Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

29/01/2009

Le rôle de leurs rêves

Le titre donne le ton. Dans la version originale, l’inspecteur s’appelait « Hound », nom d’une race de chiens destinés à la chasse. Pour la version que Jean-Luc Revol met en scène et dont il signe le texte français, c’est l’onomatopée de l’aboiement qui nomme l’inspecteur. Les autres personnages suivent le même chemin parodique, conformément à l’esprit de Tom Stoppard, car tout peut se traduire quand on a l’intelligence et le goût des turlupinades. L’auteur, et l’adaptateur mêlent avec art l’esprit du boulevard du crime et celui du cabaret de chansonniers. Le genre policier bascule dans la bouffonnerie et le public s’amuse.WHAFF%20Photo%20Cartes.jpg

Deux critiques dramatiques, Lunule (Jacques Fontanel) et Deboulette (Eric Théobald), assistent à la représentation d’une pièce policière. Lunule est l’intérim d’un certain Ferson, son chef de rubrique, absent. Deboulette, homme à femmes est sorti la veille avec la jeune première dont il vante les mérites artistiques à Lunule assez sceptique, uniquement préoccupé de savoir où est passé Ferson. La pièce commence, Les costumes d’Aurore Popineau sont congruents, mais les lumières de Philippe Lacombe soulignent les effets spéciaux sur des personnages stéréotypés, une situation convenue, et des comédiens qui jouent dans l’outrance, et volontairement à contretemps. Les rires redoublent.

La femme de ménage expose la situation gravement et avec force clichés. Dans le manoir de Muldoon, « coupé du monde » par la marée et « le brouillard qui se lève », il se passe des choses étranges. Sir Albert Muldoon a disparu un an auparavant, son frère infirme Magnus (Elrik Thomas) s’est installé auprès Lady Cynthia qu’il courtise. Un jeune homme, Simon (Pierre Deladonchamps), vient d’arriver et se partage les faveurs de la voluptueuse Cynthia (Viviane Marcenaro) et de son invitée Felicity (Anne Bouvier). La police recherche un criminel qui s’est échappé, et un cadavre, que nul ne semble remarquer, gît sous le canapé (Décor Sophie Jacobs). Lunule, très cuistre, commente sérieusement. Deboulette est fasciné par l’actrice qui joue Cynthia et a oublié qu’il est venu pour celle qui joue Félicité.

WHAFF%20Photo%20Tous.jpgLe deuxième acte « a du mal à tenir ses promesses », mais l’inspecteur Whaff (Jean-Luc Revol) remarque enfin le cadavre, et pendant l’entr’acte du troisième acte, Deboulette passe sur scène, et devient Simon. Nous ne dévoilerons pas comment, toutes les conventions périclitant, Lunule se retrouve aussi sur scène, troquant le carnet du critique contre celui de l’inspecteur. Lunule et Deboulette vivent le rôle de leurs rêves… Mais pas pour très longtemps…

Les comédiens sont irréprochables et la malice de Jean-Luc Revol chatouille délicieusement les zygomatiques.

Pour compléter la fête, les auditeurs du Masque et la Plume auront droit à un jeu supplémentaire.

Qui se cache derrière les noms-valises de Ferson et de Leonardiliot ?

 

 

L’inspecteur Whaff

De Tom Stoppard

Texte français de Jean-Luc Revol

depuis le 27 janvier

Théâtre Tristan Bernard

01 45 22 08 40

 

19:38 Écrit par Dadumas dans Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : théâtre, revol, stoppard |  Facebook | |  Imprimer

26/01/2009

Pour une nuit ou pour la vie ?

