10/01/2016
Des contes, faisons table rase !
Ah ! Qu’ils étaient beaux les contes de notre enfance ! Ils apprenaient aux petites filles qu’il fallait se méfier du loup, fuir les vieilles reines, ne pas croquer la pomme, et attendre le Pince charmant avec lequel elles seraient éternellement heureuses en faisant beaucoup d’enfants.
Mais ces modèles conduisant souvent les jeunes femmes aux désillusions amères, Laura Scozzi a voulu en faire table rase.
Avec son spectacle : Barbe Neige et les sept petits cochons au bois dormant, elle s’inspire de quelques scènes clés de Blanche Neige, Cendrillon, Les Trois Petits Cochons, Le Petit Chaperon rouge, La Belle au bois dormant. Mais les frères Grimm, Charles Perrault et les sages conteurs des veillées d’autrefois n’ont plus qu’à se voiler la face ! Non seulement Laura Scozzi ne respecte pas leur narration, mais elle « assassine » le « modèle imposé » ! Mêlant danse, théâtre, chant, elle subvertit le merveilleux, et la baguette de la bonne fée n’est plus très efficace.
Blanche Neige porte bien la jupe jaune dont l’affuble Walt Disney mais elle n’est pas unique. Sur scène, sept Blanche-Neige se disputent la faveur d’un seul nain ! La Belle au bois dormant a le sommeil trop lourd et les Princes charmants peinent à la réveiller. Cendrillon perd sa basket ou sa petite culotte, quand ce n'est pas sa jambe. Tout se déglingue au pays de "il était une fois". Les Petits Cochons sont de petites cochonnes[1] délurées, Le Chaperon rouge n’a plus peur du loup, lequel papillonne sans dévorer personne. Quant à Barbe-Bleue, devenu chanteur, il se prend la claque de sa vie !
Ne vous étonnez pas si ces personnages croisent un Winnie l’Ourson débonnaire, des Mayas abeilles malfaisantes, et un roi cerf. Huit danseurs prodigieux, sur la musique de Niccolo Paganini bouleversent le merveilleux des contes qu’ils transforment en comédie satirique.
C’est extravagant, plein d’humour et de sagesse finalement. Ils ne se marièrent pas, furent heureux quelquefois, et firent rire les enfants et leurs parents…
Petites filles, abandonnez les contes de fées, courez au Rond-Point, Laura Scozzi va faire votre éducation…
Affiche © Stéphane Trapier
Barbe Neige et les sept petits cochons au bois dormant conception, chorégraphie et mise en scène de Laura Scozzi
Théâtre du Rond-Point
Jusqu’au 31 janvier
01 44 95 98 21
[1] - Comme dans l’album de Frédéric Stehr.
18:20 Écrit par Dadumas dans Blog, culture, danse, humour, Musique, Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : théâtre, danse, théâtre du rond-point, laura scozzi | Facebook | | Imprimer
20/11/2015
Allez au spectacle !
Quand les drapeaux sont en berne, on n’a guère envie d’aller au spectacle. Quand un concert de rock est pris pour cible, on a peur d’aller écouter de la musique.
Et pourtant !
My rock rassemble !
Plus d’animosité, rien que les beaux souvenirs de ces concerts de jeunesse où vous alliez avec les copains du bahut, les amours adolescentes qui vous faisaient vibrer autant que la musique.
Jean-Claude Gallota a « écrit » pour vous, pour nous, une « histoire » du rock en tableaux dansés. Les images de vos idoles projetées sur écran accompagnent douze danseurs et le conteur. En treize séquences, Alexane Albert, Agnès Canova, Ximena Figueora,Jean-Claude Gallota, Paul Gouëllo, Ibrahim Guétissi, Georgia Yves, Bruno Maréchal, Bernadita Moya Alcade, Fatoumata Niang, Jérémy Silvetti, Gaëtano Vaccaro, Thierry Verger, Béatrice Warrand, douze danseurs, un chorégraphe, en treize tableaux vous font revivre ces moments d’éveil du printemps. Les costumes de Marion Mercier et Jacques Schiotto, couleur jean ou noir et blanc, y accrochent une jeunesse atemporelle.
On retrouve les Beatles, les Who, les Rolling Stones que même vos parents connaissent et on (re)découvre Iggy Pop et Nick Drake qu’on avait un peu oubliés.
Séquences brutales, séquences lascives, eh oui ! car « rock’n roll », signifiait : « faire l’amour » et on se rappelle alors l’injonction : « faites l’amour, pas la guerre ! »
Il est temps de revenir à cette devise !
My rock de Jean-Claude Gallota
Théâtre du Rond-Point à 18 h 30*
Jusqu’au 6 décembre
* Contrôles de sécurité à l’entrée…
18:33 Écrit par Dadumas dans Blog, culture, danse, Histoire, Musique, Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : théâtre du rond-point, danse, musique, rock, gallota | Facebook | | Imprimer
07/09/2014
La vie de bureau
Depuis le triomphe de Plus si affinités (2008), Mathilda May multiplie les expériences théâtrales.
La dernière s’appelle Open Space, que nous traduirions par « bureau ouvert ». Vous connaissez certainement cet espace sans cloisons où six personnes, et plus, sans affinités, travaillent devant leur ordinateur, où les bruits se chevauchent, les conversations s’entrecroisent, où chacun peut épier l’autre, où nul secret ne peut être dissimulé, et où nulle intimité n’est permise.
Oh ! Bien sûr les concepteurs ont aménagé un lieu de détente, à jardin, autour de la machine à café trop bruyante, et à cour, une cage, vitrée évidemment, où on peut fumer entre intoxiqués (scénographie Alain Lagarde). Au centre, l’ascenseur déverse chaque matin, le jeune loup ambitieux (Loup-Denis Elion), la pulpeuse secrétaire (Stéphanie Barreau) dont les hauts talons rouges claquent à chaque pas, l’employé affairé (Gabriel Dermidjian) rond et anxieux, l’adjoint mal réveillé (Emmanuel Jeantet) qui traîne et rêvasse, la timorée (Agathe Cemin) à qui on refile les dossiers supplémentaires sans qu’elle ose protester, et la maîtresse femme (Dédeine Volk-Léonovitch) qui boit en douce pour se donner de l’assurance (costumes Valérie Adda). Et enfin, le chef (Gil Galliot) qui interdit les communications personnelles, surveille les écrans, aboie, flatte, courtise, apparaît, disparaît, menace ses subordonnés, mais fait le gros dos quand sa compagne téléphone et débarque.
Chacun s’agite, espère, s’inquiète, aime, souvent en vain, et quelquefois en meurt.
Vies ordinaires, cadencées par les réalités sonores amplifiées, et les fantasmes embrasés de lumières (Roberto Venturi ). Pas de texte, mais des sons, borborygmes, grommelot, (sound design : Sylvain Brunet), de la musique, des chants, des chorégraphies (Caroline Oziol, Pole Dance Paris), et une mise en scène réglée avec maîtrise par Mathilda May qui signe aussi la musique avec Nicolas Montazaud.
Le pari est osé mais tenu, car il n’y a plus de mots pour ce monde du travail cruel et mesquin. Et tout est montré, vécu, avec talent.
Open Space conception et mise en scène de Mathilda May
Collaboration artistique Jean-François Auguste
Théâtre du Rond-Point
01 44 95 98 21
Jusqu'au 19 octobre 2014, 21h
Serge FRYDMAN
17:56 Écrit par Dadumas dans Blog, danse, humour, Musique, Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : théâtre, mathilda may, rond-point, musique, danse | Facebook | | Imprimer