30/01/2012
Les dessous du gala
Frédéric (Flannan Obé) était chanteur lyrique. Il formait avec Elisabeth (Florence Andrieu), un de ces duos fameux comme on en voyait naguère au Châtelet, à la Gaîté-Lyrique ou à Mogador. À la ville comme à la scène, ils étaient merveilleux dans leurs « duos d’amour ». Mais lassé par l’existence bohème, il a abandonné élisabeth pour se marier, faire des enfants et des affaires.
Sept ans plus tard, le partenaire d’élisabeth ayant eu un accident, il doit le remplacer au pied levé un soir de gala. Il n’a pas le costume adéquat, il a oublié quelques enchaînements, il faut répéter avant le spectacle. Et élisabeth se méfie des sentiments toujours vivaces qu’elle dissimule sous des tonnes de fermeté maussade.
La dispute se joue à fleurets mouchetés, en coulisses, dans les loges et sur la scène, sous les yeux du pianiste (Yves Meierhans) prêt à tous les sacrifices pour honorer la soirée. La mise en scène de Florence Andrieu et des deux comédiens est efficace, les lumières de Stéphane Balny aussi sémillantes que les comédiens. Le spectateur s’aperçoit vite que les dessous du gala sont un peu décousus.
Cette comédie renouvelle l'éternel débat du "jouer d'âme ou jouer d'intelligence" du Paradoxe sur le comédien de Diderot, repris dans Pas de tango d’Israël Horovitz. Ici, les protagonistes chantent et dansent l’amour tout en essayant d’éviter de se toucher, et en se lançant quelques méchancetés masquées par un sourire de circonstances. La chorégraphie d'Estelle Danière et Philippe Fialhsouligne les effronteries.
C’est pétillant, plein d’audace et d’humour. On en a besoin dans la morosité actuelle…
L’Envers du décor de Florence Andrieu et Flannan Obé
Théâtre du Ranelagh
Jusqu’au 17 mars
Du mercredi au samedi à 21 h
Dimanche à 15 h 30
11:50 Écrit par Dadumas dans danse, Littérature, Musique, Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : théâtre, littérature, muique, danse, théâtre du ranelagh | Facebook | | Imprimer
21/11/2009
Une Amazone
Elle venait de San Francisco. Elle dansait.
Son costume, sa chorégraphie, s’inspiraient des figures grecques antiques, et la société londonienne fit d’Isadora Duncan une égérie.
À Paris, en 1900, elle rencontra Loïe Fuller et Sada Yacco.
De représentations privées, dans les salons à la mode, aux récitals publics, elle passionna les grands sculpteurs, comme Rodin et Bourdelle.
À Paris comme à Saint-Pétersbourg, elle révolutionna la danse, avec ses « lignes onduleuses ».
Elle créa à Berlin la première « école de danse libre » car ce qui l’intéressait le plus au monde, était « l’éducation des enfants ». Elle devint une artiste internationale et la muse de Gordon Craig.
Vous ne la connaissiez pas ? Pourtant sa silhouette embellit les hauts-reliefs du Théâtre des Champs-Élysées, avec ses « envolées de voiles », et vous savez tous que sa longue écharpe l’étrangla…
Avec l'exposition : "Isadora Duncan, une sculpture vivante", qui s'ouvre au Musée Bourdelle, vous apprendrez tout de la vie de cette femme libre, une amazone, disent certains...
Ses amis, ses amours, ses chagrins, son patriotisme vous sont contés, et vous y prendrez un plaisir extrême…
Musée Bourdelle
18, rue Antoine Bourdelle
Fermé le lundi
16:41 Écrit par Dadumas dans danse, exposition | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : danse, exposition, sculpture | Facebook | | Imprimer
14/11/2009
L’enchanteur est de retour
Il a exploré les contes, le fantastique et le naturalisme, le théâtre de masques et le merveilleux, la tragédie et l’opéra, la comédie et le music-hall, l’actualité et sa biographie. Depuis plus de quarante ans il enrichit la scène de ses créatures baroques. Cette saison, Alfredo Arias s’installe au Théâtre du Rond-Point, jusqu’à la fin de l’année, avec trois spectacles.
Je n’ai pas encore vu le « cabaret », mais les deux autres spectacles, Trois tangos, et Tatouage sont magiques . Dites-le à la ronde : l’enchanteur est de retour.
Alfredo Arias y est auteur, metteur en scène, comédien, il est infatigable, prodigieusement doué pour faire vivre un univers qui n’appartient qu’à lui. L’amour y est tragique, forcément, et les hommes malheureux se vengent. Mais le regard ironique que l’auteur porte sur eux reste tendre, malgré la cruauté de la société qui les entoure.
Le Mari, la Femme, l’Amant, sont les personnages de Trois tangos, trois histoires criminelles sur une musique d’Axel Krygier. Un narrateur (Larry Hager), en lit le canevas au spectateur, et un couple de danseurs (Maria Filali et Jorge Rodriguez) ponctue les épisodes. Vêtus à l’identique, costume noir et cheveux gominés (costumes de Pablo Ramirez), ils s’étreignent et évoluent, masques pâles, figures dramatiques, tendues à l’extrême sur le rythme fatal du tango.
En trois épisodes, Carlos Casella, Marcos Montes se disputent Alejandra Radano, en prostituée, en femme délaissée, ou artiste d’avant-garde, liaison toujours funeste qui s’achève par la mort, soit du mari, soit des deux hommes.
Tatouage raconte la vie de Miguel de Molina, dit Miguelito Maravillas, chanteur de music-hall, victime des persécutions du franquisme et de la Mano negra parce qu’il est un « pédé rouge ». Carlos Casella, Marcos Montes et Alfredo Arias jouent le même personnage : Miguelito. Ils portent des pantalons noirs étroits ceinturés haut, des chemises blanches aux manches larges, un chapeau noir, une fleur sur l’oreille gauche, une boucle d’oreille rouge à l’autre. Ils sont beaux, séduisants, caustiques. Entre Miguelito vieilli qui raconte, le jeune Miguelito qui interroge et commente et le Miguelito chanteur, les dialogues se répondent et s’échangent.
Face au groupe d’hommes, deux chanteuses extraordinaires : Alejandra Radano, passe d’un suraigu perçant à une chaude voix de mezzo qu’elle soit chanteuse de beuglant « à la sensibilité de marchande de poissons qui n’arriverait pas à vendre sa morue », ou fille de la pampa, amoureuse bovine dépitée. Quant à Sandra Guida, qui était déjà sublime dans Divine Amore, elle incarne la mythique Eva Peron, personnage qui hante la création ariasienne. Avec sa perruque blonde savamment tressée et sa robe blanche, satin moulant et tulle vaporeux, elle se révèle une prodigieuse meneuse de revue.
La scène est vide. Des panneaux sombres cernent l’espace, sur le fond, pour Trois tangos, sur la diagonale pour Tatouage. Les lumières de Patrick Debarbat donnent aux ouvertures la profondeur d’un destin.
C’est étrange sensuel, beau et troublant. C’est Alfredo Arias.
Photos : Brigitte Enguérand
Tatouage, 21 h
Trois tangos, 18 h 30
Cabaret Brecht tango Broadway,18 h 30 uniquement le dimanche.
Jusqu’au 31 décembre
Théâtre du Rond-Point
01 44 95 98 21
17:38 Écrit par Dadumas dans danse, Musique, Théâtre | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : théâtre, art, homosexualité, danse, musique, arias | Facebook | | Imprimer