 Au théâtre, vous le savez, « tous les genres sont bons sauf le genre ennuyeux. » Pour ceux que les drames sanglants rebutent, et qui souhaitent se distraire en rencontrant des personnages à qui ils ressemblent ou à qui leurs ami(e)s ressemblent, "y’a c’qui faut en magasin"…

J’me sens pas belle fut d’abord un de ces films sur lesquels les distributeurs ne misent pas et qui font un succès populaire. Le réalisateur, auteur du scénario, Bernard Jeanjean l’avait écrit avec « sa muse » : Martine Fontaine. Comme les protagonistes sont deux, il était aisé de le transposer pour la scène, dans un lieu unique.

pas(2)belleavecMartineFontaineetYvonMartin-©FrançoisVila.JPG

C’est fait. La mise en scène est signée Jade Duviquet, et Yvon Martin (Paul) donne la réplique à la muse, Fanny (Martine Fontaine). C’est l’histoire d’un amour naissant qui balbutie un peu, quand on ne sait pas si ce sera du genre « brève rencontre », ou « grande aventure », pour une nuit ou pour la vie.

Fanny n’est pas sûre d’elle, elle ment. Paul ne comprend pas quel jeu elle joue.

Le décor réaliste de Dorota Kleszcz. ne cache aucune des trivialités quotidiennes. Et pourtant, ils nous attendrissent avec leurs petites cachotteries, leurs petits artifices et leurs gros chagrins.

pas(5)belleavecMartineFontaineetYvonMartin-©FrançoisVila.JPGIls se dévoilent peu à peu. L’un danse, l’autre écrit de très jolies chansons. Et le spectacle est charmant.

Alors, on leur souhaite d’être heureux longtemps et d’avoir beaucoup de spectateurs…

 

 

J’me sens pas belle

de Bernard Jeanjean

Manufacture des Abbesses

01 42 33 42 03

Du jeudi au samedi à 21 h, dimanche à 17 h

photos :  François Vila

17:55 Écrit par Dadumas dans Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : théâtre |  Facebook | |  Imprimer

Une famille impossible

Cécilie (Isabelle Carré) est infirmière dans le service du docteur Henrik (Éric Berger) à l’hôpital. Elle est aussi sa maîtresse. Le docteur Henrik est marié et Cécilie pleure de solitude le soir.

Sylvia (Hélène Viaux) est aussi célibataire, mais elle a un enfant de huit ans, Jim (Micha Lescot) qu’elle amène à la consultation. Elle a aussi un père abusif (Jean-Yves Chatelais). Mais pourquoi prétend-elle qu’il est décédé ? Le temps de prévenir le service de protection de l’enfance, d’apprendre qu’Henrik est le suborneur de Sylvia, et le grand-père casse la figure du médecin, puis tout se déglingue dans le blanc service hospitalier.

Ce pourrait être un vaudeville, et c’est un drame sanglant. Le décor de Patrick Dutertre est ravagé, l’infirmière transpercée d’un coup de couteau, le grand-père assassiné, la mère poignardée. Jim a exterminé sa famille et encourage tous les enfants à agir de même.

La faute à qui ? Au « sale gosse », « un garçon impossible », mal aimé, trop vite grandi, qui juge les adultes coupables de son mal être. Qui est le véritable monstre, Jim ou le grand-père ? Et Henrik, n’est-il pas aussi responsable ? Et si c'était la famille, qui était « impossible », ?

L’audace d'Un garçon impossible la pièce de Petter R. Rosenlud* est de revendiquer « l’étoffe de nos cauchemars » comme le tissu existentiel de ses personnages. Jean-Michel Ribes en montre l’humour noir, en donnant aux comédiens un rythme soutenu. La violence jaillit de la sarabande des personnages, véritables marionnettes animées par des mœurs hypocrites. Les comédiens sont tous excellents.

Jean-Michel Ribes, renommé pour son génie comique, prouve qu’il maîtrise aussi le sens du tragique.

 

 

 

 

 

Un garçon impossible de Petter S. Rosenlud,

texte français de Terje Sinding

Théâtre du Rond-Point

 

01 44 95 98 21

* première création en France, en novembre 2006, à l’Étoile du Nord, par Richard Leteurtre

 

 

 

 

11:14 Écrit par Dadumas dans Théâtre | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : théâtre, ribes, rosenlud |  Facebook | |  Imprimer