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07/01/2012

Exposition : Sorcières...


 

 

L’Église médiévale se méfiait de la Femme. Elle donnait la vie, elle nourrissait, elle soignait,  et quelquefois, elle guérissait les malades avec sa connaissance des plantes. Elle était donc suspecte, et on disait qu’elle s’était donnée au diable. On la croyait "sorcière".

Jules Michelet dans La Sorcière dresse un était terrible des procès de l’Inquisition. Et même si les bûchers furent moins nombreux qu’il l’affirme, les jugements sommaires, la liste des tortures subies, les supplices endurés durent réels et injustes.

Le Musée de la poste dans une exposition très documentée montre que les superstitions, les croyances au Diable, aux démons, aux pouvoirs magiques, traversent l’Histoire et courent dans tous les pays. 

Depuis les amulettes antiques, jusqu’aux philtres d’amour, l’Homme a souvent  été tenté  par la possession de pouvoirs surnaturels.  La « sorcellerie » profita aux fanatiques  qui confisquaient les biens des victimes et terrorisaient les peuples.

Et comme toujours quelques petits malins profitèrent de la crédulité des ignorants…

Mais le mythe donna aussi naissance à des oeuvres littéraires, musicales, cinématographiques. Et l'exposition ne les néglige pas. Allez-y, vous n'éviterez pas de tomber sous le charme...

 

 

 

Sorcières, mythes et réalités

jusqu’au 31 mars 2012,

musée de la Poste,

34, bd de Vaugirard, Paris.

01 42 79 24 24.

05/12/2011

Maudites initiales

 

 

Les deux « H » sont de toute beauté. L’artiste qui les a dessinées, modelées, sculptées, fondues, a accompli un chef d’œuvre. Elles resplendiront au fronton du collège que le conseil va inaugurer la semaine suivante.

Mais… le nouveau conseil n’est pas d’accord sur le choix du nom : « Heinrich Heine », car il ne fait partie « d’aucune sommité locale ». Il vaudrait mieux le « nom glorieux d’un de nos éminents natifs ». Que faire alors de ces maudites initiales ?

« Je proteste dit l’un. « Je désapprouve », dit l’autre. Le président (Jean-Paul Farré) insiste.

Or, il y en a bien quelqu'un qui est « fils de notre cité »: il s’agit de Heinrich Himmler. Malheureusement, pour certains il est « le plus grand criminel du XXe siècle ». Mais d’autres ne voient en lui qu’une « sorte d’Européen ». Et  puisqu’il faut « affronter notre passé en face », pourquoi ne choisir son nom, puisque ses initiales correspondent à l’œuvre de l’artiste ?

Au nom de la démocratie, on débat, on pèse les actions, prépare les dossiers. Heinrich Heine, poète romantique, ironique, rebelle à l’ordre établi, « géant le la littérature », face à Heinrich Himmler, « témoin d’une époque », et fameux « épistolier » dont les circulaires péremptoires firent un « criminel capital. »

Au cours d’une assemblée extraordinaire, a lieu la lecture comparative du florilège des œuvres !

Peut-on les comparer sans honte ? Sans entonner « le grand chant des renoncements avec lequel on endort les peuples » ? Ceux qui protestaient se tairont vite, d’autant que les autorités de tutelle ratifient les résolutions de la base…

Jean-Claude Grumberg signe une œuvre grinçante, qu’il met en scène frontalement.

Autour de Jean-Paul Farré, s’agitent Salima Boutebal, Olga Grumberg, Joseph Menant, Christophe Vandevelde, pantins d’un consensus blet. Gens médiocres, lâches, imbus de leurs prérogatives, ils se gargarisent de phrases toutes faites, et barbotent dans le marais du conformisme. 

Le ton est celui de la farce, mais dit Jean-Claude Grumberg, « demain, qu’en sera-t-il de notre mémoire qui déjà, semble indisposer un si grand nombre de belles âmes ? » Qu’en sera-t-il lorsque l’enseignement de l’Histoire aura disparu ?

 

 

 

 

 

 

H. H.  de Jean-Claude Grumberg

Théâtre du Rond-Point

www.theatredurondpoint.fr

jusqu’au 24 décembre, 21 h. 

 

 

 

 

 

 

06/09/2010

L'attente selon Jean-Marie Besset

 

 

Ils attendent. « La vie est un examen », et, mal assis sur les tabourets inconfortables, dans les couloirs du ministère où chacun est convoqué pour expliquer son projet, Lebret (Jean-Pierre Leroux) et Philippe Derrien (Adrien Melin), espèrent… Car c’est ainsi l’attente. L’espagnol confond en un seul mot : esperar, cette vacuité entre deux actions, deux situations, Jean-Marie Besset ajoute, entre deux amours.mail 2.jpg

Philippe est marié à Nathalie (Blanche Leleu), et depuis cinq ans ils forment un couple apparemment sans histoires. Il concourt aujourd’hui pour un de ces projets pharaoniques dont les ministères ont le secret : « construire le premier monument sur la lune ». Mais dans les couloirs du ministère, Philippe retrouve Jason (Jonathan Max-Bernard), un ami d’enfance. Et sa vie va basculer.

Dans le huis clos du ministère, les ambitions s’affrontent, sous le regard glacé de l’Huissier (Niels Adjiman) impavide, tandis que Louise Erkanter (Virginie Pradal), qui tient plus de la mante religieuse que du haut fonctionnaire s’efforce de tirer encore les ficelles de ceux qui ne veulent plus être ses marionnettes. Dans le feutré de l’appartement de Nils (Arnaud Denis), l’ami de Jason, les appétits sont plus charnels.

Arnaud Denis dirige ses comédiens avec finesse. Pas de caricature, un extrême doigté, beaucoup de pudeur. Il a mis en place un décor unique transformable (signé Édouard Laug). Les comédiens eux-mêmes aident à changer les accessoires, dans une pénombre crépusculaire (Lumières Laurent Béal). Les silhouettes s’y meuvent comme dans ces nuits où le rêveur a conscience qu’il cherche quelqu’un ou quelque chose sans savoir qui ou quoi.

mail.jpgJason déclare d’emblée qu’il va mourir. Comme il est dit que « dans son état, tout est grave », le mot « sida », n’a pas besoin d’être prononcé. Philippe et lui se sont aimés, naguère. Les amours adolescentes marquent les âmes à jamais. L’auteur, dans un récent Perthus en peignait les émois et les ravages. Dans Ce qui arrive et ce qu’on attend, une de ses premières pièces, tout l’univers bessetien est déjà construit, avec ses arcanes, ses fulgurances, son désespoir. Ses personnages sont jeunes, pleins d’avenir et se heurtent aux pesanteurs des sociétés closes. Leur sincérité ressemble à l’innocence et « la vie est plus tragique qu’on ne l’avait imaginée. »

Mais peut-être ne faut-il pas "aller chercher ce qu'on fait dans la lune/ et vous mêler un peu de ce qu'on fait chez vous" aurait dit Molière. Peut-être suffit-il d’attendre ?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ce qui arrive et ce qu’on attend de Jean-Marie Besset

Vingtième Théâtre

Du mercredi au samedi à 19 h 30

Dimanche à 15 h

01 43 66 01 13