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11/04/2009

Alexandrie pourquoi ?

 

Elle est née à Alexandrie, du temps où la ville cosmopolite semblait contenir « toute l’Europe ». Elle a vécu en Angleterre, en Italie, mais c’est à Paris qu’elle ouvre « le robinet de (sa) mémoire », dans une mise en scène bienveillante de Michèle Bernier.

Isabelle de Botton « avoue » qu’elle est juive, mais qu’elle ne savait pas que c’était « regrettable ». Elle est aussi un peu « arabe », puisque, à Alexandrie, elle faisait ramadan avec Mabrouk et Tahar. Est-ce sa « faute », si on veut qu’elle « soit de nulle part », « apatride », alors qu’ « [ elle] se sent de partout » ?

Entre une table et un bastingage de plexi-glass,  elle rutile dans sa robe couleur de flamme. Elle entretient, avec humour,  le feu des passions littéraires longtemps brimées dans sa famille où il fallait que les femmes fussent bien éduquées, mais pas trop instruites pour ne pas « faire de l’ombre » aux frères, au mari et au père. Sa mère planquait Baudelaire, Corneille et La Fontaine entre les pages des recettes de cuisine. La fille venge les femmes de sa tribu en servant ces auteurs, c’est-à-dire en devenant comédienne, et elle entretient leur mémoire, en roulant à la main ces gâteaux rituels que de toute éternité, les femmes de la famille ont préparé pour tous.de_botton_isa_photo_presse2.jpg2.jpg

Douce manière de réparer l’injustice qui veut, qu’à la synagogue, les hommes soient séparés des femmes et que les filles ne puissent porter ni taleth, ni tefillins. C'est là qu'Isabelle de Botton a commencé à douter de Celui qui la faisait « l’exclue des exclus ». Elle est devenue comme l’oncle Léon, qui fumait le samedi, une pratiquante « allégée ».

D’Alexandrie elle a gardé le mélange des religions, où « Allah, c’était le bon Dieu pour tous ». Elle a le regret de ses odeurs, de ses saveurs, de sa tolérance. Comme tous ceux  que le fanatisme a chassé un jour des terres de soleil et d’amour, elle revendique sa fraternité avec Moïse, et Dalida.

Et « Cloclo », tu l’oublies Isabelle ? Et le grand frère Chahine, ce merveilleux cinéaste, qui en nous donnant Alexandrie pourquoi ? a éveillé chez nous le mirage d’un Orient ouvert dont nous avons tous la nostalgie.

Allez rire et vous émouvoir d'un itinéraire que d'autres ont emprunté pour venir jusqu'à vous... 

 

 

 

Moïse, Dalida et moi

 d’Isabelle de Botton

Studio des Champs-Élysées à 20 h 30

01 53 23 99 19

16:34 Écrit par Dadumas dans humour, Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : théâtre, culture, langue, humour |  Facebook | |  Imprimer

30/03/2009

Du texte à la scène

 

 Certains universitaires prétendent encore que la mise en scène date de Meyerhold. Mais les hugoliens savent bien le soin que Dumas, Vigny et Hugo déployèrent à diriger les comédiens de leur époque, à exiger d’eux plus de naturel. On parle des démêlés de Hugo avec Mademoiselle Mars, la diva de l’époque. On connaît (un peu) le procès que fit Mademoiselle Maxime à qui il avait retiré le rôle de Guanhumara.

C’était avant l’exil. Il n’était que « l’auteur ». En 1872, il est devenu « le maître ». Son génie n’est plus contestable. Et pourtant, Mounet-Sully (Yann Coeslier) discute point par point l’interprétation qu’il doit donner de Didier, d’Hernani, de Ruy Blas. Mademoiselle Sarah Bernhardt (Virginie Kartner) y met plus de ruse, quant à Mademoiselle Favart (Sylvie Guicheny), elle est trop amoureuse pour marchander. Et Julia Bartet (Laetitia Chauveau), et Albert-Lambert (David Marquet) qui n’ont pas connu le maître, contrediront, plus tard… Mounet-Sully.

Danièle Gasiglia-Laster qui connaît parfaitement son sujet s’inspire des répétitions de Marion Delorme, Hernani, et Ruy Blas, chroniquées par les comédiens et les témoins de l’époque dans diverses biographies : Paul Meurice (Jérôme Keen), Émile Perrin (David Marquet), Febvre (Karim Melayah). Tout est authentique.

« Le maître » (Jean-Paul Zennacker, qui met aussi en scène), infatigable septuagénaire, séducteur impénitent, explique, réfute, écoute, et finit par admettre que Mounet-Sully a son génie propre, différent de celui de Frédérick Lemaître, qu’il le sert avec talent, ainsi que Mesdemoiselles Sarah Bernhardt, et Favart.

Ce n’est pas un collage de documents, mais une véritable dramaturgie qui permet aux amoureux du théâtre de comprendre le travail que font les comédiens, du texte à la scène, pour construire leur personnage, le définir, l’incarner. On y apprend aussi le rôle d’un auteur qui ne se contentait pas d’écrire, mais qui souhaitait un théâtre nouveau, une société de progrès, un rayonnement de l’art. 

Jean-Paul Zennacker sert fidèlement son personnage et son auteur. Il  a découvert de jeunes comédiens prodigieux pour interpréter les acteurs, les amis de Hugo ainsi que ceux crées par Danièle Gasiglia : la servante (Sophie Bezançon), le médecin (Jo Saint-Vallier). Il les conduit avec fermeté dans un espace sans décor qui évoque les salles de... répétitions. De la belle ouvrage !

Les trois représentations programmées sur la région parisienne sont terminées, mais Jean-Paul Zennacker qui dirige la Maison de l’Acteur en région centre, promet qu’il y en aura d’autres. On l’espère pour cette très fine comédie.

 

 

 

 

 

 

Répétitions mouvementées

de Danièle Gasiglia

création le 24 mars à Créteil

Reprise en tournée, région centre

14:49 Écrit par Dadumas dans Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : théâtre, littérature, hugo |  Facebook | |  Imprimer

27/03/2009

Un moment de grâce


Elle a le nez mutin, l’œil malicieux, la bouche comme une cerise, et elle chante ! Anne Baquet, n’est pas « une voix de garage », mais une soprano futée et fruitée. Elle navigue, du grand air d’opéra (Rachmaninov, Rossini, Gounod) aux mélodies de Poulenc, s’égaie dans les chansons coquines, et elle nous enchante. Elle garde des allures de petite fille modèle, avec le gros nœud de ruban noir cousu dans le dos de son sarrau. Elle a remplacé ses pantalons de broderie anglaise par un caleçon de jersey noir et, féline, fait ses griffes sur le pianiste. Elle a des gestes de ballerine. Elle joue aussi du piano, seule, ou à quatre mains avec Grégoire Baumberger son accompagnateur, qu’elle tyrannise. Elle danse aussi, car sa metteuse en scène est chorégraphe et lui fait dessiner de délicieuses arabesques dans les lumières de Jacques Rouveyrollis.
Bref, c’est un moment de grâce absolue, où le monde paraît soudain plus léger. Anne Baquet a plus d’un « sourire à (nous) donner », et quand elle dit qu’elle « ne (veut) pas chanter, nous, nous ne voudrions pas qu’elle nous quitte…

 


« Non, je ne veux pas chanter »
Anne Baquet
Théâtre du Ranelagh
Du mercredi au samedi à 21 h
« brunch » à 11 h le dimanche