Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

22/09/2010

Le bonheur est dans la nostalgie

 

 

 Bonne nouvelle pour cette rentrée ! Il y en a au moins deux qui ne réclament pas la retraite à soixante ans. Michel Dussarat, qui en a soixante-cinq, joue, chante et danse comme un jeune homme, et son patron, Jérôme Savary, qui, à soixante-sept ans passés, revendique de rester un « vieil adolescent ».

En une soirée et deux spectacles,  Paris Frou-frou  et Une trompinette au Paradis nous voilà requinqués.

Le premier spectacle met « Dudu » en vedette. Il a suivi le Magic Circus depuis ses débuts, il en a si souvent créé les costumes, et s’il reprend le smoking du meneur de revue de Cabaret, c’est pour notre plaisir. Jérôme Savary lui a taillé un scénario qui ressemble à sa vie. René (Michel Dussarat) mène la revue d’un cabaret le « Paris Frou-Frou ». Les affaires vont mal. Le patron Monsieur Roger (Frédéric Longbois) pense qu’à soixante-cinq ans, René devrait céder la place. Accompagné d’un pianiste, (Piano et Direction musicale Philippe Rosengoltz) dans les lumières de Pascal Noël, Michel Dussarrat qui signe naturellement les costumes se lance des numéros musicaux extravagants•  (son : Virgile Hilaire). Mais il a beau multiplier les numéros extraordinaires, marin, bourgeoise, coolie, magicien, strip-teaseuse, couple même, son sort est plié. Paris Frou-Frou le quitte. Drôle et nostalgique, le spectacle est tendre, soigné dans les détails, et un peu désordonné, comme il sied au Magic Circus : il n’en est que plus émouvant…

 

Une trompinette au Paradis rend hommage à Boris Vian, le génial auteur qui nous quitta à trente-huit ans, il y a plus de cinquante ans. Jérôme Savary l’adore. Il fait partie de son panthéon, comme Joséphine Baker et Fregoli. Il se met donc lui-même en scène, avec ses fidèles : sa fille, Nina Savary qui est aussi son assistante sur les deux spectacles, son « trial » (ténor comique) Antonin Maurel, une danseuse : Sabine Leroc, et le ténor léger : Frédéric Longbois. Costumes de Dudu bien sûr ! Ajoutez l’orchestre des « Franciscains Hot Stompers », Philippe Rosengoltz au piano, Jérôme Savary en conteur, puisant dans les plus belles chansons de Boris Vian, de « Je voudrais pas crever » au Déserteur et vous avez un spectacle enlevé, des numéros épatants, des attendrissements et des joies comme seul le grand Savary a su nous en donner depuis des décennies. Les titres étaient prometteurs, Fais moi mal, J’suis snob, Faut qu’ça saigne, La Java des bombes atomiques, Le blues du dentiste les chansons deviennent de véritables sketches où Nina Savary, Antonin Maurel, Sabine Leroc, Frédéric Longbois révèlent des dons extraordinaires. On en redemande, on ne veut plus les quitter…

Avec Savary en maître de cérémonie, le bonheur est dans la nostalgie, mais de celle qui vous éclaire la vie… Car dans l’œil du maître, « il y a de la lumière »…

 

 

 

 

 

 Théâtre Déjazet

01 48 87 52 55

Paris Frou-frou à 19 h

Une trompinette au Paradis à 20 h 30

 

 

 

29/04/2010

Paris, toujours !

 

 

 

Redingotes rouges et collants noirs, elles ont l’ingénuité et l’insolence des grandes comédiennes. Delphine Haber et Isabelle Siou, venues du théâtre, ont concocté une « balade parisienne » peu ordinaire. Elles aiment Paris et elles aiment ses poètes. Elles ont donc cousu avec une grande intelligence des textes du XXe siècle qui parlent de la capitale.

