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06/04/2015

Un coeur tendre

 

 

Théâtre, Horovitz, Marcel Maréchal, théâtre Petit-HébertotIsraël Horovitz est un auteur américain chéri des Français. Une nouvelle version de Park your car in Harvad Yard, traduite sous le titre Opus cœur par Attica Guedj et Stephan Meldegg, se donne depuis quelques semaines au Petit-Hébertot.

On retrouve avec émotion Marcel Maréchal dans le personnage de Jacob Brakisch, vieux prof à la retraite, au caractère rugueux, qu’une jeune aide ménagère, Kathleen Hogan (Nathalie Newman) va apprivoiser.

Il est grincheux, elle est sensible. Il est injuste, elle est révoltée. Il n’aime que la musique classique et la littérature, elle préfère les chansonnettes. Tout les sépare, mais un lourd secret les réunit. Elle a vécu une enfance triste, et démunie et « c’est la première fois qu’elle a une chambre » à elle.  Elle est veuve et sans ressource. Il a toujours été farouchement célibataire. Il est maintenant sans ami, sans amour. Ses élèves seraient-ils ingrats ? Lui-même serait-il dénué de tout sentiment ?

C'est en réalité un coeur tendre et malheureux.

Caroline Darnay dirige ce duel avec une belle maîtrise dans une scénographie de Caroline Mexme. Les lumières de Michel Cabrera ponctuent les séquences et le son de Michel Winogradoff rythme les affrontements verbaux des deux caractères bien trempés. Leur histoire baignée d'humour ravit les spectateurs.

Ceux qui ont besoin du « lait de l’humaine tendresse » trouveront dans Opus cœur   cette émotion teintée d’’humour qu’Israël Horovitz sait parfaitement manier.

 

 

Opus Cœur  d’Israël Horovitz

Texte français d’Attica Guedj et Stephan Meldegg

Théâtre du Petit-Hébertot

01 42 93 13 04

Du mercredi au samedi à 21 h

Dimanche, 15 h

 

 

31/03/2015

Tous coupables ?

 

 

L’univers de Dea Loher est sombre. On y crève de solitude et de désespoir. Dans la petite ville portuaire où se situe l’action d’Innocence, on trouve peu de travail, on s’entasse à trois dans une seule pièce, on se suicide beaucoup, on erre sur les quais.

Théâtre, comédie-françaisse, dea loherIls se voudraient tous innocents, mais ils se sentent tous vaguement coupables. Frau Haberssatt (Claude Mathieu) quête des pardons de maison en hôpital. Frau Zucker (Danièle Lebrun), malade, s’incruste chez sa fille Rosa (Pauline Méreuze) dont le mari Franz (Sébastien Poudéroux) a renoncé à toute ambition pour un emploi de croque-mort. Les parents d’une jeune fille assassinée (Catherine Sauval et Gilles David) se terrent chez eux derrière un rempart de livres. Ella (Cécile Brune), philosophe vieillissante déconstruit les théories qu’elle a échafaudées sur la « non-fiabilité du monde. »

Ce monde-là est sans illusions, mais, paradoxalement, ce sont une jeune femme aveugle, Absolue (Georgia Scalliet), et deux immigrés sans papiers, Fadoul (Bakary Sangaré) et Elisio (Nâzim Boudjenah) qui semblent aptes à lutter, donc à vivre, malgré « la réalité inhospitalière ». Et Dieu dans tout ça ? Fadoul y croit…

Denis Marleau, qui met en scène et signe la scénographie, emprisonne les personnages entre trois murs sur lesquels il projette des animations, silhouettes tragiques et dansantes, arabesques, feux follets (Dessins et animation: Félix Dufour Laperrière, vidéo : Pierre Laniel). Les costumes de Jean Paul Gaultier tachent de rouge  les murs gris, et la noirceur de la mort omniprésente. Pas d'issue. Cette société est close, repliée sur elle-même, incapable de compassion, impuissante à envisager un avenir heureux.

Les comédiens seront tous présents, parfois saisis dans un isolement immobile, tandis que les candidats au suicide s’encouragent à sauter depuis l’avant-scène (Louis Arène et Pierre Hancisse), parfois rassemblés autour d’un événement dramatique. Ils commentent, ils vitupèrent et certains se parlent. Humour noir, répliques cinglantes… Ils maîtrisent  avec bonheur un texte dense, grave, et les déplacements de chœur antique.

Ils piègent ainsi le spectateur, lui tendent un miroir impitoyable.

Souhaitons qu’il comprenne la terrible leçon !

 

 

 Photo : © Christophe Raynaud de Lage

 

Innocence de Dea Loher, traduction de Laurent Muhleisen

Du 28 mars au 1er juillet en alternance

Comédie-Française

Salle Richelieu

www.comedie-francaise.fr

 

06/03/2015

Le Perrichon nouveau est arrivé.

 

 

Théâtre La Bruyère, Gérald SibleyrasOn se souvient du personnage de Monsieur Perrichon, inventé par Labiche, dans la lignée du Bourgeois gentilhomme de Molière. Notre bourgeois vaniteux et stupide est de retour sur nos scènes, sous la plume de Gérald Sibleyras qui excelle à traquer la sottise sous toutes ses formes et dans tous les milieux. Avec Monsieur Perrichon voyage toujours, le Perrichon nouveau est arrivé !

Gilles Gaston-Dreyfus l’interprète et lui donne la suffisance de ceux ont réussi dans la vie. Notre Perrichon est moderne, il n’est plus carrossier mais pose des moquettes et des parquets. Il ne va plus admirer la « mère » de Glace, mais faire de la planche à voile et de la plongée aux Caraïbes dans la mer « imense ». Et ce n’est plus le Commandant Mathieu qui relève sa faute d’orthographe mais le juge du même nom (Jean-Luc Porraz) attaché à la brigade des stup’.  Sa fille, ne s’appelle plus Henriette mais Pauline (Linda Massoz), sa femme (Christiane Bopp) est gentille. Quant à Daniel (CharlesTemplon) et Armand (Arthur Fenwick), les prétendants de la demoiselle, le premier est « dans la communication », le deuxième haut fonctionnaire. Daniel méprise Perrichon mais le flatte, Armand se démène pour rendre service à Perrichon, le tirer de tous les mauvais pas dans lesquels sa stupidité le jette, mais il ne récolte que  l’ingratitude.

Théâtre La Bruyère, Gérald SibleyrasCharlie Mangel signe un décor très coloré, éclairé pleins feux par Jacques Rouveyrollis. Les costumes d’Anne David, accentuent les contrastes entre les couleurs vives des tenues estivales et le gris de la ville. La mise en scène de Philippe Uchan est soignée.

Gérald Sibleyras s’en donne à cœur joie en épinglant les prises de position conformistes, les petites et grandes lâchetés de notre société, les tics de langage où les mots ronflants et vides manipulent ceux qui voudraient être à la mode et peinent à suivre.

Heureusement, la morale est sauve et la noble attitude d’Armand sera récompensée !

 

  

 Photos :© Lot

 

 

 

Monsieur Perrichon voyage toujours  de Gérald Sibleyras

Théâtre La Bruyère

à 19 h du mardi au samedi, samedi à 15 h.

01 48 74 76 99

www.theatrelabruyere.com