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22/09/2011

" Sans blague ! "

 

 

 

Quelques mesures d’un limonaire le précèdent. Puis Brock entre par la salle, valise à la main et, sur la tête, un drôle de petit chapeau tyrolien à plumes. Il salue les spectateurs « Ah ! C’est toi ! » « C’est nous ! ». Il offre une plume, il grimpe sur scène. Une guirlande de lampes s’allume, comme pour le bal du 14 juillet. Mais ce soir, c’est le « bal d’Obaldia », le roi de la soirée, et le petit homme jovial qui l’ouvre, est un drôle de clown, tantôt Auguste, tantôt clown blanc, en passe de devenir le roi des clowns, comme le célèbre Grock dont son pseudonyme s’inspire.

Brock, nous l’avions entendu d’abord en voix off, bruiteur, complice de Victor Haïm dans La Peau d’un fruit. Puis il enchanta les Fantaisies de Stéphanie Tesson, chaque année, à Versailles et dans des jardins remarquables. Et en juin dernier, il fut le comédien protéiforme de sa revue d’un monde en vrac. Il change de voix, il change de sexe, il change d’époque, de personnages, il est humain, animal, végétal, il est une troupe théâtrale à lui tout seul. « Sans blague ! »

Stéphanie Tesson, pour le festival Obaldia, a cousu des textes choisis de notre Immortel*, et, les a confiés à Brock, pour un florilège poético-naturalo-érotico-caustique. Qu’il soit râleur réactionnaire : « que des manchots ! des impotents ! », mère désabusée, star déchue, aventurier désabusé : « laissez-moi reposer sur le ventre des veuves ! », suborneur de pucelles, petit nègre qu’on « trouvera bien le moyen d’expulser », Brock joue tout avec brio. Et René de Obaldia glissant d’un genre à l’autre avec un anarchisme éblouissant, le maître a trouvé en lui l’interprète idéal.

Presque pas de décor : une table de bistro, une chaise, un porte manteau, Stéphanie Tesson installe et dirige son comédien avec art et simplicité, les lumières de Florent Barnaud donne la tonalité, la musique de Frédéric Ozanne, le tempo.

C’est un début de soirée pour spectateurs gourmets. On peut enchaîner avec Du vent dans les branches de sassafras. Et croire de nouveau que la vie vaut la peine d’être vécue…

 

 

* René de Obaldia a été élu à l’Académie-Française en juin 1999.…

 

Au bal d’Obaldia, florilège de textes de René de Obaldia

Du 21 septembre au 23 octobre

Théâtre du Ranelagh à 19 h, en alternance avec L’Amour à trois

www.theatre-ranelagh.com

01 42 88 64 44

 

21/09/2011

Tempête en Alaska

 

Le blizzard souffle en rafales menaçantes (Ambiance sonore : Axel Lussiez) quand Rosannah (Isabelle Duperray) trouve enfin refuge. Il était temps ! Avec sa robe de mariée en soie (costumes : Valérie Montagü) et ses escarpins bordés de dentelle, elle risquait la mort. Elle est glacée, affamée, n’a pas dormi depuis des jours. Elle reprend vie dans la chaleur d’une habitation rudimentaire, genre cabane de trappeur. Elle s’écroule au moment où s’éveille le propriétaire des lieux, un certain Henry (Norbert Ferrer), qui y vit comme un ermite.

« La scène est le lieu des conflits », répétait à l’envi Anne Ubersfeld qui fut un remarquable professeur de théâtre. Rosannah est raffinée et bavarde. Henry est du style taiseux et balourd. Tout est donc pour le mieux dans la meilleure dramaturgie possible.

Lorsque la belle se réveille, qu’elle a troqué ses vêtements de fête contre des nippes informes et des godillots, il faudra bien qu’elle explique cette cavale insensée depuis l’Arizona jusqu’à l’Alaska. Il faudra bien qu’il avoue ses éternels remords pour expliquer cette retraite au bout du bout du monde. Il vont se trouver des points communs, et surtout s’apercevront qu’ils ont besoin l’un de l’autre.

Avec peu de moyens, dans un petit théâtre de Montmartre, cette jeune équipe réussit le pari d’une charmante création. Allez l'encourager… Émotion garantie pour un public de tout âge.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Une lueur en Alaska (Brilliant Traces) de Cindy Lou Johnson

Traduction de Blandine Pélissier

Le Funambule Montmartre

du Mardi au Samedi à 21h30

jusqu’au au 29 octobre 2011.

01 42 23 88 83

19/09/2011

Eh bien chantez, maintenant !

 

 

 

Du temps de l’O. R. T. F., il n’y avait pas de censure, juste des « conseils ». Au nom des bonnes mœurs et pour protéger la morale des familles, un « comité d’écoute », classait les chansons dans des catégories précises : « pas avant vingt-deux heures », car les enfants se couchaient tôt. Puis venait le « pas avant minuit », plus restrictif, et enfin, le « interdit de diffusion » qui condamnait la chanson à mort.

Ce sont quelques-unes de ces « chansons déconseillées » que les comédiens français, sous la direction de Philippe Meyer, donnent au studio de la Comédie-Française. Ils avaient déjà, la saison dernière, révélé quelques chansons coquines. Depuis le 15 septembre, ils mettent en scène des chansons que le grand public connaissait peu ou pas du tout.

Sylvia Bergé, Cécile Brune, Françoise Gillard, Serge Bagdassarian, Benjamin Jungers, Stéphane Varupenne, Félicien Juttner, et Guillaume Mika, accompagnés de trois musiciens, (Jean-Claude Laudat à l’accordéon, et en alternance, au piano, Pascal Sangla, ou Osvaldo Caló, Anne Causse, au violoncelle, ou Frédéric Dessus, au violon), interprètent des chansons qu’on avait mises au placard. Elles dérangent, mais il est temps de leur dire : « Eh bien, chantez maintenant ! »

Les auteurs ? Béranger bien sûr, et Hugo, car le XIXe siècle n’admettait guère qu’on critique les « gens en place », ou « le bourgeois ». Plus près de nous, Prévert, Mac Orlan, Ferré, Brassens, Darnal, Debord, et la version que Rosa Holt, poétesse antinazi écrivit en 1935 transformant la romance du XVIIe, qui chantait « L’amour m’y contera » de Giroflé, Girofla en chanson antimilitariste.

Il en est des tragiques comme Jean Misère  que Pottier écrivit pour rendre hommage aux Communards, il en est de caustiques, inénarrables comme Le Général à vendre de Francis Blanche ou La Tyrolienne haineuse de Pierre Dac.

Les comédiens français en font de véritables petites comédies (musicales, bien entendu !), et rendent justice à leurs auteurs. On sait quel impact sur l’opinion, produisirent celles qui bravèrent la censure, comme Le Déserteur, ou Le Soudard. Et ce rôle de la chanson Philippe Meyer le défend régulièrement dans ses chroniques.

Les chansons sont utiles, elles propagent des idées. Courez vite au Studio pour retrouver cette heure de liberté, et n’oubliez jamais ce qu’écrivait Roda-Gil, né dans un camp où on avait incarcéré les républicains espagnols : « À quoi sert une chanson si elle est désarmée ? ».

 

 

 

Chansons déconseillées dirigées par Philippe Meyer

Studio de la Comédie Française à 18 h 30

Jusqu’au 30 octobre

www.comedie-francaise

01 44 58 98 58