 Elles annoncent, Apollinaire, Queneau, Franck Venaille, Jacques Roubaud, Gainsbourg, Brassens, et on prend naturellement bien du plaisir à les retrouver. Cependant, l’attrait du spectacle est la découverte des textes nouveaux, et spécialement ceux de Yan Pradeau, musicien et auteur de chansons délicieusement acidulées.

Fines et souples comme des lianes, jumelles en scène, elles chantent et dansent autour d’un de ces bancs publics chantés par Brassens, et sur lequel Benoît Mellal, leur metteur en scène a installé « leur » musicien Yan Pradeau.

Cette heure de cabaret bien tempéré vous donne un spectacle épatant, qui vous met en appétit pour toute la soirée. Vous auriez raison d'y aller très vite.

 

 

Balade parisienne

Cabaret de chansons et de poésies

Théâtre du Ranelagh

01 42 88 64 44

Du mercredi au samedi à 19 h

Samedi à 16 h 30

Dimanche à 15 h

 

24/03/2010

Travailler plus ou ne plus travailler?

 

 

En novembre 1831, à Lyon, les « canuts », ouvriers de la soie, travaillaient quinze à dix-huit heures par jour, et leurs enfants, dix heures seulement. Facile ! Ils avaient leur « bistanclaque » à domicile. Ils ne rechignaient pas à travailler, mais ils voulaient seulement qu’on ne baisse pas leurs salaires. Le roi Louis-Philippe envoya le maréchal Soult et vingt mille hommes de troupe et cent cinquante canons pour réprimer « l'émeute ». Son ministre, Casimir Périer entendait rétablir « l’ordre public »

Le 14 février 1834, une seconde révolte éclata. Monsieur Thiers envoya douze mille soldats contre des émeutiers désarmés. Il n’y eut que trois cents morts : « de mauvais sujets » qui voulaient « Vivre en travaillant ou mourir en combattant ».

Malgré les répressions, les luttes reprirent en 1848, puis en 1849. De ces luttes naquirent des associations mutualistes de secours, ancêtres de notre sécurité sociale, de nos retraites.

Pourquoi je vous raconte ça ?

Parce que le travail se fait rare et qu’un spectacle musical Ça travaille encore évoque en chansons le long chemin qui mène de la semaine sans repos au chômage obligatoire. Louis Doutreligne, qui vient de signer un magnifique Sublim' interim, a cousu quelques textes pour relier les chansons qui, depuis 1894, à ces premières années du XXIe siècle, parlent de cette denrée devenue rare : le travail. Le Chant des Canuts, signée Bruant évoque les révoltes du XIXe siècle. Il conclut :

" Nous tisserons le linceul du vieux monde

Car on entend déjà la révolte qui gronde "

C'est un chant noble. 

Un spectacle musical avec des chansons déjà faites se doit de mêler les genres. Il y aura des chanson coquines (La Biaiseuse), des chansons légèrement frondeuses (Je ne veux pas travailler) ironiques, qui n'égratignent personne (Merci Patron), des chansons désespérées, (Il ne rentre pas ce soir, Les Mains d'or). Trente titres parcourent un itinéraire qui sinue de l'amour du métier à la tentation de tirer au flanc.

La mise en scène de Jean-Luc Paliès est précise et pétulante. Le jeu qu'il propose se suit agréablement. Au piano, Jean-Christophe Déjean (ou Thierry Pichat), à la contrebasse, Alexandre Perrot, à la batterie, Jean-Baptiste Paliès, accompagnent Claire Faurot, Laura Pélerins, Isabelle Zanotti, Alain Guillo, Miguel-Ange Sarmiento dont certains jouaient dans Sublim'Interim.

Entre les hymnes à la paresse, et la volonté de survivre, sommes-nous encore libres de choisir ?

 

 

 

 

 

Ça travaille encore, spectacle musical de louise Doutreligne et Jean-Luc Paliès

 

Vingtième Théâtre

01 43 66 01 13 

jusqu'au 14 avril

mercredi au samedi, 21 h 30

dimanche, 17 h 30