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21/05/2007

Une centenaire en pleine forme

 

 

 

 

 

La FNCTA (Fédération Nationale des Compagnies de Théâtre et d’Animation) a cent ans cette année.

 

Depuis 1907, un réseau de plus en plus actif maille le territoire. Troupe pacifique, mais troupe d’élites, elle est de tous les assauts contre la bêtise, le sectarisme, l’indifférence.

 

Pendant les congés de l’Ascension, les grands manœuvres de la région Rhône-Alpes se déroulent traditionnellement à Châtillon-sur-Chalaronne, un des plus beaux villages fleuris de notre hexagone bien aimé. (Je dis un des premiers, et non pas le premier pour n’avoir aucune réclamation des autres villages de France et de Navarre dont la réputation est internationale !)

 

Pendant quatre jours, à Châtillon-sur-Chalaronne, des mordus de la scène organisent des rencontres entre compagnies, auteurs  et spectateurs. Car la spécialité locale, et, pour la 21e édition, c’est le spectacle vivant. Pas étonnant que les échanges soient quelquefois très vifs. Et que les enthousiasmes apaisent les maladresses.

Autre spécialité locale (outre le poulet de Bresse), la création (en 1998), de l’Académie internationale  des auteurs : Jean-Paul Alègre, Claude Broussouloux, Denise Chalem, Louise Doutreligne, Jean-Claude Grumberg, Victor Haïm, Israël Horovitz, Jean Larriaga, Robert Poudérou, Anca Visdéi, tous auteurs de bonne compagnie. Ceux qui étaient présents ont depuis toutes ces années tissé de vrais liens d’amitié avec les compagnies amateurs.

 

 Amateurs ? Pas tant que ça ! Il faut voir avec quel soin ils préparent leurs représentations et comment ils respectent les textes et acceptent les conseils ! Certains professionnels sont quelquefois moins scrupuleux.

 

Il n’est pas d’usage de nommer les acteurs amateurs mais félicitons les équipes : le TQS, Terre de Scène, le Théâtre de l’Escarpin, l’ATC, et le Théâtre du Torrent, a région Rhône-Alpes et le village de Châtillon-sur-Chalaronne pour cette grand fête de l’amitié.

 

10:19 Écrit par Dadumas dans Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Théâtre |  Facebook | |  Imprimer

17/05/2007

Un parapluie-chapiteau

Le rideau de soie grise s’envole et  l’étoffe de nos songes s'éveille. Un étrange carrosse aux dorures baroques s’avance, mu par une créature singulière qui chante du Vivaldi (Maria Sendow) et, au centre du plateau se balance un écheveau de cordes animées comme les tentacules d’une gigantesque pieuvre. Des cordes ? Mais alors le mot fatal serait autorisé sur une scène de théâtre ? Le mot y est proscrit, pas la chose, et nous ne pouvons appeler « ficelles » ces longs et lourds serpents qui ébranlent la réalité comme celle « invisible et sacrée » que Claudel appelait Providence et les Grecs « destin ».

James Thiérrée qui transgresse allégrement le réel peut bien aussi lever les tabous du vocabulaire !

L’homme qui se hisse hors du monceau de cordes, c’est lui. Il n’a plus de voix, et pourtant, il clame son inquiétude : un violon lui prête ses sonorités déchirantes. Il brandit une photo. Il mime. On le comprend. Il cherche sa femme et sa fille (Kaori Ito et Satchie Noro). Les spectateurs les voient apparaître, disparaître, taches rouges et légères sur un fond noir. Mais lui, ne les voit pas. Les battements excessifs de son cœur assaillent le corps entier. Car c’est ainsi dans l’univers que crée James Thierrée. Il montre les angoisses de l’homme aux prises avec un corps qui ne lui obéit plus, des objets qui résistent, des accessoires qui s’anéantissent, un ami (Magnus Jakobsson) qui vous lâche et vous agresse, des femmes aimées qui s’affranchissent, une autre qui provoque, et des éléments qui ne se soumettent plus au réel. Face à ce chaos, l’homme seul, terrifié, incrédule, tente de résister, de survivre et même d’imposer sa volonté. Il succombe mais essaye encore, et, Sisyphe éternel revient toujours. Les spectateurs se reconnaissent en lui et rient... comme leurs parents riaient en regardant Charlot.

Tout s’enchaîne dans une déambulation onirique et le public sous hypnose accepte les machines incongrues, les crochets gigantesques, les boîtes crâniennes qu’on dépoussière, les coquillages géants habités par des bernard-l’hermite audacieux, les bouleaux baladeurs, les insectes phénoménaux, les vagues de velours. Les lumières de Jérôme Sabre suivent le héros de la chambre au salon et de la rue à la rizière.

Disparues les contraintes de la scène ! Venu du cirque avec ses compagnons, James Thierrée défie la pesanteur et brave la logique, mêlant danse, pantomime et acrobatie. Après un duel épique où l’offensé choisit la paille de riz pour arme, un ballet de gerbes agitées par les protagonistes engendre une danse acrobatique sur un manège extravagant et s’achève par un concert d’instruments hétéroclites… Puis la soie noire d’un gigantesque parapluie se tend sur des baleines improbables, le chapiteau du cirque se dresse pour un peuple d'enfants éblouis. Alors la joueuse de volant frappe de sa raquette une balle emplumée et provoque en retour une grêle en retour de blancs bouquets de ces jouets surannés et charmants. Et c'est fini... Déjà !

Dur d’atterrir dans le quotidien après ce merveilleux voyage en Poésie.    

 

Au revoir parapluie

James Thierrée

Théâtre de la Ville

du 16 au 30 mai

location  01 42 74 22 77 (mais c'est complet)

 

22:00 Écrit par Dadumas dans Théâtre | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Théâtre, danse, cirque |  Facebook | |  Imprimer

14/05/2007

Au revoir

Ce matin, nous nous sommes réunis pour dire adieu à Emmanuelle Marie : une comédienne éblouissante dans Cut, une auteure d’une rare maîtrise dans Blanc où elle liait  subtilement la finesse d’écriture aux brutalités de la vie. Elle vivait avec générosité, avec enthousiasme, soucieuse des autres d’abord. Et pourtant, elle cultivait l’insolence et l'extravagance. Elle savait que la vie était trop courte pour l’empaqueter de fausses pudeurs et d’hypocrisie.

Je me rappelle le regard émerveillé de son petit garçon, Félix, qui l’applaudissait le soir de la première de Cut que son compagnon, Jacques Descorde avait mis en scène. Elle avait aussi une petite fille, Lola, ange blond qui lui insufflait tant de forces pour combattre la maladie. Nous étions nombreux pour qu’ils ne se sentent pas seuls dans le chagrin. Et le violoncelle pleurait, comme dans Blanc.

Elle avait quarante-deux ans. Pourquoi cette injustice ?

Sa pièce, Blanc, vient d’être nommée aux Molières, et peut-être, ce soir y sera-t-elle couronnée. Alors, à toi Emmanuelle, qui croyais au ciel, permets-moi de te dire, comme l’Aînée de Blanc : « Je ne t’ai pas oubliée jamais. »

15:00 Écrit par Dadumas dans Littérature | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Théâtre, littérature |  Facebook | |  Imprimer