16/09/2016
Tout s’emplit d’harmonie…
Vous êtes fatigués ? Vous avez des soucis ? Vous êtes déprimés ? Les polémiques stériles vous rebutent ? Prenez une bonne dose d’Offenbach pour vous sentir requinqué ! Il n’est pas à l’affiche de l’Opéra ? L’Opéra-Comique est en travaux ?
Mais Yves Coudray a eu une idée lumineuse en cousant ensemble des duos irrésistibles, tirés de l’œuvre du « Petit Mozart des Champs-Élysées ». Dans Les Jeux de l’Amour et d’Offenbach, il imagine qu’Ernestine (Edwige Bourdy ou Mélanie Boisvert) soprano à la recherche d’un engagement, retrouve au cours d’une audition, son amour de jeunesse, Alphonse (Jean-Michel Séréni ou Lionel Peintre, baryton de son état. La pianiste (Nina Uhari, ou Erika Guiomar, ou Sophie Teulon) attentive et perspicace les accompagne sur le chemin d’une réconciliation délicate.
Disputes et chamailleries, avances et rebuffades, petites scènes et grands élans, tout se termine très bien et « s’emplit d’harmonie » pour la plus grande joie du spectateur.
Les voix sont bien timbrées, la pianiste a du talent, les costumes de Michel Ronvaux sont aussi somptueux qu’à l’Opéra Garnier.
Courez-y vite ! Ou prenez un abonnement …
Les Jeux de l’Amour et d’Offenbach
Fantaisie lyrique sur des musiques de Jacques Offenbach
Texte et mise en scène Yves Coudray
Théâtre de Poche-Montparnasse
01 45 44 50 21
Du mardi au samedi à 19 h
Le dimanche à 17 h 30
www.theatredepoche-montparnasse.com
19:29 Écrit par Dadumas dans Blog, culture, Musique, Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : théâtre, musique, théâtre de poche-montparnasse, offenbach, yves coudray | Facebook | | Imprimer
15/09/2016
Ô l’amour d’une mère !
Qui est la plus odieuse ? Maggie (Catherine Salviat), la mère tyrannique et scélérate ou sa fille indigne Maureen (Sophie Parel) qui la brutalise, et la tue ?
L’amour maternel chez Martin McDonagh n’a rien d’une vision romantique et Victor Hugo, Alfred de Musset, André Maurois, Romain Gary et Albert Cohen doivent se voiler la face !
L’amour d’une mère ? Un mythe !
Dans La Reine de beauté de Leenane, la vieille Maggie trouve normal que sa fille Maureen s’occupe d’elle. Lui en est-elle reconnaissante ? Pas du tout, elle se plaît à la mortifier, la contrarier, la moquer, détruire ce qui aurait pu lui apporter un peu de joie. Elle va sciemment empêcher sa fille d’être heureuse. Pat Dooley (Gregori Baquet), l’amoureux de Maureen et son frère Ray Dooley (Arnaud Dupont), maladroit « go-between », nouent le drame jusqu’à l’irréparable.
Ce duel effrayant est admirablement mené entre une Catherine Salviat surprenante en vieillarde rusée et méchante, et Sophie Parel belle jeune femme sensuelle qui semble faite pour aimer. La rage qu’elle ressent devant l’injustice faite mère, elle la communique au spectateur. Elles sont sublimes ! Gregori Baquet joue avec finesse l’amoureux platonique et Arnaud Dupont compose un adolescent pas futé avec beaucoup de justesse.
Sophie Parel dirige ses comédiens avec rigueur dans un décor de Philippe Varache, qui signe aussi les costumes.
La cuisine de ce bourg perdu du Connemara devient un huis clos infernal, la reine de beauté perd ses dernières illusions, tout amour est piétiné et sali, et pourtant… on rit des vacheries qu’elles se balancent, des mensonges qu’elle échafaudent, des vérités qui ne sont pas bonnes à dire. Gildas Bourdet qui avait traduit et créé la pièce, en 2003, en restitue l'humour noir au vitriol.
Nous sommes complices de la férocité de McDonagh.
