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14/02/2007

Le onzième jour

Tout va très vite aujourd’hui. Quand Lise a rencontré Jules, au bout de dix secondes, ils se sont embrassés, au bout de dix minutes, ils ont fait l’amour, et au bout de dix jours, les voilà qui se disputent. Le cap du onzième jour sera-t-il « le cap Horn » ou celui de  « Bonne Espérance » ? « Un gouffre plein de mots se creuse » entre eux. Gouffre sans fond, puisque Jules ne finit jamais ses phrases, gouffre infranchissable puisque Lise oppose des barrières procédurières à toute velléité de réconciliation.

Dans le foyer du Théâtre de la Madeleine, Bernadette Le Saché et Jean-Louis Bauer, épouse et mari à la ville, jouent les amants terribles à la scène, « sous le regard amical de Stéphanie Tesson et Michel Couvelard ». Il est passionné, elle est raisonneuse. Il est lyrique, elle ratiocine. Il a de l'humour, elle a mauvais caractère.

Dix jours ensemble raconte cette querelle d’amoureux qui au bout de dix jours parviennent pourtant à s’étonner l’un l’autre… Sous la scène de ménage couve une maladie mortelle pour les couples : la terrible censure d’une époque qui aime les blasés, les cyniques, les sans cœur et dans laquelle « le manque de paroles d’amour » est si banal, que les mots « je t’aime » deviennent des armes dangereuses.   

 Jean-Louis Bauer quitte tout réalisme et laisse venir à lui, et à nous, l’imaginaire bienfaisant qui explore les songes et les sentiments. Il est doux, dans ces grands théâtre, de trouver des plages modestes et qui, sans autre ambition que de vous divertir, donnent aussi à rêver.

 

 Dix jours ensemble de Jean-Louis Bauer

Théâtre de la Madeleine

à 19 h jusqu’au 23 février

01 42 65 06 28

10:50 Écrit par Dadumas dans Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : théâtre |  Facebook | |  Imprimer

09/02/2007

Irrésistible jalousie

Vous vous souvenez certainement d’Albert, ce bourgeois qui convoite une décoration et qui, parce qu’il a été infidèle, soupçonne Marthe, sa femme, tant et si bien qu’il finit par la pousser dans les bras de Lézignan. Vous vous rappelez la dernière réplique : « Ça y est… je le suis ! » et sa joie d’être... décoré enfin, tandis que la salle s’esclaffe parce que « Ça y est, il l’est… cocu ». C’était irrésistible et Sacha Guitry, avec Jalousie donnait une de ses plus belles comédies.

Aujourd’hui, les bobos travaillent, et dans Irrésistible, Fabrice Roger-Lacan imagine un jeune avocat et sa compagne, une jeune éditrice passionnée par l’auteur qu’elle va éditer. Que croyez-vous qu’il advienne ? Lui est de ces jaloux à « la cervelle malade de taliban napolitain », qui se transforme en juge d’instruction, en psychiatre fouineur, et torture sciemment une femme jusqu’à ce qu’elle craque. Et Elle part, avec l’autre… Car aujourd’hui, les femmes sont libres. « Quel con ! » se dit trop tard, le jaloux… Heureusement, le travail l’occupe, et le procès du Mexicain cannibale lui sert de divertissement pascalien… Mais rassurez-vous, Elle revient. Dix mois plus tard, mais qu’importe, puisqu’ils retombent dans les bras l’un de l’autre, irrésistiblement.

Virginie Ledoyen donne à son personnage fraîcheur et sensualité, et Arié Elmaleh met beaucoup d’élégance dans sa cruauté. Isabelle Nanty les dirige avec art dans le décor d’Édouard Laug : une pièce lumineuse en pan coupé, sorte de mirador d’où le jaloux peut épier les deux côtés de la rue. Une bande son rythme les scènes avec le bruit amplifié des battements de cœur déclenchés par les poussées d’adrénaline, quand l’émotion de l’accusateur est à son comble. L’auteur abuse un peu du téléphone et les conversations croisées de la dernière séquence finissent par parasiter la compréhension, mais n’en est-il pas de même dans la rue, l’autobus, le bureau, et même chez soi, aujourd’hui ? Et il faut bien aider un peu l’action qui, avec seulement deux personnages, a besoin de relais extérieurs. La comédie est habile et les comédiens… irrésistibles.

 

Irrésistible de Fabrice Roger-Lacan

Théâtre Hébertot

01 43 87 23 23

11:05 Écrit par Dadumas dans Théâtre | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : théâtre |  Facebook | |  Imprimer

07/02/2007

Le Off de Paris

 

 

 

Art Nécro ? Non, ce n’est pas la nécrologie du Théâtre qu’annonce Tallia, un nouveau lieu situé dans le XIIIe arrondissement, mais plutôt la volonté de le faire vivre dans de petites salles de quartier, imaginant  ainsi des lieux de rencontres, des espaces conviviaux, des tremplins pour de jeunes compagnies à la recherche d’un public.

Catherine Morela, y présente Art Nécro. C’est sa première pièce. Elle a choisi le genre policier, cher à Robert Thomas. Beaucoup de cadavres,  mais pas d’inspecteur. Ce n’est pas la recherche du criminel qui l’intéresse, mais la raison pour laquelle il tue.

Près de la douce Marion (jouée par l’auteur) qui court après l’amour, se dresse l’ambitieuse Élise qui court après la gloire et a organisé un festival sur une île presque déserte. Avec l’arrivée d’un couple qui n’était pas invité, le beau jeune premier Rocco (Loïc Porteau) et une jeune réalisatrice Agate (Isabelle Lavilette), la belle organisation se détraque, et tourne au drame.

Nous n’en dirons pas plus sur l’intrigue, il ne faut jamais dire qui est l’assassin. Ne parlons que de la jeunesse de la troupe et de la sympathie qu’elle dégage. C’est un peu Avignon Off en plein Paris. L’auteur a le sens du suspens et sait manipuler les êtres qu’elle imagine. Les acteurs qui se sont connus au cours Florent, cherchent encore un peu leur rythme, mais ils ont de la présence, du charme, et le métier s’acquiert en jouant, n’est-ce pas ? Il faut donc occuper la scène, répéter, se montrer, travailler, quoi ! C’est ce qu’ils font, et sans autre prétention que de vous divertir. Ils y réussissent.

 

Art Nécro de Catherine Morela

Tallia théâtre

40 rue de la Colonie

75013 Paris

www.talia.fr

 

10:55 Écrit par Dadumas dans Théâtre | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : théâtre |  Facebook | |  Imprimer