29/01/2016
Attention, chef d'oeuvre !
14:27 Écrit par Dadumas dans Blog, culture, humour, Littérature, Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | | Imprimer
20/01/2016
Le combat d'Odette
Elle s'appelle Andréa Bescond. Elle a commencé la danse à trois ans. Elle a remporté des concours, travaillé aux États-Unis, joué dans de nombreuses comédies musicales puis, est passée au théâtre avec Éric Métayer, dans Les 39 marches (2010), pièce pour laquelle elle fut nommée Révélation féminine aux Molières.
À ses talents d’interprète, elle ajoute aujourd’hui celui d’auteur avec Les Chatouilles, ou la Danse de la colère. Elle raconte l’enfance brisée d’une petite Odette à qui un pédophile, ami de ses parents faisait… des chatouilles.
Éric Métayer la met en scène sur un plateau nu, avec juste la chaise vide du psychanalyste dans l’axe optique. L’effet est saisissant. La bande son de Vincent Lustaud permet d’imaginer le lieu. Jean-Yves de Saint-Fuscien règle les lumières, les pénombres et les noirs autour d’Andréa Bescond.
Retenez bien son nom. Cette fille a du génie. Elle est tour à tour, l’enfant, le prédateur salace, la mère bornée, la prof de danse aimable et aussi ses élèves, la jeune femme de trente ans qui tente de se reconstruire, Manu le gars de la cité, Noureev descendu de son poster, la chorégraphe qui psychanalyse et l’analyste qui observe, le directeur de casting, Kacy la concurrente, le commissaire « pas délicat » qui enregistre sa plainte, et tous ses adjoints heureux de traîner enfin le pédophile aux Assises. Elle prend des accents divers, des timbres différents avec une aisance extraordinaire.
Elle sait faire rire et pleurer avec une virtuosité incroyable. Elle danse classique, ou moderne et même hip hop, elle dit l’innocence, la peur, le désespoir, l’injustice, la haine, la douleur à vous en bouleverser jusqu’à l’âme.
Comme son héroïne, Odette, elle danse pour sortir le drame de son corps. Elle le plie, l’arc-boute, roule, se relève, tombe encore et toujours renaît. Le combat d’Odette est celui, incessant, d’une jeune femme qui n’admet pas qu’il y ait « 75000 viols par an en France et autant concernant seulement les enfants », et qui veut qu’on écoute la parole de ces victimes.
C’est beau, pudique, impressionnant.
Photo : © Karine Letellier
Les Chatouilles, ou la Danse de la colère d’Andréa Bescond
Théâtre du Petit-Montparnasse
Du mardi au samedi à 21 h, samedi : 16 h 30
01 42 22 77 74
17:40 Écrit par Dadumas dans Blog, danse, humour, Littérature, Musique, Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : théâtre, danse, andréa bescond, eric métayer | Facebook | | Imprimer
15/01/2016
L'équilibre d'Archimède
Anna (Chloé Lambert) et Pierre (Julien Boisselier) se sont aimés. Ils ont eu un enfant, un petit Archimède. Puis ils se sont séparés, et trois ans plus tard, la guerre du couple fait encore des ravages. « Dans l’intérêt de l’enfant », le juge a conseillé une « médiation », comme la loi de février 1995 le recommande.
Mais, pour eux, c’est « une perte de temps », et ni l’un, ni l’autre ne semblent accepter de restaurer la communication. Pierre semble surtout préoccupé de sa carrière de paléontologue et dévalorise celle d’Anna. Il l'a quittée « par mail ». Elle ne l’a pas digéré. On la comprend. Elle est obsédée par la santé de son fils, Archimède, et refuse que l’enfant voie son père qu’elle juge immature. L’équilibre d’Archimède demande plus de principes. Pierre ment. Elle le surveille de loin. Ils s’insultent. La scène devient un « ring ».
Pourtant, Isabelle, la médiatrice (Raphaëline Goupilleau) et son assistante de fille, Jeanne (Ophélia Kolb) réussiront, après deux séances, à « apaiser les conflits ». Cependant, au moment où Pierre apprend qu’Anna aime « un autre homme », le pervers narcissique se démasque, et tout semble… à recommencer.
D’une situation devenue banale à notre époque, où les divorces fleurissent avec les Narcisses, Chloé Lambert tire une jolie comédie acidulée, pleine de rebondissements, de mauvais (et bons) sentiments et de rires. Ses personnages ordinaires, amants d’hier devenus ennemis aujourd’hui, ont la mauvaise foi de ceux que la souffrance rend excessifs, intransigeants. Elle joue la mère inquiète, la femme trahie, puis la combattante avec une sensibilité émouvante.
Il n’était peut-être pas nécessaire de doubler le désaccord épouse/époux par celui de la médiatrice et de sa fille. Car si les antagonismes en abyme pimentent la situation, ils donnent un goût d’invraisemblance à l’action.
Cependant, les disputes des uns et des autres renforcent la théâtralité. Elles permettent aussi aux comédiennes, Raphaëline Goupilleau et Ophélia Kolb de donner le plus profond d’elles-mêmes, et à Julien Boisselier, avec son phrasé si particulier, son timbre un peu voilé, de composer un personnage séduisant.
Le comédien signe aussi une mise en scène claire, car dès la première scène où il isole Pierre et Anna dans un halo lumineux (lumières d’Emmanuel Jurquet), l’un à jardin, l’autre à cour, pendant qu’une voix off lit les articles du code relatifs à la médiation, le spectateur saisit l’enjeu. Le décor de Jean Haas est sobre et efficace. Tous concourent au succès de la première pièce de Chloé Lambert.
On lui en souhaite beaucoup d’autres…
Photos : © Brigitte Enguerand
La Médiation de Chloé Lambert, mise en scène de Julien Boisselier
Théâtre de Poche-Montparnasse
Du mardi au samedi, 21 h
Dimanche 15 h
01 45 44 50 21
www.theatredepoche-montparnasse.com
16:13 Écrit par Dadumas dans Blog, culture, humour, Littérature, Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : théâtre, théâtre du poche-montparnasse, chloé lambert, médiation familiale, julien boisselier | Facebook | | Imprimer