette Mailhé est sobre.
Tant de talents suscitent émotion et admiration.
La Dame de Monte-Carlo et La Voix humaine de Cocteau musique de Francis Poulenc
Tous les lundis à 20h30.
Jusqu’au 11 juillet
Dans le même lieu ;
Cabaret Picasso, le bateau-lavoir sur des textes de Max Jacob, André Salmon, Guillaume Apollinaire, musique de Reinhardt Wagner.
Tous les mardis, mercredis et jeudis à 20h30
Le Boeuf sur le toit, cabaret littéraire et musical conçu et animé par Philippe Tesson avec quatre chanteuses, trois pianistes et un comédien poète font revivre Cocteau sur des airs de Gershwin, Cole Porter, Darius Milhaud, Francis Poulenc, Erik Satie, Kurt Weill .
Tous les vendredis et samedis à 20 h 30.
Théâtre de Poche Montparnasse
01 45 44 50 21
www.theatredepoche-montparnasse.com
17:51 Écrit par Dadumas dans Blog, cabaret, culture, Littérature, Musique, Poésie, Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : théâtre, musique, poésie, théâtre poche-montparnasse. | Facebook | | Imprimer
Un songe enchanté
Le Songe d’une nuit d’été de Shakespeare a inspiré à Purcell un « semi-opéra » : The Fairy Queen. Je ne sais pas très bien ce qu’est un « semi-opéra », mais, j’affirmerais volontiers qu’Un songe d’une nuit d’été, adaptation des deux œuvres en une seule, par Wajdi Lahami, appartient au genre « chef d’œuvre ».
Le jeune Lysandre (Ivan Herbez) et la belle Hermia (Laetitia Ayrès) s’aiment et voudraient se marier. Mais le pater familias en a décidé autrement. « Ma fille m’appartient » et il veut qu’elle épouse Demetrius (Jules Dousset), duquel son amie Helena (Ariane Brousse) est éprise. Entre épouser ou mourir, les amants trouvent une troisième voie : l’enlèvement. Ils se donnent rendez-vous dans le bois d’Athènes pendant cette nuit d’été où tout un monde païen de fées, de lutins malicieux, d’êtres invisibles et souveraines, entoure les hommes d’une invisible et invincible puissance.
À cause de la jalousie d’Oberon (Maxime de Toledo), de la maladresse de Puck (Francisco Gil), la pauvre reine des fées Titania (Orianne Moretti) tombera amoureuse d’un âne, et Lysandre d’Helena. La magie (signée Nicolas Audouze) joue quelquefois des tours pendables.
Au bout d’une nuit très agitée, les amoureux seront réconciliés et réunis, et Puck dans son adresse au public dissipera l’illusion du spectacle en souhaitant « bonne nuit à tous. »
Certains rigoristes seront troublés de voir que dans l’adaptation de Wajdi Lahami, le Duc Thésée ne figure plus que sous la forme d’un persona tutélaire au premier acte, que la reine des Amazones a disparu ainsi que la troupe de comédiens qui joue Pyrame et Thisbé. Mais Ils devront reconnaître que l’esprit de Shakespeare est bien vivant dans l’heureuse mise en scène d’Antoine Herbez .
Les sept comédiens, qui sont aussi chanteurs, sont accompagnés de trois musiciens : Victorien Disse, (théorbe et guitare baroque) interprète aussi Papillon, Alice Picaud (violoncelle) est aussi Toile d’Araignée et Marie Salvat, (violon) est également Graine de Moutarde. Et quelle voix merveilleuses pour les chants issus de The Fairy Queen, judicieusement insérés dans l’ouvrage !
Les lumières Fouad Souaker rendent onirique la scénographie de Charlotte Villermet, construite de panneaux à la fois opaques et translucides, éléments mobiles sur fond de nuit américaine. Les costumes de Madeleine Lhopitallier opposent les couleurs froides ((blanc et indigo) de la réalité contrariée des amants, à celles chaudes et fauves des créatures surnaturelles. Il reste à féliciter Claire Faurot pour sa chorégraphie impeccable, et à remercier le Théâtre 14 d’accueillir sur sa scène étroite cet univers enchanteur pour ce songe enchanté.
Photos : © LOT
Un songe d’une nuit d’été d’après Shakespeare, musique de Purcell (The Fairy Queen) adaptation de Wajdi Lahami
Direction musicale Didier Benetti
Théâtre 14
01 45 45 49 77
Jusqu’au 1er juillet 2016
Mardis, vendredis et samedis à 20h30,
les mercredi et jeudis à 19h
matinée samedi 16 h - supplémentaire lundi 27 juin à 20h30
11:32 Écrit par Dadumas dans Blog, culture, danse, humour, Littérature, Musique, Poésie, Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : théâtre, théâtre 14, shakespeare, purcell, musique, poésie, littérature | Facebook | | Imprimer
10/06/2016
Un talentueux touche-à-tout
Le musée Mendjinsky est consacré aux artistes des « deux écoles de Paris ». La première (1912-1939) regroupe l’ensemble des artistes étrangers, souvent d’Europe centrale, arrivés à Paris au début du XXe siècle, et qui se fixe dans le quartier de Montparnasse. La seconde (1945-1960), rassemble les artistes de tous les continents qui choisissent Paris comme lieu de formation, de création et d’exposition.
Sophie Malexis, journaliste au Monde jusqu’en 2009, a réuni les œuvres photographiques d’Émile Savitry (1903-1967) peintre, puis photographe, qui côtoya les intellectuels, peintres, écrivains, musiciens, des années 30. Le résultat de ses patientes recherches aboutit à cette remarquable exposition Émile Savitry, un peintre de Montparnasse.
Ami de Django Reinhardt, d’Aragon, de Prévert, Émile Savitry est « un talentueux touche à tout ». Ses photos, témoins des rencontres de Giacometti, Brauner, Grimault, Neruda font revivre l’atmosphère de l'Académie de la Grande Chaumière, de La Coupole, de La Rotonde, et retracent le bouillonnement culturel de ces années où l’art n’a plus de frontières.
Scène de tournage des "Portes de la nuit", film de Marcel Carné dans un décor d'Alexandre Trauner, Paris, 1946.
Photos © Émile Savitry courtesy Sophie Malexis
Grâce à Émile Savitry, les films comme Tabou de Murnau, et La Fleur de l’âge de Carné et Prévert quittent le purgatoire des films maudits. On retrouve les visages d’Arletty, Anouk Aimée, Serge Reggiani, et les petits bagnards adolescents qui inspirèrent à Prévert cette Chasse à l’enfant de tragique mémoire.
"Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !
Au-dessus de l'île, on voit des oiseaux
Tout autour de l'île il y a de l'eau
Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !
Qu'est-ce que c'est que ces hurlements
Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !
C'est la meute des honnêtes gens
Qui fait la chasse à l'enfant […]" (Paroles)
Si vous aimez, comme nous, le réalisme poétique, cette exposition est pour vous.
Émile Savitry, un peintre de Montparnasse.
8 juin-5 octobre
Musée Mendjisky-Ecoles de Paris
15, square Vergennes
75015 Paris
15:15 Écrit par Dadumas dans Blog, culture, exposition, Film, Histoire, Littérature, Livre, Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : musée mendjinsky, exposition photos, prévert, carné. | Facebook | | Imprimer