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07/03/2011

Petites épopées

 

L’univers de Philippe Minyana ne plaît pas à tout le monde. Ses personnages traînent une vie ordinaire dans un quotidien médiocre. Ils ne sont pas de ceux qui portent des montres superfétatoires. Quand ils ont réussi à avoir un toit sur leur tête, et un ragoût dans leur assiette, ils s’estiment presque satisfaits de leur existence.

 

Depuis 1979, Théâtre Ouvert accompagne Philippe Minyana. Aujourd’hui, après un détour par la Comédie-Française, il est aussi à l’affiche du Théâtre de la Ville, dans les murs du Théâtre des Abbesses, pour une série de cinq pièces inédites regroupées sous le titre Épopées de l’intime et qui cristallisent « ses souvenirs, ses désirs, ses rêves, ses expériences ».  

Dans Les Rêves de Margaret (jusqu’au 12 mars) nous retrouvons la fidèle Florence Giorgetti. Elle se met en scène avec Hélène Foubert, François Gauthier-Lafaye, Nicolas Maury, Emilien Tessier, Penda Traoré. Florence est « Margaret Muller,  matelassière à Malakoff ». Si elle ne peut prêter les matelas qu'on lui confie, Margaret donne des draps à plus démunis qu'elle. Les pauvres, ça partage. Elle chante ses émotions, recueille des enfants abusés, mais se laisse piéger par son vieux père.

Elizabeth Mazev, est l’auteur dans Tu devrais venir plus souvent (déjà terminé, hélas !) qui revient au pays natal pour « voir la parentèle », et parce qu’il « est des heures où il faut se réconcilier ». Ce voyage dans le temps retrouvé note les odeurs et les voix, et apaise les griefs familiaux. La comédienne, mise en scène par Monique Espina fait tant vibrer les souvenirs, que les objets lui répondent.  

Ces formes courtes, baptisées « solos », ne sont pas à l’affiche très longtemps. Il faut donc vous précipiter au Théâtre des Abbesses. Demain, commence J’ai remonté la rue et l’ai croisé des fantômes avec Laurent Chapelier, jusqu’au 12 mars, puis du 16 au 19 mars, deux autres « petites formes », De l’amour avec Laurent Chapelier encore, accompagné de Marion Lécrivain, Océane Mazas, Gaëtan Vourc’h, puis Sous les arbres avec Frédéric Maragnani.

Quels que soient les sujets, Philippe Minyana parle de nous, de notre quotidien, de nos peurs et de nos doutes. Et ses "petites épopées" sont celles que vivent les petites gens qu’on désignait naguère par cette belle périphrase : « le sel de la terre ».

 

 

 

 

Épopées de l’intime, cinq pièces inédites de Philippe Minyana

 

5 pièces inédites

Théâtre des Abbesses à 18 h 30 et  20 h 30

01 42 74 22 77

Jusqu’au 19 mars

puis jusqu'au 2 avril, à Théâtre Ouvert pour De l'amour  et Sous les arbres.

 

 

 

 

 

06/03/2011

Propriété interdite


 

 

Le petit d’homme développe très tôt son instinct de propriété. Dès le jardin d’enfants, les bambins se disputent les pelles du bac à sable. Plus tard, l’espace, les belles, et les biens de toutes sortes deviendront des sujets de discorde.

Avec sa nouvelle pièce : Terres ! Lise Martin en aiguisant sa réflexion sur la tendance à s’emparer de ce qui plaît, avertit les enfants que la propriété peut être le vol.

théâtre,tep,lise martinDeux hommes errent : Aride (Thomas Di Genova), et Kétal (Alexis Jebeile), sont à la recherche de la Terre jaune dont Kétal s’est procuré la carte. Aride est naïf, Kétal est volontaire. Leurs vêtements sont semblables, pantalons noirs, chemises blanches et cravates jaunes, assorties au sac à dos. Mais l’un est courbé sous le poids du sac, tandis que l’autre marche à l’aise. À peine ont-ils trouvé leur thébaïde qu’une jeune femme débarque, Madame Mue (Sarah Marcuse). Elle plaît à Aride qui voudrait bien tout partager avec elle. Mais il n’est que « l’invité » et Kétal, qui borne déjà le territoire, se méfie des intrus. La « propriété privée » devient vite une « propriété interdite ».