Et pourquoi ne faudrait-il pas dépoussiérer les mythes ?
Photos © David Krüger
La Reine de beauté de Leenane de Martin McDonagh
Traduction de Gildas Bourdet (Avant-Scène théâtre N° 1135)
Théâtre du Lucernaire
01 45 44 57 34
Du mardi au samedi à19
Dimanche à 15 h
Mise en scène de Sophie Parel
18:16 Écrit par Dadumas dans Blog, humour, Littérature, Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : théâtre, théâtre du lucernaire, martin mcdonagh, catherine salviat, sophie parel | Facebook | | Imprimer
09/09/2016
La course aux prix
Bientôt la saison des prix littéraires ! Pour dénoncer les intrigues et les copinages du milieu éditorial, Edouard Bourdet brossait, en 1927 une satire féroce avec sa pièce Vient de paraître. Elle est toujours d’actualité.
Tout le monde est fébrile chez l’éditeur Moscat (Jean-Paul Tribout), chacun s’affaire, des employés au patron, car c’est le jour où le lauréat du prix Zola va être désigné. Le directeur a tout prévu pour son poulain, un certain Maréchal (Jean-Paul Bordes). Il a réussi à convaincre sept des membres du jury de voter pour lui, mais quand il apprend que son favori a signé chez un concurrent pour ses prochains romans, il change d’avis. Et privé de l’appui de son mentor, le fringant Maréchal se trouve distancé par un inconnu dont c’est le premier roman et que personne n’a jamais vu !
Premier renversement de situation !
Le second ne tarde pas. L’auteur obscur, c’était ce plumitif timide, Marc Fournier (Eric Herson-Macarel), un ancien camarade de régiment de Moscat, qui sollicitait en vain un rendez-vous et publiait à compte d’auteur, en province, sous un pseudonyme. Sa femme Jacqueline (Caroline Maillard) avait de son propre chef, envoyé le roman au jury, Marc étant trop timide pour s’imposer.
Moscat a tôt fait de réparer les bévues, récupérer les contrats, et préparer l’avenir du débutant timoré. Un journaliste de L’Intransigeant, Olibet (Laurent Richard qui joue aussi le rôle de Félix), entre dans la danse.
Dans la course aux récompenses, tous les coups sont permis et Bourdet nous peint autant les éditeurs cupides que les auteurs égotistes et les journalistes complaisants.
Or, Marc n'a plus d'inspiration. Il appartient à une catégorie d'auteurs dits "pélicans", qui se prennent pour Musset et n'écrivent que lorsque la douleur les déchire. Moscat naturellement trouve le remède. On ne sacrifiera pas le poète, mais la vertu de sa muse. Et il s’en faudra d’un instant pour que Jacqueline reste une honnête femme ! Nouveau coup de théâtre ! Et ce n'est pas fini...
Soutenu par les lumières de Philippe Lacombe, Jean-Paul Tribout impose à sa mise en scène un rythme endiablé, et lui-même donne au personnage de Moscat une impétuosité roublarde. Autour de lui, les comédiens sont épatants : Jean-Marie Sirgue interprète un Bourgine dépité et mélancolique, Laurent Richard et Xavier Simonin se multiplient efficacement, Jean-Paul Bordes compose un auteur vaniteux, sûr de lui, et Eric Herson-Macarel son contraire, un personnage inquiet et ombrageux. Caroline Maillard passe avec art du dévouement naïf à l'aplomb insolent. Elle porte avec grâce les costumes de Sonia Bosc.
Pour peindre Moscat, on dit que Bourdet s’inspira de Bernard Grasset, lequel jubilait en y reconnaissant son rival Gallimard. Mais vous connaissez sans doute la parabole de la paille et de la poutre ?
Photos © LOT
Vient de paraître d’Edouard Bourdet
Mise en scène de Jean-Paul Tribout
Théâtre 14
0145 45 49 77
Jusqu’au 22 octobre
du mardi au samedi à 21 h
lundi 19 h
20:12 Écrit par Dadumas dans Blog, culture, Littérature, Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : théâtre, théâtre 14, edouard bourdet, jean-paul tribout | Facebook | | Imprimer