Quand L’Autre (Maxime Cella) vient prétendre qu’il est le premier occupant, l’affaire vire au crime. « L’Histoire est en marche », et comme dans toutes les fictions, les paraboles renvoient à la réalité tragique.

Le metteur en scène, Nino d’Introna inscrit le quadrilatère de terre jaune, objet des convoitises, dans un univers sonore (Patrick Najean) où les bruits de pas sont intensifiés. Le couple Aride et Kétal rappelle les duellistes clownesques et Thomas di Genova tisse une auréole sympathique autour de son personnage, mais la pièce semble bien pessimiste pour les jeunes âmes. S’il est utile de les prévenir que le monde est cruel, peut-être faudrait-il aussi les instruire des luttes positives. Car la terre ne devrait-elle pas appartenir à « celui qui la rend meilleure » ?

 

 

Photo : © Émile Zeizig

Terres !  de Lise Martin

TEP

01 43 64 80 80

A partir de 8 ans,

Jusqu’au 31 mars

Mardi 8 mars à 14 h 30 et 19 h 30

Jeudi 10 mars, 10 h et 14 h 30

Vendredi 11 mars 10 h et 14 h 30

Samedi 12 mars, 19 h 30

Dimanche 13 mars, 15 h.

Puis du 2 au 5 avril à Genève.

 

 

17:26 Écrit par Dadumas dans éducation, Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : théâtre, tep, lise martin |  Facebook | |  Imprimer

Les plus dynamiques


 

 

Connaissez-vous le théâtre de la Boutonnière ? C’est un de ces nouveaux lieux qui, comme à Avignon, fleurissent à Paris, récupérés dans des quartiers populaires où s’étaient développées de petites industries complémentaires de celle de la mode. Mais aujourd’hui que la rentabilité guide nos marchés, l’ancienne fabrique de boutons de nacre de la rue Popincourt a été délocalisée. La Compagnie de Créations Théâtrales s’y est installée sous la direction de Habib Naghmouchin, depuis 2004. Elle y accueille la Compagnie Issue de secours qui crée une pièce inédite de Sylvain Levey Dans la joie et la bonne humeur, une pièce dérangeante, qui souligne le cynisme du monde du travail, les luttes sournoises et mortifères qui s’y déroulent, masquées par des sourires plaqués, des affabilités hypocrites. On peut y « cultiver » en toute intranquillité un « helicobacter pylori » (ulcère de l’estomac) sans aucun regard de compassion des autres. On peut se suicider sans que quelqu’un se sente responsable.

L’auteur Sylvain Levey raconte une double désagrégation, celle d’un  couple (Bruno et Nathalie) rongé par l’angoisse due au travail forcené et celle d’une entreprise aux multiples succursales. Trente-deux tableaux, deux minutes par tableau. Les licenciements ne traînent pas. À la trappe les faibles, les sentimentaux, les médiocres ! On ne garde que les plus costauds, les plus dynamiques, les durs de durs. Et  quelle que soit la situation, le sourire est obligatoire… La fiction n’édulcore pas la réalité, elle en cerne les contours les plus abjects.

Pierre Vincent, le metteur en scène dirige cinq comédiens épatants : Michel Aymard, Nathalie Bastat, Valérie Lombard, Pascal Poirel, Didier Sipié. La scénographie de Bernard Vincent plante les vestiaires à jardin. Les employés en sortent, et se précipitent vers le tourniquet des costumes (Chantal Hocdé). Au centre un comptoir mobile qu’on déplace ad libitum, au fond, la sono (Pierre Laqueyererie, musique de Chris de Pauw), et le ballet des travailleurs s’inscrit dans un espace verrouillé, au rythme des entretiens, des conseils, des départs.

Le jugement est sans appel. Sylvain Levey peint au scalpel et a réalisation redonne le goût de « la belle ouvrage » !

 

 

 

Dans la joie et la bonne humeur de Sylvain Levey

Théâtre de la Boutonnière

Jusqu’au 31 mars

du lundi au samedi à 20 h

0143 55 05 32